Par Désiré GILLET (ce souvenir date de 1938 et a été écrit en juin 1991)
Notre
Curé n’était pas fumeur, mais il était un fervent priseur de
« pènèye », vous savez cette poussière de tabac ou
plutôt cette poudre brunâtre que l’on fourre dans le nez au lieu
d’allumer une cigarette. Il avait toujours sa boîte « al
pènèye » en poche et en consommait plusieurs fois par jour.
Cela nous intriguait, nous les acolytes, de voir notre Pasteur se remplir les narines de cette poudre curieuse et personnellement j’aurais beaucoup aimé pouvoir en goûter, faire l’expérience pour voir ce que l’on ressentait en usant de ce curieux produit.
Un jour la chose s’arrangea, nous étions Joseph THOMAS et moi à la sacristie pour servir la messe et, profitant de l’absence momentanée de notre Curé et que sa boîte « al pènèye » était restée sur l’armoire, je n’ai pas hésité à m’en remplir les narines… Il fallait faire vite et dans mon empressement, j’en avais sans doute reniflé beaucoup trop.
Quand Monsieur le Curé est rentré, l’office a commencé et agenouillé au pied de l’autel « la pènèye » a produit ses effets : j’ai commencé à éternuer sans arrêt. Cela a duré toute la messe, nous ne pouvions nous retenir tellement on riait… j’avais certainement doublé la dose… ! ! Croyez bien mes sinus ont été dégagés.
A la fin de la messe, rentrés dans la sacristie, Monsieur le Curé me dit : « tu as un fameux rhume, tu peux bien te soigner ! » Il ignorait que j’avais puisé dans son « poudrier » ou plutôt faisait semblant de l’ignorer.
Je l’ai fait une fois…Je n’ai plus jamais recommencé.
Mais nous nous étions bien amusés…