0990. Si la « bête » se manifeste, attention à vos pensées !

Daniel Van Alken

Les derniers jours du mois de mai 2001 étaient bien ensoleillés et comme beaucoup d’habitants, je suis allé me promener dans les bois de Plainevaux. Je dois avouer que je n’ai pas l’habitude de suivre les chemins et que je marche souvent « à travers bois ! »

Il paraît que maintenant c’est interdit mais, que voulez-vous, les anciennes habitudes restent…

Bref, par deux fois, à quelques jours d’intervalle, sous les futaies maintenant en feuillées, j’ai aperçu une « bête » ou plus précisément une ombre se dérobant silencieusement à ma vue. J’étais très intrigué car ayant l’habitude de la faune locale les caractéristiques et le comportement de la forme vaguement remarquée ne correspondaient pas aux habitudes. Ce n’était pas un renard, c’était plus grand et l’ombre n’avait pas de queue visible. Ce n’était pas un sanglier car le plus souvent, quand il est surpris, il fonce bruyamment droit devant lui ! (j’ai bien précisé le plus souvent car une fois et cela date d’une quinzaine d’années, sur le sommet de la Heid de Rosière, j’ai surpris trois sangliers en repos dont deux se sont sauvés et le troisième m’a fait face, menaçant, à une distance de deux mètres ! Pendant que les battements de mon cœur s’accéléraient, l’animal était là, grognant, balançant la tête de gauche à droite en fouillant nerveusement le sol de ses défenses. N’ayant aucun moyen de repli, je suis resté figé sur place ! L’affrontement a duré quelques dizaines de longues secondes avant que ce sanglier ne se retourne et quitte lentement le lieu !)

Ce n’était pas un chevreuil, bien que la forme générale aperçue soit plus proche… Un chevreuil surpris quitte sa cache en faisant des bonds et des cabrioles en « zigzag » alors que l’animal dont il est question se dérobait en ligne droite en « trottinant » silencieusement!

J’avais bien tenté de trouver des traces au sol qui m’auraient au moins orienté dans mes déductions mais avec les feuilles sèches jonchant la forêt c’était « mission impossible .»

Quelques jours se passent et j’oublie cette mystérieuse rencontre.

La semaine suivante, au début du mois de juin, revenant en voiture de Seraing, j’arrive au tournant de la Grand-Route pour monter la rue Croisette en négociant largement ce coude dangereux quand, devant ma voiture, à 10 m, une « bête » montait tranquillement la rue…

Un petit coup d’œil à l’horloge de l’auto : midi !

Devant l’œil médusé d’une habitante du bas de la rue Croisette, la « bête » continuait son chemin, bien à gauche de la chaussée, longeant le bois de Braconier…

Toujours en voiture, j’ai suivi pas à pas l’animal en me demandant ce que c’était car je ne le voyait que de dos : un pelage gris fauve, un peu plus grand qu’un chevreuil et ce que je pouvais apercevoir de la tête semblait massif !

N’y tenant plus, doucement, j’accélère afin de dépasser lentement cette forme curieuse… Franchement, je dois avouer que j’ai été étonné, c’était un magnifique mouflon male !

Continuant, ma lente ascension de la rue, je me gare à la hauteur de la maison de Monsieur Decarme, j’empoigne nerveusement un appareil photo jetable, qui est toujours dans ma voiture, afin d’immortaliser l’instant. J’attendais que l’animal soit à ma hauteur uniquement séparé par la largeur de la rue pour « lui faire sa photo », quand, toujours de son pas tranquille, il est entré dans le bois par la trouée où Monsieur Decarme a un tas de bois. Le temps de rejoindre mon véhicule pour verrouiller les portières, je me suis glissé dans le bois à la suite du mouflon… il s’est retourné, comme pour me narguer, me laissant voir ses cornes magnifiques s’enroulant autour des oreilles, et une fois de plus, calmement, il a disparu en trottinant ! (frustré l’auteur !)

Rentré à mon domicile, encore sous le coup de la surprise, je téléphone au bureau de police de Neupré pour « prévenir qu’un mouflon ou du moins un animal qui y ressemble drôlement est dans le bois et que certainement, il s’est sauvé d’un enclos. Le propriétaire est peut-être à sa recherche ! » Le message est reçu par une opératrice qui ne manifeste aucune curiosité…(Doublement frustré l’auteur !)

Une heure plus tard, on sonne à la porte ; c’était Monsieur Fourneau, le garde des Eaux et Forêts… En quelques mots, il m’apprend qu’en effet, il s’agit bien de mouflons !

Ils sont dans les environs depuis plusieurs mois, un male et quelques femelles (2 ou 3). Plusieurs habitants les ont aperçu au carrefour de Plainevaux et dans la zone de Strivay, principalement aux abords de la ferme Thomas !

Le « téléphone arabe » fonctionnant dans la rue Croisette, j’apprends que Madame Daco a vu le « bélier » venir brouter quelques dizaines de pensées dans les parterres devant son habitation… Attention, l’animal aime ces fleurs car le lendemain, il est venu terminer son repas et les bordures !

La Maison Materne en face de la rue Croisette

On suppose qu’ils proviennent de Seraing où depuis de nombreuses années, il y a une réserve de chasse privée, contenant des mouflons, le long du ruisseau de Villencourt!

Tous les avis et les témoignages sont unanimes, ces animaux sont très calmes, pas très farouches, discrets mais… méfiance Mesdames, le plus encorné est loisible de se délecter de vos plus belles… pensées!!