Le
coin du Toponymiste
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Le terme de « tîdje ».
« Tîdje » signifie un vieux chemin de terre, large et gazonné. Ce terme ancien dérive du latin « terreum » et de l’ancien français « tiege« . D’après Jean Haust, le « tîdje » a pu, à la différence des sentiers, nécessiter certains travaux d’établissement, de terrassement et d’entretien.
Dans son étude consacrée à la « Toponymie des communes de Neuville-en-Condroz et Ehein« , Jean-Pierre Delincé y répertoriait de nombreux exemples d’utilisation de ce terme. Ainsi, il peut être employé seul: « vers le sart a lieu que lon dit a tiege ou la vint la haulteur de ramioulle » (1689). Il peut aussi être déterminé par un adjectif (« petit tige ») ou par un nom de personne:
. »extant et joindant au tiege venant del haye et allant au vilaige de la neufville appelle communement le tiege barbette » (1627);
. »iondant damont au tiege douffey » (1419);
. »sept fauwes joindant…damont a tiege Jean Lambert lequel va droit au tiege de sept fawes joindant vers Liege az heritages des clere » (1662);
. »li tîdje man’ cher« , chemin situé au sud de « sé-faw » qui fait séparation entre Neuville et la Rimière. Il est à noter que le terme de « Man’cher » est un nom de personne. Il doit s’agir de Jacques Menchier (variante de Jacques Melchior), sergent de la cour de Rimière en 1601 et en 1627;
. »li tîdje mariane« , sentier qui fait la limite entre Neuville et Ehein au « pont dès vatches« ;
. »un chemin royal nommé le tige St-Joseph » (1768), par la campagne près du « tige St-Joseph » (1768).
Par ailleurs, le terme de « tîdje » peut également être déterminé par un nom de lieu. C’est le cas avec « tige delbressinne » (1793), « tiege a charneal » (1534), c’est-à-dire littéralement le tiège du charme commun, « tiege delle grande cour » (1662), « è tîdje al grosse pîre« , chemin entre le « bidâ » et la « costrêye« , « è tîdge dèl hâye« , chemin qui va du « poûhon » jusqu’a la « cinse dèl hâye« .
Dans ce même registre, citons encore le « tiege de hoxe » (1564), le « tiege de sept fawe » (1519) et le « tiege delle malle thour » (1722).
Enfin, le terme de tige peut aussi être déterminé par un nom commun. C’est le cas avec le « tiege alle justice » (1539) et « è tîdje al lâdje basse« , ce chemin qui allait depuis le haut du « bidâ« , du « tîdje al grosse pîre » jusqu’au cimetière.
Alain-Gérard KRUPA.