1113. Les longues marches du « Messie de Plainevaux ! »

Daniel Van Alken

En me documentant, j’ai trouvé un article curieux du « Pourquoi pas ? » daté du 22 février 1935.
Le voici :

La mort d’un visionnaire

Léopold Eloy est mort récemment. Léopold Eloy de Plainevaur, fondateur de religion, dour messie illettré qui s’écriait << Je crois » sans ajouter de complément ! Léopold Eloy qui la nuit de la Saint-Nicolas circulait le soir en agitant la sonnette qu’il tenait à la main… Le dimanche, Eloy infatigable marcheur, assistait parfois à trois offices courant d’Esneux à Rotheux et de Rotheux à Plainevaux. L’illuminé prêchait la fraternité. Il se disait neutre, croyant et démocrate. Il avait des disciples : les Eloinistes et il leur communiquait ses vues sur le monde. On notait par exemple cette pensée centralisatrice du messie de Plainevaux « On fait de la bonne soupe à Bruxelles, c’est nous qui la payons… ! »

Et peut-être n’avait-il pas tort, l’apôtre !!

Ma curiosité était chatouillée car je ne me souviens pas d’avoir entendu parler de lui pendant ma jeunesse. J’ai donc glané quelques renseignements complémentaires.

Léopold Eloy habitait Plainevaux dans les dernières maisons à gauche en descendant la grand-route, il était marié (sa femme se prénommait Marie) et ils avaient deux fils. Léopold était plein de gentillesse, original dans ses propos et très apprécié des enfants du village.

De temps en temps, quand ses moyens le permettaient, il allait au petit magasin qui se trouvait près de l’actuelle ferme Dardenne et y achetait des sachets de chiques qu’il distribuait aussitôt aux enfants dans la cour de l’école toute proche.

Certaines et certains en ont gardé souvenance…!

Léopold Eloy habitait Plainevaux dans les dernières maisons à gauche en descendant la grand route.
Le long de la grand route à l’emplacement de la pharmacie actuelle, il y avait un arrêt de tram de la ligne vicinale Ougrée Warzée…

Vers 1930, Léopold Eloy se livrait encore à sa plaisanterie favorite.

Le long de la Grand-Route, à l’emplacement de la pharmacie actuelle, il y avait un arrêt de tram de la ligne vicinale Ougrée-Warzée.

Proche de l’endroit, la voie était doublée, permettant ainsi le croisement de deux convois et une voie de garage, avec souvent quelques wagons en attente, complétait l’ensemble.

Ce vicinal avait des motrices fonctionnant à la vapeur et pendant la guerre 1940-1945, elles ont été remplacées par un autorail à vapeur. Je peux encore préciser qu’il s’y trouvait aussi un réservoir surélevé permettant de faire l’apport en eau.

Léopold, I’oeil malicieux, attendait le tram venant de Warzée avec les voyageurs. Il laissait monter tout le monde en faisant des courbettes, le sourire aux lèvres. A l’ébranlement du convoi, dans une épaisse fumée noire, Léopold multipliait ostensiblement des signes d’adieu afin de bien se faire remarquer par tous et disparaissait…

A l’arrivée du inême tram, à Boncelles, Léopold attendait les voyageurs avec un sourire ironique et l’ail brillant…!

Léopold se vantait de cet exploit répété en assurant qu’il ne courait pas.

Sa réputation de grand marcheur vient peut-être de la que diable !