0813. L’Enseignement à Neuville-en-Condroz

Par Joseph FILEE

Entre-temps, l’Inspecteur des écoles a rédigé un rapport mettant en évidence les défauts de la classe et il suggère la construction d’une nouveau local « plus spacieux, mieux éclairé par de grandes fenêtres, possédant un vaste corridor pour y déposer les vêtements humides« , bref toute une série d’arguments. Ceux-ci n’impressionnent nullement nos édiles communaux qui n’hésitent pas à rejeter ces propositions en sa séance du 01.11.1906 expliquant que:

1) « depuis que l’école des garçons existe, jamais il n’y a eu de maladie.
2)Les habitants ne se plaignent pas du bâtiment actuel …
3) La population scolaire n’est pas actuellement si nombreuse qu’elle l’était anciennement et alors les deux sexes étaient réunis dans le local dont il s’agit…« . De fait, il n’y a « que » 38 garçons et 30 filles sur la liste d’inscription des élèves pour l’année 1906/1907 que se partagent Mr Regnier et Mlle Cornet.

Mais en fin de compte, l’autorité supérieure menaçant de couper les subsides à la commune, celle-ci s’incline et la construction de la grande classe actuelle est réalisée le 17.10.1908. Cet inspecteur apparemment jamais satisfait, propose peu de temps après, de faire remplacer le vieux tableau en bois par un magnifique tableau en schiste, proposition qui est aussitôt … rejetée par le Conseil: « le tableau actuel est en très bon état et un coup de peinture lui permettra de rendre encore de nombreux services« . En effet 50 ans plus tard il était toujours là! Après tout, ce n’est pas toujours le même qui doit avoir raison!.

Autre aménagement demandé par l’instituteur: le déplacement de la barrière séparant son entrée de l’entrée du public et des élèves; en effet, l’instituteur ayant des enfants en bas âge craint qu’on ne laisse cette barrière ouverte sur la grande route: accordé; c’était 15 ans plus tard, l’incident de 1906 avait été oublié et la municipalité avait changé de têtes.

C’est après la guerre, la dernière, que les déménagements et les aménagements dans les deux écoles vont se succéder de plus en plus souvent. En 1955, l’instituteur en chef accepte de quitter le bâtiment, attendu qu’à cette époque l’administration n’est plus tenue de loger le directeur d’école: les locaux sont aussitôt transformés pour accueillir le personnel de la police et pour offrir un bureau indépendant de la salle de mariage pour le secrétaire communal.

Le nombre de déménagements successifs effectués dans ces locaux est tel qu’il me semble fastidieux de les énumérer tous.

Je me contenterai de vous signaler les travaux les plus importants et réalisés depuis peu à savoir l’allongement par l’arrière du bâtiment de l’instituteur et l’agrandissement de l’école des filles sur l’emplacement du préau, réalisations très utiles l’une pour les enfants et l’autre pour la population de Neuville.

Et voila brossé en quelques pages ce que fut l’enseignement à Neuville. Le récit a été enrichi de quelques anecdotes extra territoriales mais véridiques pour vous faire toucher cette branche de la vie de jadis. Vous avez certainement d’autres souvenirs, contez-les nous, nous en rirons ensemble.

Liste des « maîtres d’école » de La Neuville.
1502 Messire Servage, recteur.
1524 Maître Malcors, Baulduin, recteur.
1585 Gilles Destrée, vicaire chapelain (parti pour Esneux).
1590 Révérend D’Orjo, recteur (chanoine de Ste Croix à Liège).
1723 Simon Jaspar, vicaire (pierre tombale dans le mur de l’église)
Révérend Sieur Winant Godinas (qui a mal tenu les registres).
Révérend Pierre Dossogne, recteur (grand bâtisseur qui fit construire le chœur de l’église et transformer la tour en habitation
Abbé Lacroix, son vicaire avec lequel il est en conflit pour une question de registres de fondations non transmis.
1765 Révérend Collignon, recteur (locataire de la tour pour 20 florins et chargé de tenir école).
Abbé Collin, son vicaire qui eut l’outrecuidance d’enterrer un corps dans le cimetière sans l’autorisation du Comte. ….
1810 Abbé Adam, premier curé en titre (maître d’école?). ….
18..-1855 Jean-Jacques Laboulle, instituteur unique.
1855-1892 Alphonse Regnier,seul enseignant jusqu’en 1874.
1874-1904 Mlle Delcommune institutrice à la création d’une classe pour filles.
1892-1920 Gustave Regnier,fils du précédent.
1904-1932 Elise Cornet, épouse Orban.
1920-1957 Joseph Filée, père.
1932-1957 Victoire Lesenfants, épouse Vanguestaine.
1953-1984 Joseph Filée, fils, à la création de l’école du Domaine.
1957-1977 Jean Streel.
1957-1964 Betsy Piret.
1977-1984 Joseph Filée,fils susnommé, à la fusion de toutes les écoles communales de l’entité.

FIN

Photo prise dans la cour de l’école des garçons dont l’instituteur était M Joseph Filée (père de « Jo »). Madame Vauguestaine était notre institutrice. On était en mai, il y avait du soleil, et je me souviens qu’il ne faisait pourtant pas chaud. Fières de notre robe tricolore et de nos drapeaux, nous ne disions rien.

Classe de 4ème année.

Au premier plan, de gauche à droite: Claudy Noiset, Monique Watelet, Maurice Leclercq, Paulette Gony.

Au second plan: Laurette Destockay, Marie-Claire Delrée, Nelly Thomas, Ghislaine Souris, Gaston Reynaerts, Jeanine Gérard, Claire Flohimont, Marthe Gillet, Jean-Marie Maréchal.

Le Mémorial Day

Léona Ledoux, Ghislaine Souris, Jeanine Carlier , Laurette Destckay, Maggy Verjans, Clairette Flohimont, Madame Vauguestaine.

Marie Gurnade, Maria Gillet, Juliette Thonet, Hélène Gurnade, Jeanine Gérard, Jeanine Nihar, Madame Vauguestaine.