Dans la correspondance de la commune de l’année 1830, on ne remarque pratiquement aucun changement, une seule chose occupe les esprits, « la chapelle de Strivay » !
Daniel Van Alken
Depuis plusieurs années, il en est question, les demandes fusent dans tous les sens, le dossier avance et les autorisations arrivent…
En sa séance du quatre janvier 1830, le conseil communal accepte le principe de cette chapelle… et en profite pour régler un différent avec le bourgmestre de Boncelles !
(J’en ignore la cause exacte !)
« Le conseil communal de la Commune de Plainevaux, extraordinairement assemblé par invitation préalable de Mr le Bourgmestre en suite de la lettre de Monsieur le commissaire royal du district de Liège N° 6692, en date du 7 décembre 1829, relativement à une demande d’autorisation faite par Mr Libert, rentier, pour l’érection d’une chapelle sur son propre fond et à ses frais, sauf quelques prestations promises par les habitants dudit hameau de Strivay.
Vu la demande formée par ledit Mr Libert par sa lettre en date du 25 novembre 1829 à la très noble et honorable Députation des Etats de la province,
Vu aussi la délibération du conseil de fabrique de la succursale de Plainevaux en date du 13 décembre 1829,
Vu aussi la supplique à Sa Majesté notre auguste Roi par le même conseil de fabrique en date du 29 août 1829,
Revu aussi notre délibération du 6 octobre 1829, ainsi que le rapport instructif de Mr Dumoulin, Bourgmestre de Boncelles en date du 15 novembre 1829,
Sommes d’avis ;
1. D’accepter aussi avec reconnaissance l’offre que fait Mr Libert d’ériger à ses frais une chapelle capable de contenir deux cents personnes et de pourvoir aux entretiens futurs de cette chapelle destinée à perpétuité à l’usage des habitants des hameaux de Grand Zée, Strivay, Rosière et Martin.
2. Nous consentons aussi à ce que Mr Libert fasse établir dans cette chapelle un banc particulier pour lui et sa famille.
3. Nous pensons que la dotation annuelle de trente florins des Pays-Bas est un peu faible pour la célébration de cinquante-six messes annuelles pour chaque jour de dimanche et des quatre fêtes commandées.
En nous référant néanmoins à ce qui sera statué à cet égard par les autorités supérieures.
4. Quant au rapport de Mr Dumoulin, Bourgmestre de Boncelles, nous repoussons formellement les expressions aussi inconvenantes qu’imméritées qui lui ont échappé: un régime communal qui se soumet à la décision de ses supérieurs ne mérite certes point les épithètes outrageantes d’égoïsme
Ainsi délibéré à Plainevaux le quatre janvier dix huit cent trente»
Les autorisations « remontent » la hiérarchie, Province, Evêché pour arriver au prince Guillaume d’Orange Nassau qui donne son autorisation légale le 11 mars 1830, comme le prouve le document.
La chapelle sera dédiée à Saint-Donat, protecteur de la foudre, en souvenir du terrible orage du 26 mai 1826.
1905 – 75 ème anniversaire de l’indépendance à Plainevaux
La fin du mois d’août 1830.
A Bruxelles, on s’apprête à aller au Théâtre Royal, dit de la Monnaie.
C’est ce 25 août que la représentation déchaîne un enthousiasme patriotique.
La révolution commence.
Les rues sont envahies par des bandes de jeunes gens qui vont casser les vitres du journal ministériel « Le National », mettre a sac le domicile privé du rédacteur et incendier l’hôtel de Van Maanen, ministre de la Justice et conseiller de Guillaume d’Orange.
Les autorités sont débordées, les troupes quittent la ville et une garde bourgeoise est constituée.
En Wallonie, la nouvelle se propage et la réaction est rapide.
Des milices armées sont formées de volontaires.
Plusieurs détachements en provenance de Liège sont déjà entrés dans Bruxelles le 7 septembre.
Les combats à Bruxelles de la fin du mois de septembre sont décisifs. En Flandre et en Wallonie la population se soulève, les places fortes sont abandonnées et la plupart des soldats belges incorporés dans l’armée royale désertent.
Le 4 octobre 1830, le gouvernement provisoire proclame l’indépendance de la Belgique.
Les deux premières années de l’état belge ne semblent pas avoir bousculé les habitudes de la commune, l’administration communale reste en place… enfin presque… !
Il vient, une fois de plus, d’avoir un changement de régime, que dis-je, un nouvel état! Il est normal que l’on (ré)examine les comptes de plus près. On va réorganiser, réglementer, assainir, s’occuper des communications, taxer et poursuivre…
Le premier qui semble en faire les frais est Charles Damry, receveur de la commune.
Ses comptes ne sont pas clairs du tout. L’argent ne rentre pas dans les caisses et en date du 22 juillet 1832, le conseil communal l’oblige à poursuivre les débiteurs de la commune.
Quelques extraits des registres du conseil communal.
Le 5 décembre 1832
Création d’une « sous commission sanitaire de santé»
En font partie: J.B. Lambert (le curé), H.J. Strivay, Marulin Château, Lambert Joseph Dispa, Delvaux (médecin)
But : Visiter les maisons, déterminer les causes d’insalubrité, donner des conseils et déterminer les travaux à faire.
Le 29 décembre 1832
Destitution du garde champêtre!
La commune se plaint du travail de Michel Fouillien, de plus, il vient d’être nommé garde particulier de Monsieur le baron de Serdobin (le beau-fils du général Loison). La commune propose 2 candidats à la place.
Le 14 février 1833
Dans une note relative aux troupeaux, on précise que « l’Arbois» est d’un usage de parcours très ancien, depuis les temps immémoriaux, pour les troupeaux.
Le 21 février 1833
On nomme le nouveau garde champêtre, c’est J. Pire, on vote une dépense de 6 F pour lui acheter la platine de cuivre, signe distinctif de sa profession.
On commande aussi six piques (lances, qui seront payées par l’état) destinées… aux patrouilles nocturnes.
(Il y avait eu précédemment une demande officielle de la commune pour récupérer l’insigne de Michel Foui/lien et les six piques mais certainement sans suite…)
Le 31 mars 1833
Observations du conseil communal:
- Les empiètements sauvages faits aux premiers jours de la révolution, époque à laquelle, on doit l’avouer, l’autorité locale n’aurait pu, sans danger, s’y opposer; attendu qu’elle aurait rencontré une résistance de la part des auteurs de ces actions!
- Les propriétaires de moutons n’ont pas le droit de parcours dans les bois communs.
- Il faut démolir les constructions illégales.
Mise en procès des usurpateurs de terrains (mai 1833).