1409. Souvenir d’un vrai galopant liégeois.

Il y a quelque temps Jeannine Piron nous communiquait quelques photos d’un manège de foire photographié dans les années 70 à l’entrée du « Chemin Madame ».

Il s’agissait d’un manège appartenant à Monsieur et Madame Maguet. Nous avons eu l’occasion de rencontrer Renée, la fille de ce couple de forains. Elle nous a aimablement prêté les photos qui illustrent cet article et nous a permis de photographier le magnifique cheval de bois, ultime souvenir du galopant qui a été la fierté de son propriétaire.

Le carrousel à Neuville en Condroz vers 1970 –Photo J. Piron

Lors de l’entrevue, Renée Maguet nous a confirmé les informations contenues dans l’article que vous lirez ci-dessous.

Son papa René Maguet, fils de forain, est né en 1894 et décédé en 1971. Il a épousé Yvonne Wergifosse qui abandonna son métier d’employée pour suivre son mari sur les champs de foire.

Chaque année à la fin de la saison, le matériel était remisé à Marchin. Durant la saison d’hiver, René Maguet, outre la révision du matériel, s’occupait à d’autres activités. Il a installé son carrousel dans de nombreuses régions du Condroz, Huy, Villers, Modave, Anthisnes, Amay, Ouffet, … Il ne s’est installé qu’une seule fois à Liège. Au-delà de l’aspect économique (voir article ci-dessous), il trouvait l’ambiance moins sympathique.

Le manège à Neuville en Condroz – En arrière plan le château.
Le mariage de Mr et Mme Maguet – Les témoins à droite Mr Bairolle, à gauche Mr Plouette
Doc. Renée Maguet.

En 1964-65, ils ont définitivement arrêté le voyage et ils ont installé leur manège dans le parc du château de Neuville, alors propriété de Monsieur Jacquemotte.

Renée avait 15 ans à cette époque. Le carrousel a ensuite été installé au coin du « Chemin Madame » avant d’être vendu à Zolder.

Le galopant de Mr Maguet. Doc Renée Maguet

Article, signé G.Y.L. paru dans le Journal la Meuse (vers 1980).

Les galopants ont toujours la cote et provoquent encore une certaine nostalgie. Pas ceux que l’on peut voir aujourd’hui sur la foire de Liège et que l’on appelle «ascenseur». Parce que les chevaux ne font que monter et descendre le long d’une barre fixe. Mais bien les «vrais» galopants mus par un mécanisme provoquant un effet de balancement avant arrière. Ceux-là, on ne les trouve hélas plus en Belgique. L’un le «Bairolle» du nom de son constructeur liégeois, fait les beaux jours d’un parc d’attraction à Montréal (Québec) après un séjour aux U.S.A. L’autre, se trouve en région parisienne mais il est un peu belge aussi celui-là.

Une de nos lectrices. Mme Yvonne Wergifosse (80), de Neuville-en-Condroz abandonna la comptabilité à la F.N. où elle travaillait pour suivre son mari forain pendant plus de trente ans, nous a expliqué photos à l’appui:

«Le vrai galopant, celui qui fonctionnait à vapeur, et le seul qui tournait dans le même sens que le soleil, c’était celui de mon mari René Maguet. A l’époque, il n’y avait pas de groupe électrogène. On utilisait une «routière», espèce de machine à vapeur fonctionnant au charbon qui remorquait le carrousel».

La fameuse routière devait d’ailleurs rendre d’autres services. C’est ainsi que lors des inondations du 1er janvier 1926, M. Maguet l’utilisa pour venir en aide et tracter un bateau en rupture d’amarres sur la Meuse à Huy. Des enfants furent sauvés en cette occasion, ce qui valut au forain une lettre de reconnaissance de la Ville de Huy.

La fameuse routière

Les Liégeois n’ont jamais vu votre galopant?

«Non, pas sur la foire d’octobre en tous cas. A cette époque le contrat prévoyait de faire tourner le manège durant tout le mois. Comme il y avait des jours creux, cela coûtait trop cher en charbon pour mettre la machine à vapeur en route pour quelques clients. Alors on faisait plutôt des foires courtes dans le Condroz, à Ciney, à Waremme et on finissait toujours à Marchin où nous rangions le matériel fin septembre. L’hiver, pour joindre les deux bouts, on faisait du cinéma ambulant ».

Qu’est devenu votre galopant?

« Les chevaux ont été vendus à la pièce et la corniche sculptée du manège a été rachetée à vil prix par le propriétaire du galopant actuellement à Paris. Et hors de deux manèges qui ne fonctionnaient plus, on en a refait un marchant à l’électricité. Puis c’était trop gros pour nous. Et nous avons terminé carrière dans les années 1950 avec un petit carrousel à vélos».

Il ne reste qu’un magnifique cheval de bois…

Voilà pourquoi vous ne vous extasierez sans doute plus jamais devant les «vrais» galopants à Liège ni ailleurs. De l’ancien manège de rêve de M. Maguet, il ne reste à Neuville-en-Condroz qu’un magnifique cheval de bois sculpté d’une seule pièce que la fille de Mme Wergifosse garde en souvenir. Elle ne le vendra probablement jamais, à moins qu’un émir s’intéresse soudain davantage aux chevaux de bois qu’aux pur-sang. Allez savoir!

G.Y.L.

Neuville en Condroz – La fin du manège – Photo J. Piron