En consultant la liste des noms de rue sur le plan édité par la Commune de Neupré, on peut localiser – ne serait-ce qu’approximativement – certains lieux-dits. Seule la Rue Grosse Pierre tire son appellation d’un endroit homonyme à celui cité ci-dessous.
En 1522, Baudouin de Mosbeux obtient l’autorisation de construire un moulin à l’endroit appelé GrossePierre, près du pré d’Abierheid, pré situé sous le village de Plainevaux1. Ce moulin sera érigé non loin de la Heid de Bioleux, le long du ruisseau qui fait séparation entre les seigneuries de Plainevaux et d’Esneux, Bonsgnée, La Grange, La Salle, Rotheux appartenant à cette dernière seigneurie. Il s’agit du ruisseau du Trou Bottin alimenté par la fontaine Pirgotte et les eaux du Bois de Rotheux.
En 1669, le moulin sera la proie d’un incendie et devra être reconstruit.
Le nom d’Abierheid étant progressivement tombé dans l’oubli au cours du XXe siècle, seules les archives confirment que ce lieu-dit longeait l’actuelle Rue du Ruisseau et était proche d’un four à chaux (« Chaffor« 2), de la Tesnière, de la Waide3, endroits situés non loin du moulin, ce dernier repérable sur la carte sous l’appellation « ancien moulin« . Ce moulin, entièrement démoli depuis peu, se situait en contrebas de la Route de Bonsgnée et de la Grand Route. L’étang artificiel (« stanche ») qui l’alimentait est encore visible.
En 1575, Baudouin de Pirapré érige un second moulin sur un terrain récemment acquis (Maronfontaine) à la Follerie, lieu où des foulons avaient déjà exercé leur métier.
Un endroit appelé Pawelhonmollin, attesté depuis le XIVe siècle et situé dans la direction de la Fine Pierre, nous laisse penser qu’il y avait déjà eu un moulin à peu près à la même place. Mais faute d’archives explicites …
Quoi qu’il en soit, il y aura dorénavant un « vieux moulin » et un « neuf moulin », ce dernier bâti « par dessoubs le vieux mollin ». Le nouveau se trouvait le long du Ruisseau de Plainevaux environ dans le prolongement de l’actuelle Rue Fine Pierre.
En 1621, ce moulin sera détruit, remplacé par le « neuf petit moulin » et légèrement déplacé. Dès lors, le « vieux moulin » deviendra souvent « le grand moulin » dans la bouche des habitants.
Les derniers vestiges du petit moulin disparaissent aux alentours des années 18904.
Les deux moulins de Plainevaux ont fait parfois l’objet de procès se rapportant avant tout aux cens et rentes qui les grevaient. Dettes ou redevances sous forme de setiers ou muids d’épeautre passaient de main en main; après quelques décennies, quelques décès, quelques partages d’héritage, quelques endettements supplémentaires, quelques remboursements, plus personne ne s’y retrouvait, obligeant les créanciers à de nombreuses recherches. Nous n’en ferons pas l’énumération.
Les charges et redevances sont par ailleurs parfaitement détaillées dans certains documents : (CJ Pl – Reg. 5 – n.p. – 01 juillet 1580) (CJ Pl – Port. 8 – Reg. a19 : 1610-1613 – fol. 16 … – 11 juin 1611) (CJ Pl – Port. 8 – Reg. a20 : 1617-1624 – fol. 1033 v/ …- 06 février 1623) (VSL – Reg. 173 – fol. 422 v/ … – vers 1680).
Il est tout à fait clair que, durant l’Ancien Régime, le moulin dit de Pirapré ou de Hout-si-Ploût n’était pas situé dans la seigneurie de Plainevaux mais bien dans celle d’Esneux : « le chemin … venant de Struvea et rallant au mollin de Xhoutsiplou » (CJ Pl – Port. 8 – Reg. a22 : 1626-1630 – fol. 87 v/ …– 26 août 1628) ; « le mollin … aux lieux de Fond de Marten dit Xhoutte sy Ploux n[otr]e haulteur [d’Esneux] » (CJ Esn – Reg. 23 – fol. 84 – 26 novembre 1635) ; report du moulin « condist de Xhoutsiploux » et d’ « ung preit … appellez Pirapreit« (CJEsn – Port. 68 – n.p. – 03 avril 1623).Le moulin que tenait « Baulduin fils de feu Martin Dembierier5 jadit moulnier a Pirapre« était dit en terre d’Esneux (VSL – Port. 163 – n.p. – 01 octobre 1574). De même, lors du rappel des conventions de mariage entre « Baulduyn fil de feu Martin de Ridoneu et Maroie fille Bon Johan de Plenneval » établies le jour de l’Ascension 1565, il est stipulé que Baudouin apporte en dot « le mollin de PirarPreit
[situé]
en la haulteur et s[eigneu]rie desseneux » (CJ Pl – Reg. 2 – n.p. – 10 mai 1570).
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Quelques repères
05 février 1380 (St-J – Chartes)
« Ysabeaul femme Mons[eigneur] Wilh[eam]e de Koir jadit ch[eva]l[ie]r … Johans et Gieles ses dois fis » cèdent à « Gerar delle Fosse » maison et terrains en différents endroits de Plainevaux : « deleis le bressine, [sur] le voie de Rosires, a Warchierhaie, alle Flahe, vers Striveaus6 sor le voie de Paweilhon molien, a Gilengotte, en Sanfora, en boys a Nuefpreit, alle Tasseniere, al voie de Rosires ».
27 septembre 1446 (St-J )
Voyez le document du 30 juillet 1703 : « sur la voie de Pauvilhonmollin« .
14 mai 1522 (VSL – Reg. 38 – fol. 55 …) (VSL – Port. 163 – n.p.) (VSL – Reg. 175 – fol. 286 …)
Autorisation d’ériger un moulin à Plainevaux
Thiry Hoen de Broeck7, seigneur de Plainevaux, cède à Baudouin (Balduin) de Mosbeux un terrain (« une pieche dheritaige« ) « estant a coir et au debout du preitDabihey8 vennant damont et vers la ville de Plenevaulx alle Grosse Pierre pour faire et ediffier sur ledit heritaige ung mollin« . Il lui concède également « puissance de pouvoir detourner des eawes vennants delle stange9 de ville de Plenevaulx ».
06 janvier 1530 (CJ Pl – Port. 1 – Reg. 1525-1534 – fol. 13 v/)
Thiry Hoen de Broeck échange à Baudouin de Mosbeux un demi bonnier « leHeÿetdabieheit« contre un demi bonnier « alle Tessenier joindant damont alle hierdave voye ».
22 juin 1531 (CJ Pl – Port. 1 – Reg. 1525-1534 – fol. 38)
Johan et Gielet, enfants de feu le Grand Pirard, cèdent à Baudouin de Mosbeux un demi bonnier de trixhe et terre « en lieu delle Heiddabieheit« .
21 février 1537 (VSL – Port. 163 – n.p.) (VSL – Reg. 175 – fol. 290 …) (Enregistré Ech Lg – 24 janvier 1536)
Closkin de Mosbeux et Baudouin de Mosbeux s’échangent le moulin de Plainevaux et « une maison jardin by mollin et assiese » situés à Ans vers Ste-Walburge.
16 mars 1543 (CJ Pl – Port. 1 – Reg. 1542-1543 – fol. 36 v/)
Baudouin de Mosbeux, fils de Closkin de Mosbeux, relève10 le « mollin de Plenevaulx ».
12 novembre 1544 (CJ Pl – Port. 1 – Reg. 1525-1534 – fol. 39 …)
Baudouin de Mosbeux vend à Hubert Vincent la maison qu’il habite à Plainevaux (ce n’est pas la maison attenante au moulin!).
06 février 1546 (CJ Pl – Port. 1 – Reg. 1543-1546 – fol. 61)
Winand de Rosière rend le moulin de Plainevaux à Henri Martinon.
30 janvier 1562 (CJ Pl – Port. 68 – n.p.) (CJ Esn – Port. 68 – n.p.)
Syon de Septfawes (de Septe Fauwe) cède à Guillaume Montelet une pièce de terre en La Salle « joindant alle Voie de mollin« .
31 août 1568 (CJ Pl – Reg. 2 – n.p.)
A la requête de Renier de Harzé, meunier de Plainevaux, le mayeur en ce cas étant Laurent Collard, un état des lieux du moulin est dressé, en présence de Collignon de Mosbeux et de Jean de Mosbeux, dit Jean Baudouin : « lediffices est en grand desert ».
15 décembre 1568 (CJ Pl – Reg. 2 – n.p.)
Coûts des réparations faites par Colle de Mollon.
01 mars 1569 (CJ Pl – Reg. 2 – n.p.)
Renier d’Aywaille, meunier de Plainevaux, donne le moulin à « stuyt local »11 à Jean Baudouin en présence du mayeur Vincent Bonjean.
02 novembre 1573 (CJ Pl – Reg. 3 – n.p.) (Enregistré à l’ Of Lg)
Jean, fils de feu Baudouin de Mosbeux l’ancien meunier de Plainevaux, reporte le moulin à Laurent Hoen, seigneur de Plainevaux.
23 janvier 1574 (CJ Pl – Reg. 3 – n.p.) (Enregistré à l’ Of Lg -18 avril 1573)
Collignon de Mosbeux et Pascal delle Grange obtiennent de Laurent Hoen, seigneur de Plainevaux, le moulin.
01 octobre 1574 (VSL – Port. 163 – n.p.) (CJ Pl – Reg. 3 – n.p.) (VSL – Reg. 175 – fol. 280 …)
Collignon de Mosbeux, meunier, rend le moulin à Baudouin de Pirapré, fils de feu Martin Dembierier, autrefois meunier à Pirapré, en terre d’Esneux.
14 mai 1575 (CJ Pl – Reg. 4 – fol. 53 …) (VSL – Reg. 175 – fol. 276 …)
Baudouin de Pirapré, meunier de Plainevaux, reçoit de Jean le Drapier (Jean le Drappier de Striveau) « la droicte moitiepart de la Follerie codeawe et assieze avec ses aisemances et appartenance … en lieudit Maronfontaine« .
12 novembre 1575 (CJ Pl – Reg. 4 – fol. 55) (VSL – Reg. 175 – fol. 276 …)
Léonard (Lynard), fils de feu Corbeau de Strivay (Corbea de Strivea),cède à Baudouin de Pirapré une pièce de pré en Maronfontaine.
10 décembre 1575 (VSL – Port. 163 – n.p.) (CJ Pl – Reg. 4 – fol. 56 …) (Enregistré CJ Esn)
Erection d’un nouveau moulin là où Baudouin de Pirapré a repris le « coup d’eau » sur le pré de Maronfontaine
Le mayeur Collard Mot, au nom de Laurent Hoen, seigneur de Plainevaux, accepte, tout comme Collignon de Mosbeux, que Baudouin de Pirapré, meunier habitant le vieux moulin de Plainevaux (« le viel mollin en quel ledit Baulduyn p[rese]ntement habitte »), érige un nouveau moulin. Collard Mot constate « coment il (Baulduyn de Pirard Preit) estoit intentione faire construire et erigier ung mollin ou uzinne en n[ot]re haulteur12 en lieudi alleFollerie et que faire ne pouvoit sans prealable conge et licence dudit S[eigneu]r et mesme dudit Collengnon [de Mosbeux] ce a raison que lesdits s[eigneu]r et Collengnon ch[acun] en soy equalite ont rente affectee sur le viel mollin13« .
23 novembre 1577 (CJ Pl – Reg. 4 – fol. 147)
Baudouin de Pirapré achète à Collard de Hony une pièce de terre à la « Follerie presdunoeffemollin« . Ledit Collard pourra détourner les eaux sur son pré quand le moulin ne tourne pas.
12 avril 1578 (CJ Pl – Reg. 4 – fol. 165 …)
En présence du mayeur Vincent Bonjean, Maroie, veuve de Noël Marteau et fille de feu Baudouin de Mosbeux, renonce en faveur de ses enfants aux huniers et vicaries14 qu’elle pouvait avoir sur la maison de son père. Eux-mêmes la reportent à Jean de Mosbeux, dit Jean Baudouin, leur oncle.
12 décembre 1579 (CJ Pl – Reg. 4 – fol. 251…)
Jeanne, fille de la précédente, exhibe le testament de sa mère daté du 20 février 1579.
01 juillet 1580 (CJ Pl – Reg. 5 – n.p.)
Aylid, veuve de Collignon de Mosbeux, renonce aux « huniers et vicariesErreur : source de la référence non trouvée quelle avoit et avoir pouvoit az deux mollins vieulx et noeff dudit Plenneval qui ja furent partenant a son feu marit » en faveur de ses enfants Jean et Baudouin. Ceux-ci reportent les deux moulins à Collard le Meunier, fils de Collar Laurent.
Dans ce document, les charges sont parfaitement détaillées.
04 juillet 1580 (CJ Pl – Reg. 5 – n.p.)
Suivant la requête de Collard le Meunier, « Johan de mollin de Nandren et Jo[han] Mardelle jad[it] moulnier audit mollin » dressent un état des lieux du « viel mollin« et du « noeve mollin« . Ils sont trouvés en assez bon état.
07 octobre 1581 (CJ Pl – Reg. 5 – n.p.)
« Collar fil naturele Collar Lauren moulnier » reporte « les deux mollins vieulx et nouvea dudit Plenneval (qui ja furent partenant a feu Collengnon de Mosbeux ja moulnier audit Plenneval) a Pierson fil Grigoire de Tro ossi moulnier ».
15 septembre 1582 (CJ Pl – Reg. 5 – n.p.)
François Thonnet cède à Johan Dembiermont un demi bonnier « en lieudit a Pawelhonmollin joindant ver Moese a tiege … « .
01 juillet 1585 (CJ Pl – Port. 7 – Reg. a17 : 1594-1602 – n.p.) (CJ Pl – Port. 6 – Reg. a15 – 1588-1593 – n.p.)
Collard le Meunier reçoit de Hubert Thonnet « une piece de terre en lieudit a Pawelonmollin joindant vers Moese a tiege de mollin ».
05 novembre 1585 (CJ Pl – Reg. 5 – n.p.)
Pirson de Trooz, ancien meunier de Plainevaux, reporte « les deux mollins vieulx et neuff« . Collard delle Vaux, meunier à Plainevaux, « en est advesty et adherite » en présence du mayeur Henri delle Haye.
11 janvier 1586 (VSL – Reg. 175 – fol. 279)
Dans ce document est mentionné le « mollin … joindant lintegralite damontaun ruisseau faisant separation de la terred’Esneux et Plenevalx« .
23 mars 1587 (CJ Pl – Port. 6 – Reg. a13 : 1586-1587 – n.p.)
A la « requeste » de Collard le Meunier, Jean Mardelle et Vincent Bonjean « come congnisseurs » dressent un état des lieux du vieux moulin. Il est « en grande caducite », « le mure … [est] en une partie tombe » et « le vivier … [est] tout plain d’ordure piere terres souckis (?) a netoyer ». Ledit Collard demande à Jean de Warnant, mayeur en ce cas, l’autorisation de procéder à des réparations.
11 avril 1588 (CJ Pl – Port. 6 – Reg. a13 : 1586-1587 – n.p.)
Gilles de Beche présente sa facture concernant des fournitures de bois pour une annexe (« une addition ») à la maison du moulin. De même Lambert Collard, Roland Henry et Piron Pirard.
06 octobre 1588 (CJ Pl – Port. 6 – Reg. a15 : 1588-1593 – fol. iii)
… « Collar le moulnier dudit Plennevalx en lieudit a Noefmollin haulteur dudit Plennevalx asse pres de la Follerie … « .
17 mars 1588 (CJ Pl – Port. 6 – Reg. a15 : 1588-1593 – fol. vi)
… « Collar fil naturele Collar Lauren n[otr]e confrere p[rese]ntement moulnier audit Plenneval (doit) sur les deux mollins … « .
08 juin 1589 (CJ Pl – Port. 6 – Reg. a15 : 1588-1593 – fol. 92)
… « le mollin q[uon]dist le noeve mollin … « .
26 janvier 1596 (CJ Pl – Port. 7 – Reg. a17 : 1594-1602 – n.p.)
« En lan du trespassement de sa mere », Laurent, fils de Baudouin de Pirapré et de Maroie Bonjean, a « devant les eschevins de Liege fait cesser une saisinne à la poursuite de feu Collengnon de Mosbeux, pere audit Jean [Collignon] contre ladite Maroie sur les deux mollins vieulx et nouvea« .
Laurent et Hubert, enfants de feu Baudouin de Pirapré et de Maroie Bonjean, quittent leurs actions sur les moulins. Jean Collignon et Senton (veuve de Collard le Meunier) peuvent demeurer dans les deux moulins moyennant une certaine somme d’argent.
à suivre…