1371. Visite de l’Archéoforum.

G. Dumoulin

Mémoire de Neupré organisait, le 6 mars dernier, avec un beau succès de participation, la visite de l’Archéoforum de la Place St. Lambert à Liège.

Si l’aménagement de la Place St. Lambert, tel que nous pouvons l’apprécier aujourd’hui, a fait couler beaucoup d’encre ces vingt cinq dernières années, les grands travaux entrepris ont cependant permis aux archéologues de fouiller – avec combien d’embûches mais de persévérance – le sous-sol de ce centre de la vie liégeoise.

Les aînés se souviennent encore de l’ancienne place et du petit musée aménagé en début du XXe siècle. Il permettait, en descendant quelques marches au centre de la place, de découvrir les vestiges d’un ensemble architectural «à la romaine » du Ier ou IIe siècle de notre ère: l’hypocauste.

Mais ceci est encore bien proche de nous, en regard de ce que les archéologues devaient mettre à jour au cours de ces dernières décennies.

Des outils en silex retrouvés aux alentours de la cité actuelle, témoignent déjà d’une présence humaine remontant à plus ou moins 100.000 à 50.000 av. JC.


Chapiteau de colonne en grès sculpté, fin du XIIe siècle. Doc MRW-DPAT/Ph Géron.
Tête de femme – style gothique – Moyen Age

C’est toute l’Histoire des millénaires, que retrace l’Archéoforum, aboutissement de fouilles sur 75% de sa superficie actuelle. Certains vestiges ont été enlevés, sauvegardés et protégés. Ils ont ensuite été replacés dans leurs sites d’origine. Une dalle de béton aux multiples utilités urbaines recouvre aujourd’hui l’ensemble des fouilles.

La conception particulièrement attrayante de l’Archéoforum nous invite au cheminement au travers des siècles, des millénaires, des civilisations…

Le centre d’accueil est habilement dissimulé au centre de la place et garde toute l’élégance de celle-ci. De nombreux ouvrages, objets, documents, copies d’ustensiles et outils des premiers âges constituent une parfaite introduction au parcours archéologique. Dans une vaste salle au design subtilement éclairé, un plan général du site situe les vestiges dans la configuration contemporaine ainsi que dans leur époque respective.

En groupe, (il s’agit toujours de visites guidées), on traverse ensuite, en surface, la place St Lambert vers l’îlot «Tivoli » où, par un imposant escalier, commence la descente en sous-sol.

Un long couloir, fait de modernité et de clairs-obscurs, traverse alors 7000ans d’Histoire.

Divers petits objets, témoignages primitifs, jalonnent la descente souterraine, tandis qu’un bruitage discret mais suggestif contribue à l’étrangeté de l’ambiance.

Commence, ensuite, le cheminement au travers des restes des édifications successives.

L’époque romaine et les fondations d’une « villa », dont la vocation réelle n’est pas certaine et pouvait être celle d’une exploitation rurale ou un lieu de relais au carrefour des voies qui transitaient par la vallée de la Meuse. L’hypocauste, ingénieux système de chauffage sous le sol, et découvert en 1907 lors de premières fouilles, a pu être conservé en excellent état.

Fin du VIIe siècle, le site est doté d’une demeure imposante, résidence de Lambert, évêque de Tongres-Maastricht, assassiné vers l’an 700.

A l’endroit de sa mort, son successeur, Hubert, construit un « martyrium », qui deviendra lieu de pèlerinage, qui suscitera l’important développement de la cité.

Au début du IXe siècle, l’édifice est agrandi et devient la résidence principale des évêques de Tongres-Maastricht, et la première cathédrale construite à l’emplacement des anciens bâtiments romains.

Les vestiges des constructions successives, font revivre au visiteur, plus de mille ans d’Histoire.

On découvre, dans l’enchevêtrement des vestiges parfaitement mis en valeur, les restes d’imposantes fondations, colonnes et chapiteaux romans. L’hypocauste de l’époque romaine, la crypte où l’évêque Lambert fut assassiné, et qui marque la partie occidentale de la cathédrale bâtie par Notger.

Cheminée de style renaissance – Vue intérieur de l’Arhéoforum. MRW-DPAT/Ph Géron

Enfin, l’emplacement des fondations monumentales de la dernière cathédrale gothique (XIIIe au XVe S.) détruite en 1793 par les révolutionnaires liégeois.

La cathédrale, détruite en 1793

Signalons encore l’ambiance musicale qui donne une dimension supplémentaire à l’ensemble.

La visite de ce site remarquable : préhistorique, néolithique, romain, roman et enfin gothique, se termine par la projection d’une vidéo emportant le spectateur dans sa réflexion : évocation du passé, du présent et de l’avenir.

Un site qui permet de découvrir le passé d’une grande cité, où demeure ancrée sa culture profonde.

Crédit photographique : Archéoforum de Liège – Institut du patrimoine Wallon

Texte inspiré de « l’Archéoforum » – Liège –« Une plongée dans 9000 ans d’histoire »