Extrait du Journal La Meuse du 4/07/1925 JH. Comhaire
Lorsqu’en quittant le village de de la Neuville, on enfile la grande chaussée de Marche, Dinant, Rochefort, on remarque inévitablement à sa droite le vaste carré de constructions d’une ferme antique. C’est, au point de vue monumental, une des plus intéressantes et une des plus pittoresques . Un chemin perpendiculaire à la route vous amène à l’entrée, qu’un long pont de maçonnerie, jeté sur un ancien fossé défensif sépare.
Vous remarquerez d’emblée cette riche architecture, où la belle brique, si rouge, si tenace, si régulière qui se cuisait au bois, marie ses tons chauds aux tons marmoréens des clochets de calcaire, des encadrements en bois et des clinches, et aux tons variés des soubassements en grès ou « pîre d’avône », du pays condrusien. Les baies et les angles des murs sont à épais chaissêye irrégulier ; les linteaux portent l’accolade si élégants et qui caractérise le Gothique et le début de la Renaissance chez nous. Assurément, il y a eu, au cours des siècles quelques chambardements, – des « modernisations » diraient des gens sans goût, – de ces baies. Mais il en est resté d’assez intacts, voire avec leurs caniveaux, que pour nous donner une idée exacte de l’esprit primitif.
Dans la cour, contre le quartier du centre – celui-ci plus élevé d’assiette que le reste des constructions, – s’élève une magnifique tourelle octogonale, qui contient un large escalier suivant l’usage, avec un étage terminal surplombant en haut, et une flèche trapue d’ardoise, avec une élégante terminaison et sa girouette. Contre elle se remarque un petit oratoire ou chapelle familiale.
Cette riche métairie du début du 17ème siècle est l’œuvre d’un membre de la famille de Tiribu, éteint, je crois de nos jours, et dont l’église du lieu possède la sépulture avec sa riche dalle sculptée et armoriée.
On prétend que Napoléon 1er logea à la « Rodge Mohonne » ; je veux bien. Il est vrai qu’on prétend aussi qu’il s’arrêta longuement sous le pin sylvestre du parc central voisin, à son retour de Waterloo ( ?) . On prétend aussi que sa chaise de poste gravit le vieux thier d’Ivoz, au retour de la désastreuse campagne de Russie.
Notons, que la chaussée de Marche, venant de la Neuville, venant d’Ivoz du Bac du Prince à Seraing, de Liège, d’Aix de Cologne, était la route de France de nos ancêtres.