«Le Parchemin», n° 277, janvier février 1992, édité par l’Office Généalogique et Héraldique de Belgique, Musées Royaux d’Art et d’Histoire, Parc du Cinquantenaire, 10, à 1040 Bruxelles, dans à un article signé Comte Baudouin d’Ursel et intitulé «Henry d’Eynatten et sa famille», évoque des règlements de compte perpétré par Jean de Warnant, seigneur de Neuville-en-Condroz.
Jean de Warnant (décédé le 2.8.1627) était l’époux de Marie de Ceels. (voir « Histoire du château de Neuville-en-Condroz » – édition « Mémoire de Neupré » page 33).
Monsieur Paul DANGOXHE a retrouvé, aux Archives de l’Etat à Liège, les deux documents concernant ces affaires.
Vous trouverez ci-dessous un extrait de l’article paru dans « Les Parchemin ».
En 1614, Jean de Warnant tue le curé de Soheit et doyen d’Ouffet.
«… Une grande violence règne dans ce petit monde (N.D.L.R. de la noblesse); c’est le seigneur de Tinlot qui menace de son épée Jacques de Wayaux pour une pauvre affaire de préséance, c’est Nicolas de Surlemont qui reçoit un coup d’épée au genou
pour avoir voulu s’interposer entre le cuisinier du seigneur de Bomal et un soldat du château de Dinant, c’est aussi le chapelain d’Abée qui se fait attaquer par Henri Michotte, fils du mayeur, qui voulait récupérer le «sac» d’un procès qui s’était déroulé devant les seigneurs Vingt-Deux de Liège.
Il y a plus grave: en 1614, Gilles Doneux, curé de Soheit et doyen d’Ouffet, est tué d’un coup d’escopette par le neveu du seigneur de Tinlot1 , Jean de Warnant, seigneur de Neuville-en-Condroz. Le malheureux, qui «estoit tout nud sortant de son lict », reçut un coup «droict au fondement», deux coups sur la tête et un sur l’estomac. Le seigneur de Neuville dut quitter le pays; son exil fut d’ailleurs de courte durée puisqu’il obtint absolution de ce crime dès 1618. Il n’en était pourtant pas à son coup d’essai. En 1608, cheminant de Liège à Neuville et passant à Seraing, accompagné par le fils d’un certain capitaine Cabosse, il fit la rencontre d’un certain Jean Borgnet avec qui il se mit à trinquer. Il en était à ses paisibles libations quand survint son oncle, Arnould Borgnet, qui venait de perdre sa femme morte d’une maladie contagieuse dite la «correuse». On ne sait trop pourquoi, mais de fil en aiguille, Arnould en vint à injurier le seigneur de Neuville et à lui tenir des propos «lubricq»..»
«L’affaire s’envenima à un point tel qu’Arnould s’en ira quérir une «pertuisane» et en donnera un coup à la jambe droite du jeune seigneur, le «navrant grièvement à playe ouverte», poursuit l’auteur de l’article.
Il paraît que Jean de Warnant voulut s’esquiver mais, le chemin étant étroit et son cheval «fort en bouche», il n’eut d’autre alternative que d’abattre à coup d’escopette le malheureux Arnould. Les témoins affirmèrent qu’Arnould Borgnet était un homme irascible, de surcroît désespéré par la mort de sa femme, et certains l’auraient même entendu dire peu auparavant: «0 mordieu que ne trouve-je quelqu’un qui m’occise et me mist au fin de mes jours». En revanche, on décrit le jeune Warnant comme un jeune homme d’environ 20 ans, gentilhomme et cavalier d’honneur, «jamais famé d’avoir entrepris une querelle». Pour ces raisons, il ne fut condamné qu’à payer 100 florins à la partie offensée.
Quoi qu’il en soit, l’affaire du curé de Soheit permet d’avoir quelques doutes sur les vertus de Jean de Warnant et on serait plutôt porté à le considérer comme un dangereux énergumène…
1 Le seigneur de Tinlot est Jean d’Eynatten dont la sœur, Jossine d’Eynatten, avait épousé le père de Jean de Warnant.