La
Maison Rouge – Li Rodge Mohone – Neuville
Les écrits relatifs à ce domaine sont rares. On connaît peu des lointaines origines de la Maison Rouge ou Ferme Rouge ou Li Rodge Mohone. Ce domaine rural se situe à la sortie du village de Neuville (vers Marche) au début du chemin du Bida, soit dans la direction S.O. du village.
On raconte qu’il faisait partie, à ses origines, du Val Saint Lambert. Une brasserie aurait été installée dans les écuries actuelles et des offices auraient été célébrés dans la très petite chapelle joignant la tourelle. . .
Son passé serait lié à quelques seigneurs du Château de La Neuville.
« A l’origine, la Maison Rouge appartenait à la branche Chantemerle des Dammartin, de Warfusée, de Hermalle. . .« . De même source, nous apprenons que par mariages successifs, ce domaine passe comme bien en dot -par l’intermédiaire des épouses- aux familles de Streel, Thiribu, d’Oultremont, Warnant et Lannoy1.
Avec certitude, nous référant à la matrice cadastrale, nous pouvons dire que la Maison Rouge faisait partie de la Seigneurie de la Neuville lors de la cession des biens du Comte Adrien de Lannoy à son épouse Marie Amélie de Tornaco en 1854.
Le
23 octobre 1900 la Maison Rouge est vendue à Monsieur
Braconnier-Timmermans. Son fils Albert Braconnier-Dallemagne en
hérite, la vend en septembre 1972 à Monsieur et Madame Jean
Delwiche qui l’occupent jusqu’en février 1984. Elle est alors
vendue à Monsieur et Madame Sluismans, les actuels occupants.
En 1946, le Conseil Communal approuve le classement de la Maison Rouge. C’est le 28 octobre 1948 que le classement se concrétise : la section A n 95A, soit la tour intérieure et par conséquent,les bâtiments adjacents.
Comme toutes les grandes propriétés liées aux grandes seigneuries anciennes, la Maison Rouge exprime le caractère rural de la commune. Nous nous trouvons devant une architecture de style mosan (briques et calcaire des XVIIe et XVIIIe siècles), remaniée au XIXe siècle.
Cette ferme en quadrilatère est construite sur pilotis et entourée de douves. Elle est accessible par un pont jeté sur celles-ci. Pour la description architecturale détaillée, nous conseillons d’en référer à l’étude du Patrimoine de la Wallonie.2
Nous avons retenu l’essentiel de notre visite. Le corps d’habitation ou corps de logis se situe à droite du pont d’accès. On peut remarquer de très hauts soubassements en calcaire en deux tranches, deux rangs de baies d’ornements différents (dont l’un, celui du bas, avec linteau en accolade) apparaissent dans la façade de briques, une ample porte charretière. Le tout sous toiture d’ardoises avec fenêtres symétriques à celles du rang supérieur. Sur la façade, des vestiges d’ancres indiquant : AN…16… A gauche, un bâtiment en briques très sobre, sans baies. Uniquement quelques meurtrières et percements sur le haut.
Nous franchissons l’ample porte charretière. Dans la cour intérieure en carré, nous retrouvons le corps de logis aux éléments d’architecture parfois simplifiés, moins bien ordonnancés.
Porche d’entrée de « La maison rouge » et détail de la facade
L’attention est attirée par une haute tourelle d’escalier, octogonale, en briques et calcaire, coiffée d’ardoises en girouettes. Au bas de cette tourelle, un perron circulaire de quatre marches. Contre cette tourelle, une petite chapelle plus récente, en briques, coiffée d’ardoises, surmontée d’un coq sur une croix de ferronnerie. En annexe à ce corps de logis, en recul, une habitation en briques sous mansard d’éternit percé de lucarnes. Au centre, une petite porte, calcaire en plein cintre. Cet ensemble constitue une merveille d’architecture de style mosan.
Les autres bâtiments de la cour intérieure constituent de gauche à droite les écuries et étables entourant la grange, l’ancienne laiterie. L’ensemble se compose de soubassements en moellons de grès, construit en briques sous toitures d’ardoises ou d’éternit avec percements calcaires donnant sur la cour. On remarque deux ailes symétriques d’écuries et d’étables. A l’intérieur de celles-ci, de magnifiques voûtes sur colonnes. Sur la façade des étables, deux inscriptions bien visibles sur calcaire : Anno-1716. La vaste grange, en large, séparant écurie et étables, comporte deux grandes portes charretières en plein cintre calcaire. A l’intérieur, une immense charpente. Derrière le tout sont accolés, mais non visibles de la cour, des bâtiments modernes sous ample batière d’éternit ondulé datant de 1970…
Particularité : l’extérieur de tout ce quadrilatère, côté village, ne comporte aucune baie. Nous attirons l’attention sur le tilleul plus que centenaire sis dans les anciens jardins, très visible du chemin du Bida.
La Maison Rouge, de décoration architecturale élaborée (le corps de logis tout particulièrement), témoigne d’un passé, d’un certain art de vivre.
Au fil des ans, nous l’avons admiré, convenant comme tout un chacun de la nécessité de conserver ce site, lieu important de la mémoire. Lors d’une récente visite, nous avons constaté son délabrement accéléré. Bien que partiellement classé, il ne tardera pas à se transformer en ruine menaçante…
Agnès DUMOULIN.
Je remercie Monsieur et Madame Delwiche qui m’ont très amicalement aidée à réaliser cet article.
1Dessente F. – État des connaissances sur l’Histoire de Neuville-en-Condroz depuis les origines jusqu’au seuil du 18e siècle – 1987
22 Le Patrimoine Monumental de la Belgique – Wallonie – Liège 1982 – Ed. Pierre Mardaga pp. 506-512