Homme politique – Chantre du Condroz
Neuville-en-Condroz 19/05/1859 – Bruxelles 12/12/1924
Les conceptions pédagogiques de Célestin Demblon 1
Célestin DEMBLON, en tant que pédagogue, livre dans son ouvrage Mes croyances et dans la revue pédagogique L’ Ecole communale quelques réflexions sur l’éducation.
Pour lui, les deux qualités fondamentales de l’éducateur sont la bonté et la fermeté. Il déplore souvent l’absence de l’une ou l’autre de ces qualités chez beaucoup d’instituteurs. « … L’on ne devrait admettre aux écoles normales que des jeunes gens qu’on aurait soigneusement examinés aux deux points de vue où je viens de me placer. Je crois qu’il y a là une idée sérieuse à examiner, une réforme importante à accomplir. »2
Il met en garde les instituteurs contre le favoritisme à l’école. Il demande instamment que les enfants défavorisés socialement, souvent moins intelligents et sans éducation familiale, reçoivent autant d’amour et de compréhension que les enfants de bonne famille. Parlant de ces déshérités, il dit : « Etre sévère ou plutôt ne pas être doux envers ces aveuglés, n’est-ce pas travailler à les aveugler davantage encore au lieu de les guérir ? »3
Grand admirateur de FROEBEL, DEMBLON insiste sur la nécessité des écoles gardiennes. « … Le jour où des écoles gardiennes bien organisées existeront partout, le niveau moral et intellectuel des masses haussera à vue d’oeil, d’une façon continue. »4
La mixité à l’école est la meilleure préparation à une vie commune, pense DEMBLON. Il veut faire de l’école l’image de la famille et de la société.
En ce qui concerne les programmes d’études, il est partisan de programmes fondés sur des principes bien déterminés. Tel le nouveau programme des sciences à l’école primaire qui a toute sa sympathie car il est basé sur des principes bien concrets. DEMBLON défend l’idée d’une science facile, attrayante, populaire. Il prône la vérité scientifique et morale qui doit combattre la superstition sous toutes ses formes. « Les esprits clairvoyants, et tous les instituteurs sont aujourd’hui de ce nombre, ne peuvent se dissimuler combien cette réforme est grosse de promesses pour l’avenir, tant de promesses sociales que de promesses morales. » 5
Il considère le cours de gymnastique comme indispensable au bien de l’enfant mais aussi du maître. Il donne ce conseil « Le maître doit stimuler les enfants en exécutant tous les exercices avec eux. Les instituteurs qui ont pris cette bonne habitude, savent seuls le bien que cela fait. »6
DEMBLON est adversaire des concours. Il les considère comme des performances amenant souvent des rivalités plutôt que de l’émulation. Beaucoup, selon lui, les prennent comme base d’appréciation du mérite des instituteurs. Cela lui semble bien injustifié puisqu’il faut tenir compte d’une foule de circonstances indépendantes de la volonté des éducateurs pour obtenir un succès ou un non-succès aux examens. Il rapporte la grande vérité proclamée par Jean-Jacques ROUSSEAU : « Instruisez l’enfant puisqu’il en aura un jour besoin, mais surtout rendez-le plutôt intelligent qu’instruit… ». » 7 DEMBLON considère que trop souvent l’instituteur fait travailler l’élève sur les matières prévues pour les concours et néglige celles qui développent l’intuition et la pratique de la vie chez l’enfant. Pour lui, donc, l’institution des concours va à l’encontre de la méthode naturelle préconisée par ROUSSEAU.
1 D’après CELESTIN DEMBLON – Travail de fin d’études de l’ISIS – Martine LECLOUX
2 DEMBLON, C., Mes croyances p. 321
3Idem, p. 283
4 Idem, p. 308
5 DEMBLON, C., Mes croyances (… ), p. 273-274
6 Idem, p. 295
7 Cité dans : Idem, p. 269