2ème partie.
On distingue généralement quatre grandes opérations de sciage dans le cadre du travail du scieur de long. Cette fois, nous traiterons, du tronçonnage et de l’équarrissage.
Le tronçonnage est la première. Ainsi, si le tronc est long, il doit être scié en billes ou tronçons. Qu’il soit court ou long, le tronc doit être scié transversalement afin d’obtenir deux plans verticaux à chaque extrémité du tronçon. Ce travail est effectué à l’aide d’une scie horizontale1. Parfois, un tronc d’arbre pouvait atteindre 10 mètres de long! Généralement, il possède au moins 60 cm de circonférence. Quand les troncs sont inférieurs à 60 cm, ils sont classés comme bois de mine. Les autres sont des bois de sciage.
Le nettoyage du tronc. C’est dans la même position qu’il sera placé sur le hourd pour être scié. Les deux fazès hatches sont visibles. Archive M.V.W. 35661
Long. 65cm P «
Le tronçonnage terminé, les scieurs entament l’opération d’équarrissage. Equarrir consiste à opérer une taille grossière sur le tronc découpé destiné à lui donner des formes se rapprochant de celles d’un parallélépipède à section carrée ou rectangulaire. L’équarrissage se fait au besoin après que la partie saillante des noeuds pouvant déparer le tronc a été enlevée à la cognée ou hache.
Lisons l’ethnographe Elisée Legros: « les équarrisseurs (…) posent le tronçon de manière telle qu’on puisse scier le plus de planches possible. Pour cela, si le tronc n’est pas absolument droit, il faut que la partie bombée soit en haut, de façon que les côtés du tronc apparaissent comme formant des droites et non des courbes aux yeux du scieur qui s’est placé dans l’axe du tronc; ainsi on pourra scier le plus grand nombre de planches possible sur toute la longueur de l’arbre.(…) L’un des scieurs manie et lève le tronçon (…) soit à la main, soit en se servant d’un levier en bois (…) si le tronc est trop pesant à soutenir; l’autre, se tenant dans l’axe du tronc, juge du moment où l’arbre est « sur sa voie droite », (…) Manier ainsi le tronçon s’appelle « tourner le bois sur les cales ».(…) Ensuite, les scieurs prennent leur hache à équarrir(…). Ils commencent par niveler avec elle un des flancs du tronc en deux endroits, près de chaque « ablo » (=cale), pour que les surfaces nivelées puissent servir d’assises au tronc. (…) Les assises faites et l’arbre calé (…), on équarrit (…) le tronçon de chaque côté, à droite et à gauche, avec la hache à équarrir.(…) Il n’est pas nécessaire d’obtenir, en équarrissant, une surface absolument plane; on suit la courbe du bois, en aplanissant juste assez pour permettre un marquage visible et pour permettre également, d’un côté, le déplacement du scieur sur le tronc, de l’autre, la pose stable du tronc sur le hourd; s’il subsiste des bosses ou des restes gênants de noeuds, on les réduit au préalable à la hache à équarrir (au besoin à la cognée encore); de toute façon, on enlève le moins de bois possible pour perdre le minimum de marchandise.(…) Les côtés une fois équarris, on fait faire de nouveau au tronc un quart de tour sur lui-même; il repose ainsi sur une des faces équarries. Le plan supérieur est alors complètement nettoyé; on enlève ce qui peut rester de l’écorce, ainsi que les parties trop foncées où la marque n’apparaîtrait pas suffisamment; c’est peler (ou écorcer) et nettoyer le bois (…) ou encore le laver ».
Dans la troisième partie de cet article consacré aux scieurs de long, nous décortiquerons, comment les scieurs écorcent leurs arbres, la phase du marquage. Elle comporte la préparation, le marquage du premier trait horizontal et le marquage proprement dit. Cette étape précède la pose du tronc sur le hourd.
Alain-Gérard KRUPA.
1 « Cette scie horizontale (appelée en France « passe-partout » doit être maniée par les deux scieurs. Elle mesure environ 1m50 et est munie de deux poignées verticales. On lui donne de la voie avec un tourne-à-gauche, « hêyeû », le même qu’on emploie pour la scie de long. On la lime différemment pour le bois tendre et le bois dur, comme la scie de long. On ne la graisse pas. »