1363. Description des dalles funéraires de l’église Notre-Dame de La Neuville (1ère partie)

Ferdinand M DESSENTE

Voici les photos ou dessins de ces dalles funéraires. Chacune est décrite de façon à ce qu’aucun détail n’en échappe au lecteur.


Chy gissent Noble ho(m)me Wathy de Warnant a so(n) temps de la Neuffe ville et de goesne en co(n)dros q(ui) trespassat la(n) xvc(ent) et lix le xxii jo(ur) de septe(m)bre : Et damoiselle Isabeaux de Ramelot so(n) espeuSze fille a Noble ho(m)me Johan de Ramelot Sr De goesne q(ui) trespassat la(n) xvc(ent) et lviii le penultem jo(ur) de mars

Voici la dalle la plus ancienne:

Dépassant, à gauche du petit bâtiment abritant le système de chaufferie de l’église, la partie visible montre d’abord trois quartiers (= écus) surmontés de leur banderole individuelle à l’inscription fortement érodée; ensuite les deux coins d’un coussin repose-tête d’un gisant (représentation d’un défunt en position couchée), une cubitière (= coude d’une armure) et l’extrémité d’un soleret (= chaussure d’une armure). Grâce à une photo conservée à l’Institut du patrimoine artistique à Bruxelles, on peut se rendre compte qu’il s’agit d’une magnifique dalle funéraire (présentement hauteur: 205cm -largeur: 144cm) à gisants.

Le seigneur est présenté à gauche se reposant. Il est revêtu de son armure. Sa tête repose sur un coussin, il tient les mains jointes dans l’attitude de la prière, son épée est à ses côtés et son armet (= heaume) empanaché a été déposé à ses pieds. Il est séparé de sa compagne par une sorte de colonnette sculptée.

Elle est représentée dans la même attitude que son époux. Sa tête est coiffée d’un petit bonnet ne laissant pas voir la coiffure. Elle est vêtue d’un longue robe très ample descendant sur les pieds. La robe est pourvue de larges manches d’où sortent les bras qui révèlent qu’un autre vêtement, brodé, est porté en dessous. Par-dessus l’ensemble elle a passé un manteau qui tombe jusqu’à terre.

Sous leurs pieds se trouve l’inscription les identifiant comme étant Wathy de Warnant et Isabeaux de Ramelot.

Monsieur René Wattiez, président de la Fédération généalogique et héraldique de Belgique, que nous remercions, nous avait signalé que cette dalle funéraire est incomplète, il lui manque un linteau qui devait porter les blasons Warnant et Ramelot ainsi que les premiers quartiers de chacun des époux.

On pouvait donc voir en haut au centre le blason Warnant qui était à six lionceaux et celui des Ramelot qui était au lion couronné, armé (= à griffes) et lampassé. A gauche, de haut en bas, les écus de Wathy de Warnant: Warnant

(manquant), Corswaremme, Senzeille et Gesves. A droite, de même, les écus d’Isabeaux de Ramelot: Ramelot (manquant), Roverij, Hertoghe et Xhenémont.

Nous avons complété en partie les lacunes en nous basant sur les autres inscriptions trouvées.

CHY GISSENT NOBLE HOMME JAN DE WARNANT DE LA NOVELLE VILLE ET GOESNE EN CONDROS QUI TRESPASSAT LAN ET DAMOISELLE JOSINNE DE EYNATTEN ………

La deuxième dalle funéraire, dont il manque une partie importante, fut scellée dans le mur mitoyen entre le jardin du presbytère et l’ancien cimetière, tout au bout, où elle se trouve toujours. Elle présente une forme trapézoïdale. Faite d’une pierre schisteuse, sa surface sculptée éclata suite aux intempéries et il ne reste plus rien de visible. Heureusement, une fois de plus, l’Institut du patrimoine artistique de Bruxelles, en a conservé une bonne photo réalisée dans les années 1920.

Etrangement, on y observe trois personnages, un couple et un enfant. Suiteà la cassure de la pierre, il manque à l’homme le buste et à la femme la tête.

L’homme, un seigneur revêtu de son armure, a passé par-dessus un justaucorps (= sorte de veste). Son épée pend à sa ceinture. A ses pieds on a déposé ses gants et son armet empanaché. On devine qu’il a les mains jointes.

A sa gauche, séparée par une sorte de colonnette sculptée, repose son épouse vêtue de riches habits. La blouse s’arrête aux hanches et se termine devant en pointe. A cette dernière a été fixé une longue chaînette qui descend presque sur ses pieds et se termine par une pendeloque en forme de cœur.

Enfin, à gauche de la dame, près des pieds, il y a un enfant adoptant la même attitude que ses parents. Il est habillé d’une courte cape et porte des culottes bouffantes serrées sous les genoux qui lui donnent l’air comique d’avoir des pilons.

Cette dalle funéraire représente Jean de Warnant (†1615) et son épouse Josine d’Eynatten († 09 juillet 1594), fille d’Henri d’Eynatten, seigneur d’Abée, Tinlot,… ,ainsi que leur fils dont nous ignorons le nom. Ce Jean de Wamant devint seigneur de la Neuville en procédant avec son frère aîné Henry de Warnant, époux d’Anne Abrion, à l’échange des seigneuries de La Neuville et de Goesnes (en accord avec leur frère Wathier de Warnant)

Nous savons qu’ils se marièrent en 1589.

Dans le mur de la chapelle des Lannoy-Clervaux, à front de la route d’Esneux, se trouve encastrée une dalle en pierre sombre (hauteur: 168cm, largeur: 140cm). Sa partie supérieure est illustrée par un écu divisé en deux. A gauche le blason Warnant, décrit précédemment, à droite le blason Waha à un aigle éploré. Le tout est surmonté d’une couronne à dix-neuf petites perles.

L’écu est tenu à gauche par un personnage entièrement dévêtu. Sa nudité est pudiquement voilée par un rameau feuillu. Il est armé d’une massue qu’il tient de la main droite et qu’il porte sur l’épaule du même côté.

A droite, l’écu est tenu par un griffon ailé vu de profil. L’ensemble est présenté devant une sorte de draperie qui est fixée par trois points au sommet de la dalle.

La moitié inférieure est illustrée par la Mort couchée qui tient sa faux dressée dans la main gauche tandis qu’elle s’appuie sur le coude droit. A ses pieds ont été posés un mortier avec son pilon, une pelle et un pic.

L’ensemble a été exécuté d’une manière assez fruste. La dalle est encadrée de part et d’autre des huit quartiers de chacun des époux. Chaque quartier est timbré (= surmonté) d’une couronne identique à celle qui se trouve en haut de la dalle funéraire. En dessous de chaque quartier il y a une banderole portant le nom du blason. On trouve ainsi à gauche: Warnant, Ramelot, Eynatten, Werst, Celles, Ramelot, Dorjo, Fisinne, et à droite: Waha, Carpentier, Fizenne, Dochain, Waha, Desminne, Dawans, Ugon. .

Il s’agit probablement des époux Jean de Warnant († 5.7.1679) et Dieudonnée Marguerite de Waha, fille du seigneur de Haversin et Buissonville († 1698)

A droite de la dalle funéraire que nous venons de décrire, se trouve une autre (hauteur: 171cm, largeur: 142cm). Elle a été exécutée avec beaucoup de soin dans une pierre d’un beau beige clair, mais elle est fortement dégradée. Elle présente une forme identique à sa voisine mais se compose cette fois de trois parties distinctes.

Dans la moitié supérieure de sa partie médiane se trouve le blason Warnant dans un écu ovale surmonté d’une couronne à onze grosses perles. Cet écu est soutenu à gauche par un personnage barbu vêtu d’un pagne. Il est armé d’une massue qu’il tient de la main droite et qu’il laisse pendre à ses côtés. A droite c’est un lion couronné qui soutient l’écu.

La moitié inférieure de cette partie médiane est séparée de la précédente par deux volutes à feuilles d’acanthe sur lesquelles se dressent les deux figures décrites ci-dessus. Elle est occupée par un sarcophage de pierre, vu de face, sur pieds. On y a déposé un crâne et deux os longs. Sur le sarcophage, dans un long cartouche à bords arrondis, on peut encore lire: HODIE …CRAS TIBI

Les deux autres parties sont accolées à la partie médiane comme si elles constituaient les volets ouverts d’un retable. Sur elles ont été gravés les mêmes 16 écus de sa voisine mais avec des orthographes différentes. Ce sont à gauche: Warnant, Ramelot, Deynatten, Werst, Celles, Ramelot, Dorjo et Fisinne; puis à droite: Waha, Carpentier, Fisinne, Dochain, Waha, Desminne, Dawans et Hugonée.

Pour qui a-t-elle été faite? Nous l’ignorons, mais certainement un(e) Warnant ayant comme parente directe une Waha. Probablement Jean louis de de Warnant (†05.04.1694) seigneur de la Neuville.

Les quatre dalles que nous venons de décrire, et qui se trouvent toutes à l’extérieur, étaient certainement scellées à l’intérieur de l’église. C’est lorsqu’on perça les murs du chœur pour créer des accès vers les deux annexes, ou lors de la construction de l’abside, qu’elles furent déplacées à l’extérieur.