Par Jeanne Huberty.
Jusqu’en 1830, l’enseignement fut assuré par le clergé. Le curé de la paroisse tenait école au presbytère. Une clochette qui, il y a une vingtaine d’années se voyait encore au dessus du toit du bâtiment, résonnait pour inviter les enfants à l’école et au catéchisme.
Le curé était parfois aidé, dans sa tâche, par un vicaire.
Plainevaux eut son premier curé en 1574 et son premier vicaire en 1678.
L’implication du vicaire dans l’enseignement était importante. Dans son livre « La Paroisse de Plainevaux, M. Delcommune écrit ceci : « Outre ses fonctions spirituelles, le vicaire remplissait l’office de sacritain (…) de plus il exerçait les fonctions d’instituteur et avait l’obligation de tenir école du 1er novembre au 1er mai. »
Les matières enseignées étaient la lecture, l’écriture (mais ces 2 disciplines n’étaient pas liées), des notions de calcul assez élémentaires mais répondant aux situations rencontrées dans la vie réelle.
Les élèves n’étaient pas très réguliers. La plupart des familles avaient la vie dure et les enfants aidaient aux travaux domestiques. La période où l’on ouvrait l’école correspondait d’ailleurs à l’époque de l’année où les occupations agricoles étaient au ralenti. Les enfants étaient libres pour participer à la culture de la terre, pour faire paître les animaux, pour aller glaner, cueillir des fruits, ramasser du bois.
L’école était payante ; cela influençait beaucoup la fréquentation. Les enfants, de familles trop pauvres, par conséquent incapables de payer une redevance au clergé n’avaient pas le droit de fréquenter l’école.
Un document cité, aussi, dans le livre de M Delcommune en apporte la preuve ; c’est le testament d’une Dame Berleur de Grand’Zée. Elle lègue ses biens à « (…) à condition pour ses héritiers de payer 60 florins brabant annuels pour instruire et enseigner 30 des plus pauvres enfants de la paroisse, de Plainevaux à nommer par le curé et 20 florins pour les pauvres à condition que ce soit un prêtre au gré du curé qui enseigne et tienne école ».
En 1789, on construisit, ce qu’on a appelé la Maison du Vicaire. C’est une partie du bâtiment en pierre à chaux (blanches) attenant à ce qui était la maison communale de Plainevaux, avant la fusion des communes.
En 1996, elle a fait l’objet de transformations très importantes pour répondre aux besoins de l’enseignement actuel.
Plusieurs vicaires s’y succédèrent jusqu’en 1830. C’est alors que l’enseignement devint communal.
De 1830 à 1846, trois maîtres d’école se succédèrent. Aucun des trois ne fit long feu dans cet emploi. Les conditions matérielles ne leur étaient guère favorables. Le bâtiment abritant l’école et le logis du maître étaient suffisamment délabrés pour qu’en 1842, on jugeât qu’ils nécessitaient des réparations urgentes et importantes.
L’administration y fit procéder et au cours de ces travaux, on agrandit la maison. On lui ajouta, au rez-de-chaussée une pièce de bonnes dimensions et à l’étage, deux chambres. Quand en 1846, le Conseil Communal, nomma son premier instituteur diplômé, celui-ci prit possession de la maison d’école. La grande pièce du rez-de-chaussée servit de salle de classe.
Cet instituteur était Jean-Louis Duchesne diplômé de Saint-Roch. Il commença sa carrière à la rentrée d’octobre 1846 et prit sa retraite en 1885.
Les garçons et les filles fréquentaient cette école. La classe s’ouvrait chaque jour à huit heures trente et se poursuivait jusque onze heures trente. Les cours reprenaient l’après-midi de treize à seize heures. C’était en hiver que la population scolaire était la plus forte. Parfois le nombre d’élèves dépassait les places disponibles sur les bancs étroits et serrés. Les appuis de fenêtres venaient alors bien à point pour s’asseoir. En été des enfants désertaient l’école pour s’occuper des travaux des champs. Mais petit à petit ces pratiques diminuèrent.
En 1858, une école de filles fut établie et dirigée par des religieuses provenant du couvent de Champlon. Cette école comportait le bâtiment situé aujourd’hui juste en face de l’ancien magasin Foidart et qui abritait jusqu’il y a quelques années des classes de l’école primaire.
A l’époque des religieuses, il y avait deux grandes classes : l’une au rez-de-chaussée, l’autre à l’étage. L’habitation attenante était le logis des sœurs. Les filles de toute la commune y venaient nombreuses pour y apprendre la lecture, l’écriture, le calcul ainsi que le tricot et la couture.
En 1879, suite à une nouvelle orientation politique, eut lieu un remaniement national de l’enseignement. L’école des sœurs dut laisser la place à une école officielle. Cela ne se fit pas sans remous. Beaucoup de familles renoncèrent à la scolarité de leurs filles plutôt que de les laisser fréquenter une école réprouvée par les autorités religieuses.
Une institutrice fut nommée : Jenny Duchesne. C’était une fille de l’instituteur en place à l’école des garçons. Elle avait fait ses études à l’Ecole Normale de Liège et, comme cela se faisait dans toutes les Ecoles Normales de cette époque, elle y avait reçu une éducation très religieuse. Elle a subi le sort de tous les enseignants qui remplaçaient le personnel des écoles confessionnelles écartées et elle fut par l’Eglise, excommuniée ainsi que toute sa famille. Chaque dimanche, à la fin de la messe à laquelle, suivant ses convictions, elle assistait malgré tout, elle entendait ces mots du prêtre : « Des écoles sans dieu et des maîtres sans foi… » et la réplique unanime, de l’assistance : « Délivrez-nous Seigneur. »
Peu à peu, la tolérance reprit ses droits. En 1880, les écoles primaires furent dotées d’un programme précis de l’enseignement à donner.
Dans sa préface, le Ministre de l’Instruction Publique s’exprime ainsi : « …le gouvernement belge, sous le régime de la loi de 1842 n’avait pas cru devoir arrêter un plan d’études pour les écoles primaires publiques…dans la plupart des communes, les instituteurs étaient restés seuls juges de la manière d’interpréter les dispositions légales sur la matière … Le gouvernement actuel a fait préparer un plan d’études propre à donner satisfaction aux besoins intellectuels et moraux des enfants qui fréquentent nos écoles primaires. »
Un tableau de la distribution hebdomadaire du temps (nombre d’heures de leçons et d’occupations) est établi. Les branches d’enseignement sont précisément indiquées ce sont : Morale, lecture – Langue maternelle – Ecriture – Calcul et système métrique – Histoire – Sciences naturelles – Gymnastique – Chant – pour les filles : Travaux à l’aiguille et, pour les garçons du 3ème degré : Notions d’agriculture et d’arboriculture.
En 1885, Jean Louis Duchesne prit sa retraite et son fils : Arthur Duchesne fut désigné pour sa succession à la tête de l’école des garçons.
Celle-ci a emménagé, à la fin de la décennie précédente dans un nouveau bâtiment jouxtant l’ancien, qui est devenu, lui, exclusivement l’habitation de l’instituteur. La classe, au rez-de-chaussée est spacieuse et haute et à l’étage les bureaux de l’Administration communale ont été installés.
En 1916, Arthur Duchesne cessa d’enseignement et son fils Arthur Duchesne prit la relève et enseigna jusqu’en 1957.
En 1917, Jenny Duchesne épouse de Léon Huberty partit à son tour à la retraite. Depuis son mariage, elle habitait le logement joint à l’école des filles, Elvire Huberty qui la remplaça jusqu’en 1945, resta célibataire jusqu’alors.
La commune construisit en 1930, une école à Strivay à la grande satisfaction des familles du hameau dont les enfants devaient accomplir, à ce temps là, à pied un long trajet pour fréquenter l’école du village. L’école à une classe regroupait les 6 années et était tenue et dirigée par Olga Leblanc épouse de Jules Leblanc qui fut pendant de nombreuses années secrétaire communal à Plainevaux. Madame Leblanc fut la seule titulaire de l’école de Strivay. Depuis lors, le bâtiment fut vendu et transformé en habitation particulière.
En 1931, une classe primo-gardienne fut ajoutée à l ’école communale des filles. Alice Lacrosse, épouse de Eugène Lambion en devint l’institutrice. Madame Lambion enseignait aux enfants des deux premières années primaires et à ceux de 5 ans. Les filles et les garçons des degrés moyen et supérieur fréquentaient, les unes, la classe de Mademoiselle Huberty, les seconds la classe de Monsieur Duchesne.
Extraits de presse concernant la guerre scolaire à Plainevaux 1880.
Griefs énoncés à l’encontre de JL Duschesne et sa famille et attaque contre l’administration communale.
Articles parus dans la Presse lors de guerre scolaire (1880-1885 ?).