18/11/2006 – Visite guidée pour Mémoire de Neupré, à l’initiative de E. Brenna et A. Dumoulin.
(Guide: Mme Lespagnard)
Qui
n’a pas traversé le centre de Seraing sans imaginer le caractère
historique qu’il cachait: l’Hôtel de Ville, sa place, la statue de
John Cockerill, le Château et l’Eglise primaire..? Tous sont chargés
de passé. Une matinée ensoleillée nous a paru courte pour visiter
ces différents sites.
Seraing est millénaire. La bourgade a traversé les époques gallo-romaine, franque… pour s’épanouir à la faveur de sa situation privilégiée en bord de Meuse dès le XVIIe siècle. On retrouve déjà un certain Thiry Tabaréal, « saignor de Seraing », lors des guerres d’Awans et des Waroux au XIIIe siècle. L’appellation actuelle viendrait de « Saran » ou « Saring », lieu d’une exploitation agricole vers 956. On retrouve les dénominations de « Serang « (1147), « Serayng » (1151), « Sereng » (1246), « Serangne » (1298) et « Serey » (1598). N’ont-elles pas des consonnances tant françaises que wallonnes? L’orthographe actuelle fut arrêtée le 2 nivose an IX (23 décembre 1800) par le conseil municipal.1
Seraing doit tout à la Meuse, trait d’union entre France et Pays-Bas. Elle tirera un profit maximum de son fleuve et de sa situation lorsque John Cockerill, en 1817, crée une usine métallurgique et érige le premier haut-fourneau. D’autres industries s’implanteront bientôt (zinc, laminoirs…) créant une immense interactivité entre-elles et tirant profit de la facilité des transports fluviaux. Une population toujours plus nombreuse s’installe à la périphérie des industries. Seraing, cité industrielle est née.
L’Hôtel de Ville, tel que nous le connaissons aujourd’hui fut aménagé en 1867. A l’origine, c’était un ensemble de bâtiments à vocation agricole, habitation de l’ancienne ferme « Colard-Trouillet », dont une partie a disparu. La construction actuelle était, à l’origine, un bâtiment en « L » de style mosan. Les traces d’aménagement en immeuble rectangulaire sont encore visibles sur certains murs extérieurs. La façade arrière porte la marque du niveau atteint par la Meuse lors des inondations de 1926. L’intérieur, de style sobre, comporte un escalier monumental en bois, bureaux et salles de réunions à l’abord plutôt austère. Tableaux et œuvres d’art diverses évoquent l’activité industrielle de la ville et de son fleuve. Sur la place, face à l’Hôtel de Ville, la statue de John Cockerill, inaugurée en 1871, est flanquée des quatre symboles majeurs de la ville: le houilleur, le mécanicien, le puddleur et le forgeron. Au pied de la statue, sa tombe où furent rapatriés ses restes en 1947.
Une colonnette en pierre (retrouvée ailleurs dans l’entité de Seraing) rappelle des niveaux atteints par la Meuse lors des différentes inondations. L’église décanale, place Kuborn, fut inaugurée en 1713. Son origine remonterait au Xe siècle: une chapelle maintes fois remplacée et agrandie suite à l’accroissement constant de la population. Seule subsiste de l’époque romane, une tour de pierre grise calcaire, accolée au chœur (cette tour n’est pas accessible aux visiteurs mais possède un accès dérobé à l’église).
L’édifice dont le volume intérieur surprend, est marqué d’une influence baroque (le chœur) et évoque les ferveurs surannées des siècles passés. Les fonts baptismaux sont remarquables. Datant du XIIe siècle, ils rappellent fortement ceux de Saint-Severin-en-Condroz dont ils sont contemporains.
Le château Cockerill, situé en face et en contrebas du pont actuel sur la Meuse, ne révèle pas ses origines lointaines. La « paix de Seraing » y fut signée le 20 août 1307, sous Thiébaus de Bar, Prince-Evêque de Liège. Elle consacrait les droits politiques des « Bons Métiers« 2. Il fut la résidence et le château de plaisance des Princes-Evêques de Liège. Hôpital à l’époque napoléonienne, devenu propriété de Guillaume Ier des Pays-Bas, il fut acquis en 1817 par les frères Cockerill, pour appartenir exclusivement à John en 1823.
Le château abrite actuellement l’administration de « C.M.I. »3. Ce château a fait l’objet d’une visite de Mémoire de Neupré en 2005.
La visite se termine par l’une des principales Stations de Pompage, située quai Sadoine, et permettant de pallier les inondations et débordements des nappes phréatiques, importantes en cette partie de la vallée de la Meuse.
1 www.seraingautrefois.org/château_cockerill.htm (y compris illustrations)
Documentation : Service de la Culture et du Tourisme de Seraing
2 F. Henaux Histoire du pays de Liège – Desoer 1874
3 CMI = Cockerill Manufacturing Industry