3ème partie.
Une phase essentielle dans le travail du scieur de long est le marquage. Il précède la pose du tronc sur le hourd et le sciage proprement dit.
C’est à l’aide d’un cordeau fait de longs brins de laine tendus entre eux comme une cordelière de chaussons d’enfant que l’opération de marquage est réalisée. Le cordeau est noirci avec de la suie avant d’être plongé dans l’eau savonneuse ou du genièvre afin de l’imprégner. Puis, les scieurs tendent le cordeau et le fouettent afin de laisser échapper le noir superflu. C’est l’opération de secouage du cordeau.
On peut alors commencer à marquer le tronc. « Le point de départ et le point d’aboutissement du premier trait de cordeau (…) peuvent être déterminés au jugé, (…)surtout pour des bois minces. (…)pour des sciages plus importants, on calcule avec un compas (…) »1. Si la ligne est établie au jugé, elle ne doit pas se trouver obligatoirement au centre du tronc. « On l’établit à la place la plus avantageuse pour débiter l’arbre d’après l’épaisseur des planches à obtenir (…). Tout l’art de bien marquer un tronc réside dans le tracé de ce premier trait. (…). « C’est là tout le métier » expliquent les scieurs« .
La première ligne tracée, l’un des deux scieurs tirent la corde sur l’extrémité de la ligne de partage horizontale tandis que l’autre détermine, à l’aide d’un fil à plomb, la position que doit prendre le cordeau pour marquer la première ligne sur cette face verticale du tronc. Puis, le trait est tracé. Les autres lignes à tracer sur cette face sont repérées au compas, puis tracées au cordeau. « Le même tracé de la ligne d’aplomb est fait à l’autre extrémité du tronc, avec autant de soin que la première; on détermine ensuite au compas, en haut et en bas de cette tranche, de chaque côté de la ligne d’aplomb, des points correspondant aux points d’aboutissement des lignes tracées sur la première face. Ces points sont réunis à l’autre extrémité par les lignes parallèles à la ligne de partage horizontale, marquée au cordeau de la même manière qu’elle. On retrempe le cordeau s’il ne marque plus suffisamment« .
oPar la suite, le tronc est retourné et son aplomb est recherché pour pouvoir tracer les lignes horizontales sur le dernier long côté du tronc. Les lignes doivent se superposer aux premières.
Dans les prochains articles consacrés au travail des scieurs de long, nous évoquerons successivement la pose du tronc sur le hourd (4ème partie), les outils des scieurs de long (5ème partie) et le sciage proprement dit (6ème et 7ème parties).
Alain-Gérard KRUPA.
1 LEGROS, Elisée, Le scieur de long en Ardenne liégeoise, in Bulletin des Enquêtes du Musée de la Vie Wallonne, n43-44, tome IV, 1946,pp.213-254.