En 1920, la famille d’Ernest Gérard succède à la famille Maréchal de Neuville, dans la ferme de la Haie. Ernest Gérard et son épouse Marie-Céline Wilmet élèvent quatre enfants Jenny, Henri, Madeleine (épouse de notre instituteur A. Bourdouxhe), Joséphine (épouse de Mr Fabry du moulin de la Chapelle)
Le corps de logis est très vaste : la « belle pièce », la cuisine et l’arrière plus deux petites salles très utiles. Au 1er étage quatre grandes chambres et deux petites permettent à chacun de prendre possession de son domaine personnel.
En 1930 Henri, le seul fils, reprend la ferme à son compte. Il a épousé Yvonne Kaisin, de la ferme de la Rimière, en 1928. Quatre enfants couronnent leur union : Simone, Emile (notre sympathique fermier de la « Petite Forage » Jeanine qui a permis la rédaction de ce texte et Ernest.
Les terres s’étendent sur environ 65 Ha, elles se partagent en prairies mais surtout en cultures (froment, orge, avoine) une autre partie est réservée aux betteraves sucrières expédiées à la sucrerie de Wanze.
Une quarantaine de vaches laitières paissent dans les prairies tout autour de la ferme. A la mauvaise saison, les bovins trouvent refuge dans deux grandes étables déjà bien agencées pour l’époque.
La plus grande partie du lait est stockée dans des cruches enlevées chaque jour par les camions de la laiterie. Jusqu’en 1950, les fermiers traient à la main puis acquièrent une trayeuse électrique à 3 pots.
Madame Gérard ne fabrique que peu de beurre car la ferme est isolée et ne compte que quelques clients du village.
Henri Gérard est éleveur de chevaux, ce n’est pas seulement un métier mais une réelle passion. Ses « brabançons » sont réputés dans tout le Condroz. Les écuries ont compté jusqu’à quatorze chevaux. Ils sont souvent présentés dans des concours provinciaux et nationaux. Voici une des nombreuses médailles qu’il a gagnées.
Henri Gérard se distingue aussi dans les sélections de veaux de boucherie mais il doit ses excellents résultats à son épouse Yvonne qui a l’art de doser la nourriture semaine après semaine et permet ainsi de réaliser de beaux spécimens. Les bêtes sont engraissées jusqu’à environ 500 kg puis vendues en boucherie.
« Galouf » un taureau tout blanc, élevé pour la reproduction a obtenu le prix national en 1947.
La porcherie est importante et divisée en plusieurs loges où se vautrent quelques truies bien grasses et sélectionnées pour leur productivité. Lorsque les porcelets peuvent être sevrés, ils sont vendus.
La volaille picore en toute liberté dans la cour de la ferme et dans les environs immédiats mais les volatiles ne sont pas élevés pour le commerce mais pour les besoins de la famille et du personnel agricole. Les canards de Barbarie sont maîtres de la mare non loin de la ferme. Les vaches ne s’y abreuvent pas l’eau provient d’une source et l’eau est très froide. Elles préfèrent le déversoir ou le ruisseau qui le prolonge, les fermiers n’ont jamais dû porter de l’eau aux bêtes.
Les années passent mais le bonheur a déserté la ferme. La construction de la route du Condroz a exigé une grande surface de bonnes terres et elle a divisé les terrains de part en part.
Les nouveaux propriétaires vendent des parcelles à bâtir. La ferme ne compte plus que +/- 5 Ha. Les grandes terres et les prairies sont exploitées par leur fils Emile établi rue du Village. Les terres vers Ehein sont reprises par leur aînée Simone qui a épousé Félicien Ravet, fermier à Berleur-Tavier.
Monsieur Gérard a été obligé de moderniser son matériel par exemple il a été contraint d’acheter un tracteur comme tous les autres fermiers et les « brabançons » ne se vendent plus, les belles écuries sont vides. Un autre exemple quand l’ouvier agricole spécialisé en meules de paille meurt, personne n’est capable de le remplacer et le fermier construit un grand hangar métallique pour abriter les récoltes.
Le problème le plus important c’est la maladie de Madame Gérard qui s’aggrave jour après jour et rend la vie pénible à la ferme. Yvonne, la maman tant aimée s’éteint en juillet 71. Toutes les bêtes restantes sont vendues. En 1972, Henri Gérard quitte la ferme avec les deux plus jeunes enfants, il s’installe au village.
Les aînés resteront exploitants jusqu’à ce que monsieur Etienne Tasiaux rachète ce qui reste des terres surnommées jadis : Les grandes terres.