1133. Bois de Neuville

Par Messieurs HERRIN et GROSJEAN

Sommaire géographique

Ce secteur important, situé au sud-ouest de la forêt, couvre un grand plateau mais englobe aussi :

-vers l’ouest, les deux versants d’une vallée dans laquelle sinue le ruisseau de la Neuville (vers la fin, la seigneurie incluait une part du versant d’Ivoz) ;

-au nord, un versant du vallon étroit suivi par le rû du Chèrâ (ou rû d’Osny), au delà duquel s’étend le Bois de la Vecquée.

Les deux cours d’eau constituent, à peu de chose près, les frontières septentrionales. La route Rotheux/Seraing délimité le côté Est ; les quartiers résidentiels pris sur le bois, la fluctuante lisière Sud/Ouest.

Les régions accidentées s’accentuent évidemment vers les ruisseaux. Cependant, la couche limoneuse du plateau est creusée en certains points par des ruisselets. Ces sillons sinueux forment par endroit de petits ravins.

Actuellement, les bois sont privés à l’exception de quelques de quelques hectares au Sud du château.

Situation en 1777

Dans notre massif, la partie forestière de cette seigneurie doit comprendre un minimum de 550 Ha. Minimum car il est évident que le parc dit « Les Quarrés » prolongeant les couverts, n’a pas été repris dans cette ancienne évaluation. Il se situe derrière le jardin d’agrément joignant la façade sud du château, auquel le relie une longue allée bordée d’arbres.

La lande du « Trixhe des chiens » qui lui fait suite, n’a pas été reprise non plus.

  • Un des principaux chemins du domaine est la drève de l’hermitage (SS n°6 et 4). Comme aujourd’hui, elle part de l’allée du château non loin de celui-ci pour monter, encadrée d’arbres, vers le bois. A mi-côte, un passage vers la gauche permet l’accès à la fermeture Delhaisse, dite « Hermitage ». Peu après, un chemin de lisière s’embranche à droite (le long de l’Enclos aux épines- SS n°6). Quelques 250 m. encore et la drève, toujours rectiligne, pénètre en forêt pour aboutir à un important rond-point où elle se termine (sommet angle entre SS n°6 et 4). A cet endroit, parvient le long sentier issu de Ville-en-Court.
  • Du même rond-point, commence un autre chemin rectiligne pointé sur Rotheux. Après 500m., un embranchement s’oriente à gauche vers Bedouille et Seraing (future V V , N1 entre SS n°4 et 5), tandis que continue le chemin vers Rotheux (ce tronçon sera également VV n°7 N1. entre SS n°5 et 6). Cinq cent mètres encore: à droite la voie connue plus tard comme « Allée du Chêne Madame » se dirige vers le parc « Les Quarrés, »(SS n°6). Quant au chemin axial, il se poursuit pour déboucher face au village de Rotheux, sur la route de Nandrin à Plenevaux.

Cette longue droite « Rotheux/rond-point » portera le nom d’Allée Madame lorsqu’elle se prolongera, le siècle suivant, au-delà du rond-point en direction du ruisseau de la Neuville (SS n°4).

  • Il est d’autres chemins et sentiers que nous examinons rapidement.

– Celui « de Champs du Bure à Rognac » sort du Bois de Rognac/Neuville (SS n°1) non loin de la fermette Guist et rejoint la Drève de l’Hermitage entre la lisière Ouest et le rond-point (SS n°4).

– Celui du « Thiers Gathy » pointe vers le Bois des Quarante bonniers (SS n°3) au sortir du même Bois de Rognac.

– Quant au « Chemin du moulin », qui en vient aussi, il rejoint la rive droite du ruisseau de la Neuville, un kilomètre avant les « 3 Ris ».

– Le sentier « Rognac-Bedouille » quitte la fermette Davin en Haute Rognac pour aboutir après plusieurs kilomètres au gué de Bedouille sur le rû du Chèrâ (SS n°4 et 5).

  • Il en est d’autres qu’il serait fastidieux de décrire, notamment ceux d’exploitation. Plusieurs, au fil d’une utilisation séculaire, ont creusé sur les pentes de véritables tranchées dont le réseau peut être dense.

Quant aux limites boisées, elles se présentent comme suit : côté Rotheux/Rimière (SS n°6), la lisière suit à peu près l’actuelle route du Condroz, un rien au-delà, puis revient se souder vers l’Ouest au parc « Les Quarrés » où elle jouxte la lande « Trixhe des Cheins » non loin des « Sept Fawes ». Ensuite, depuis la bordure Est du parc, elle descend le chemin de lisière pour rejoindre la drève de l’Hermitage à l’Enclos aux épines .

Au-delà, en Haute Rognac, elle est entaillée par quelques champs et landes avant de longer la limite Est du Bois de Rognac (dépendant de l’Abbaye du V.S.L. -SS n°l) qu’elle suit en descendant vers le ruisseau. Elle emprunte alors la rive droite jusqu’aux « 3 Ris », où elle englobe l’enclave du Bois des 40 bonniers (SS n°3). Elle remonte enfin la rive gauche du Chèrâ, prolongée par la Voie du Chèrâ la ramenant à Rotheux.

Les deux ruisseaux principaux étant situés à la périphérie, seuls des ruisselets sillonnent le plateau. Les plus importants sont ceux de la Petite Vallée (SS n°3 et 4) et du parc de l’Enclos aux épines (SS n°6). Ils sont permanents dans le tronçon aval de leur cours.

D’autres, intermittents, peuvent cependant faire des kilomètres.

Tous sont parfaitement sains.

Le pont des Cosaques

Evolution a près l’ancien régime

Après la réunion des bois de ce secteur vers la moitié du 19me s., l’ensemble fera plus de 700 Ha.

1 -La Drève de l’Hermitage va s’étirer sur sa lancée, plus loin que le rond-point dit maintenant « Berceau » ou « Rotheau Madame »(SS n°4). En 1853, elle a rejoint la Voie du Chèrâ (VV n°1 Sg) dans le Bois de la Vecquée. Quatorze ans plus tard, elle semble ne plus franchir le val du Chèrâ (ce qui est da, sans doute, à l’apparition de la haie de charmes périphérique). Par contre, elle s’étend à gauche vers le bas du versant, pour passer vis-à-vis du Trou d’Osny.

2- En 1853, le chemin rectiligne qui de Rotheux aboutissait au rond-point, continue vers le Nord. Sur toute sa longueur, il va prendre le nom d’Allée Madame et conduit à une aubette rustique sur la crête au-dessus du ruisseau. En 1867, nous constatons que l’Allée Madame a encore été prolongée: de l’aubette, elle oblique vers l’Ouest jusqu’à une petite carrière ouverte sur le versant en face de la ferme du Champ des Bures, dans le Bois de Rognac (SS n°1).

3- A la même époque, plusieurs chemins issus du Bois de Rognac paraissent délaissés. Ils seront remplacés par d’autres. Cependant, le sentier Rognac/Bedouille est toujours là. Une bonne part de son tracé existe encore de nos jours mais l’aspect en est modifié par les aménagements subis.

4- En direction de la Chaussée de France (route Terwagne/ Ivoz), une voie charretière empierrée est créée entre 1854 et 1867 dans le Bois de Rognac (SS n°1); une autre entre Bedouille et Rotheux, prend le parcours neuvillois de la Vieille Voie du Chèrâ, juste à l’extérieur de la clôture de charmes (limite Est -SS n°5).

La seconde moitié du 19me s., dans le cadre d’un aménagement poussé de ce domaine forestier, tous les chemins sont rattachés l’un à l’autre. D’autres

sont percés, facilitant exploitations, chasse et circulation. Une haie de charme renforcée par après de fils de fer lisses (et plus tard de barbelés) entoure alors les

bois de la Neuville. Là où le terrain accidenté complique son installation, elle va jusqu’à laisser plusieurs hectares en dehors.

Un étang de barrage est installé au bord du nouveau tronçon de la Drève de l’Hermitage. Un autre, celui du parc de l’Enclos aux épines, est agrandi en ménageant un îlot au. centre (ce qui généralisera, au fil du temps, l’appellation « à l’île »). Bien plus tard, en 1948, un nouvel étang apparaît dans le Bois de Rognac (SS n°1) et d’autres, dans les années 1970, le long du ruisseau de la Neuville.

1875 voit parvenir au confluent du Chèrâ (Ritchèrâ) la nouvelle route Seraing/Rotheux. De là, jusqu’à la route Nandrin/Plainevaux, elle recouvre la Vieille Voie du Chèrâ.

Dans les années 1880, les travaux du chemin de fer vicinal VSL-Clavier pénètrent dans la propriété aux , « 3 Ris  » et remontent la vallée du ruisseau principal ce qui, au niveau de « l’étanchéité » de la haie de charmes, pose évidemment des problèmes.

En 1943, au décès du dernier seigneur de la Neuville, les bois sont scindés. Des chemins et sentiers nouveaux apparaissent, quelques anciens sont délaissés.

Vers 1950, une route privée Rotheux/Neuville, ainsi que l’autoroute du Condroz qui écorne la forêt, préludent à l’installation dans le massif de vastes lotissements.

Après 1960, une ligne « haute tension » ajoutera sa percée aux nombreux chemins nouvellement créés et à toute une voirie apparaissant dans le SS no6.

Quant aux quartiers résidentiels que cela entraîne, il n’entre pas dans le cadre de cet ouvrage d’étudier les zones d’habitat. Relevons simplement, en ce qui concerne la géographie forestière, que la déforestation -quand elle sera terminée -atteindra les 200 Ha.

En 1986, la forêt est toujours présente dans ce SS n°6 par bosquets -parfois importants –éparpillés parmi des lotissements. Ces vestiges permettent encore certains échanges de faune avec la zone Sud-Ouest qui demeure densément arborée (région du cimetière américain) ainsi qu’avec le gros de la forêt.

Les implantations humaines participent à pollution et perturbation du réseau hydrographique forestier.

Les deux ruisseaux principaux et la plupart des autres sont plus ou moins gravement altérés. Certains des intermittents, réceptionnant des effluents urbains additionnés d’eaux de drainage correctes ou non, en sont devenus permanents.