0918. Un « compte » durant lequel il valait mieux ne pas « dormir debout ».

Un « compte » durant lequel il valait mieux ne pas « dormir debout ».
Ou L’art de régler ses comptes en 1794.


Van Alken Daniel

La fin du dix-huitième siècle (que l’on appellera le siècle des lumières), est fortement perturbée dans nos régions car depuis la révolution française de 1789, le climat social se dégrade dans la principauté de Liège.
Le 27 septembre 1790 des éléments de l’armée prussienne livrent des combats sur la Tesnière (Plainevaux), le corps des paysans campe à Rotheux…

La cathédrale Saint Lambert est pillée et incendiée…
La démolition systématique débute en 1793 et sera terminée en …1829 !
Le comte de Méan vient d’être installé comme Prince Evêque le 8 juillet 1793, il y restera un an car après Fleurus, il quittera la ville le 26 juillet 1794.
Bref une période trouble, touchant aussi les zones rurales, qui malheureusement allait encore durer.


. Dans nos campagnes, la vie continue et j:Joseph, qui doit certainement être un brave et honnête gaillard de chez nous, profite du froid de janvier pour faire ses comptes en détail !!
Pour votre facilité, je vous ai recopié le document en respectant l’orthographe et la syntaxe d’époque afin d’en garder la saveur.

Dans les bois de Plainevaux-Les Chartreux

Dans les bois de Plainevaux-Les Chartreux

« L’an 1794 du mois de janvier »

êtats de cest que le sieur beaudrihaie mas mis dans les main pour paié la belle aux personnes qui luy on vendu donc les bois de plennevaux au prix de quinze florins par sant.
Vingt deux couronne que vous mavez donnez de votre main et quarante florins brabans et de votre beaupère qui â la première fois mas donnez dix couronnes de France et deux a une autre fois sa fait douze enttre lesquelle il sy trouve trois de la reinne et la dernière fois que vous âvez venu chez moy vous mavez mis ancore vingt huit couronne de France anmain pour pour paié â conte jusqua un conte finalle Vous mavez donné âconte Deux sant et nonante quatre florins et trois sous lesquel jay paié vingt cinq sant et vingt quatre cest qui fait la somme de nonante quatre écu ainsi âprès voir contez et decontez tous les âconte que vous mavez mis dans la main pour paiez au personne qui vous on vandu les belle je leurs â paiez à chaqun le prix que vous les âvez âchetez vous meme à plusieur de la communautez â quinze florins le sant ainsi il mest revien ancore quatre vingt et un florins et dix sept sous

Signé : j:joseph!! …lecomte !!

Commentaires 

Malheureusement, malgré certaines recherches, plusieurs points sont, jusqu’à présent, restés sans réponse.
Que signifiait à l’époque l’expression « payer la belle » lors d’une location, coupe ou achat de bois ?
Qui étaient ces deux personnages qui n’apparaissent pas du tout, entre 1760 et 1810, sur les registres de la communauté de Plainevaux ?
Le commanditaire, le sieur beaudrihaie, devait certainement habiter dans une commune proche… quant à j:joseph leconte, peut-être y a t-il une trace de la famille à la Neuville ?
Monsieur Dessente m’a fait parvenir un extrait d’un registre (1637 à 1654) qui fait état des comptes du curé de la chapelle de Neuville.


Folio 38:
« recu de jean le Compt encore deux patars sur le vin de la pentecoste reste six patars a payer ce 23 d’aprille et n at point payé pour l an 1647″…

Bref, un conte « de comptes » pour lequel, moi non plus, je ne sais pas tout vous…conter!