Dans « Les cahiers de Jadis » , nous avons à plusieurs reprises présenté des textes et poèmes de Renaud STRIVAY. Nous voudrions rendre hommage à ce poète de chez nous, en vous le présentant plus complètement.
En septembre 1988, le PAC Neupré (Présence et Action culturelle) rendait hommage à Renaud STRIVAY, en publiant un recueil de textes.
Dans la préface André KRUPA, Député permanent et Président du PAC NEUPRE présentait la plaquette de la façon suivante « …L’étude que la Commission-Histoire du PAC-Neupré a consacrée à l’oeuvre de Renaud STRIVAY ne peut manquer de surprendre au premier abord. Pour quelle raison, en effet, se pencher sur cette personnalité dont nos contemporains n’ont gardé que des souvenirs fugitifs liés davantage à Seraing – pensons à la rue qui porte son nom – qu’à Neupré? Il nous semble précisément que l’intérêt premier de cette étude est autant de réparer une injustice que de rendre sa véritable dimension à la personnalité de Renaud STRIVAY.
– Réparer une injustice: l’oubli, dans lequel ce poète de talent, cet ardent militant de la Libre Pensée et de l’émancipation sociale a pu tomber après sa mort, est d’autant plus étonnant qu’il avait connu de son vivant une notoriété certaine au niveau régional, national et même international. – Rendre à Renaud STRIVAY sa véritable dimension: il serait erroné de réduire l’horizon de cet homme aux frontières des zones urbaines et industrialisées. Né à Boncelles, ayant longtemps vécu à Plainevaux/Strivay dont sa famille était originaire, il conserva de cette région du Condroz un souvenir indélébile dont sa poésie est en grande partie inspirée.... »
Marc LORNEAU, historien, nous parle de la biographie de Renaud STRIVAY. Des recherches généalogiques menées par Renaud Strivay lui-même ont montré que sa famille était originaire des localités de Plainevaux-Strivay et y était implantée depuis de nombreuses générations. L’un de ses ancêtres, Toussaint Strivay, était meunier à « Plumevaux » (sic) en 1721. Hubert Joseph Strivay, né à Plainevaux le 1er mars 1803, fut exempté temporairement du service de la milice en 1827 sous le régime hollandais1. Joseph Renaud Strivay, né à Boncelles le 5 mars 1874, est le fils de Pierre Joseph Strivay, « tourneur en fer » à Cockerill, et d’Honorine Piéteur, ménagère.
Ceux-ci auront également une fille, Marie Strivay, née à Boncelles en 1877. Le père de Renaud Strivay savait lire et écrire. C’est d’ailleurs après la lecture du récit légendaire des « Quatre fils Aymon » qu’il s’était promis de donner le prénom de l’un des quatre, le généreux Renaud de Montauban, à son propre fils.
Renaud Strivay passa une partie de sa prime enfance à Boncelles: il conserva de son passage à l’école primaire de cette commune un souvenir assez désagréable2. En 1881, ses parents se fixèrent à Plainevaux. Ils habitaient « non loin de la cascade, une vieille maison située sur la rive droite du ruisseau, près d’un petit pont de pierre.
Au fond du jardin de cet humble logis – blotti contre la haie du verger voisin – il y avait un banc de bois qui fut mon confident le plus discret. (…)
Dès l’éveil du printemps, je m’asseyais seul parfois, après la classe, tandis que le soleil couchant teintait les fenêtres de sa sanguine« 3. La famille de Renaud Strivay y connut une existence paisible, analogue à celle que menaient la plupart des familles ouvrières installées dans les villages avoisinant Seraing: « Après six jours de travail ardu dans la grande cité du feu, mon père reprenait le chemin du village. Nous ne manquions jamais d’aller à sa rencontre, par la forêt de la Vecquée, et dès que nous apercevions le violet sombre de son sarrau à plis, nous courions à perdre haleine pour lui dire, en termes naïfs, notre joie de le revoir. (…)
Ma mère l’attendait debout dans la clarté du seuil, et quand il s’était assis, elle préparait la table, pour le repas du soir.
O! les heures claires passées ainsi dans l’intimité du foyer tandis qu’une bonne odeur de café flottait autour de nous et que de succulentes tartines beurrées de neige et de soleil s’enlevaient rapidement de la petite table oblongue.
Le souper terminé, mon père allumait sa pipe de merisier, parcourait le « Réveil du Rivage » et interrompait souvent sa lecture pour nous mettre au courant de grands événements nationaux et internationaux. »4
Renaud Strivay conserva de sa « seconde école » – l’école de Plainevaux « ombragée à gauche par un verger immense et longée à ,droite par un ruisseau limpide« 5 – un souvenir indélébile: « C’est l’école qui a fait fleurir en moi les roses du rêve et de la poésie« 6. Il fut d’ailleurs un excellent élève: il sortit le 14 août 1894 diplômé de l’école normale de l’Etat à Huy, et le 21 août 1896, professeur agrégé de l’enseignement moyen du dégré inférieur de Nivelles.
Il débuta dans l’enseignement en 1898 en qualité de professeur adjoint à Liège, puis comme sous-instituteur communal à Seraing le 16 février 1899. Il fut bientôt remarqué pour ses talents pédagogiques: nommé professeur de français des classes supérieures d’adultes le 1er novembre 1906, il devint directeur des écoles communales de Seraing en 1917.
Il épousa en 1906 Eugénie Mouzon, institutrice, dont il aura un fils unique, Renaud.Il prit sa retraite le 1er octobre 1934 en donnant simultanément sa démission de la Commission des Bourses d’études communales, du Comité de Sélection du fonds communal des mieux doués et de la Commission technique permanente de l’enseignement communal de Seraing. Il conservera cependant le titre honorifique de sa fonction.
Renaud Strivay mourut à Liège le 31 mai 1945 d’un cancer de l’os de la cuisse. Il avait demandé à être incinéré: la cérémonie eut lieu à Uccle le 12 juin 1945. Ses cendres reposent au cimetière de Seraing.
Recueils de poésies, contes et proses de Renaud Strivay
Premier essor Huy H. Mignolet 1898
Du coeur à l’âme Seraing G. Lecomte-Monard 1900
Les chansons claires Seraing G. Lecomte 1904
Le poème des saisons Verviers L. Wauthy 1908
(dizains 1904-1907) L’édition artistique
Aux tournants de la vie Charleroi Edition de la 1910
(Poèmes à la gloire du Condroz) « Jeune Wallonie »
La vie ardente Seraing A. Génard 1913
Sous le glaive sanglant
(poésies 1914-1919) parues dans Noss’Pèron
L’effort glorieux Seraing P. Martino 1921
Les heures enchantées Seraing A. Genard 1925-26
L’écharpe d’Iris Liège Printing CS.A. 1931
Sous le grand ciel Seraing P. Martino 1900
Les sources sereines Seraing G. Lecomte 1902
Les horizons mauves 1921
L’écrin des souvenirs 1922
Les veillées villageoises Seraing² A. Génard 1929
1 Cfr. infra
2 STRIVAY (R), Mon entrée à l’école, in: Les Veillées villageoises, Seraing, A. Gerard, 1929, pp.34-35. Voir texte complet page n 426.
3 STRIVAY (R.), Mon banc, in: Les Veillées villageoises, o.c., p.38
4 STRIVAY (R.) Les joies du samedi, in: Les Veillées villageoises, o.c.,pp.40-41
5 STRIVAY (R.), Ma seconde école, in: Les Veillées villageoises, o.c., p.12
6 Idem, p.13