Ancienne institutrice de l’école communale de Rotheux
Madame Bourdouxhe a atteint l’âge de 90 ans cette année. Elle s’est retirée en France près de Châteauroux, depuis de nombreuses années. Elle y vit avec une de ses filles. C’est de là qu’elle nous envoie quelques notes de ses souvenirs.
Elle instruisit et éduqua les enfants de l’école communale de Rotheux-Rimière de 1941 à 1969.
Si nous devions personnaliser Madame Bourdouxhe en dehors de ses compétences pédagogiques certaines, ce serait la bonté, bonté profonde exprimée par un sourire bienveillant.
Elle a toujours eu le souci matériel du bien-être de ses élèves, vous remarquerez que dans sa première phrase, elle admire le courage des écoliers qui venaient des hameaux éloignés du centre du village, et parcouraient plusieurs kilomètres à pied, quelle que soit la température, avant de commencer leur journée à l’école.
Voici ce qu’elle nous écrit :
L’école avant la guerre
A Rotheux, il fallait être courageux, quand on habitait dans les hameaux, car la marche était le seul moyen de communication.
De Bonsgnée, de la Croix-André, du Bout-de-Rotheux, on apportait le casse -croûte: une cruche de soupe que l’épicière tenait au chaud. Des familles recevaient les enfants pour manger chez elles pendant le temps de midi.
Le grand-père ou la grand-mère amenait les petits jusqu’à la grille. Tous les matins, au signal, chacun prenait sa place dans les rangs, sous le toit du préau, on attendait. “Bonjour ma chère-soeur, bonjour mademoiselle “ et on entrait en classe avec la soeur St. François.
On apprenait à écrire sur l’ardoise avec une touche en pierre. Les petits remplissaient l’ardoise de lignes droites ou de ronds, quand c’était complet ils effaçaient avec un bout de tissu ou avec la manche du tablier au besoin, on crachait sur l’ardoise où la langue servait de lavette!
En fin d’année scolaire, c’était la distribution des prix. On invitait les parents et on présentait des chants et des petites saynètes sur l’estrade.
Au moins une fois par an, il y avait la visite de l’inspecteur cantonal, il entrait en classe et posait des questions au hasard pour tester l’état des connaissances des élèves.
Le docteur Souris recevait les écoliers dans un local approprié. Le vieux curé Les enfants venait s’assurer que les écoliers connaissaient leurs prières.
Dès que les jeunes pousses – les “herbizettes” – montraient le bout de leur nez, on allait se promener dans la drève noire du bois des Moges.
Quand j’ai eu mon diplôme, début des années 30, j’ai participé au recensement de la commune d’Anthisnes dont je suis native. J’ai ensuite fait des intérims à Rouge-Rimière (Ferrière). Je partais pour une semaine et logeais chez M. Gaspard (31-32), puis ce furent les remplacements à Rotheux, avec la Soeur St François. J’ai enseigné dans la classe de M. F. Lafontaine entre 1935 et 1939. Je logeais chez Maria et Joseph Beaumont, les cousins de celui qui allait devenir mon mari, G. Bourdouxhe, électricien et garagiste à Rotheux. J’ai commencé à l’école communale de Rotheux en 1941.