Jacques Defays le 9 septembre 2009.
Ce printemps, l’une des ballades mensuelles organisée par l’Administration Communale nous permit de visiter la Réserve Naturelle du Rognac sous la conduite de monsieur Philippe Destinay, le botaniste attaché à la Réserve.
Au voisinage du sentier conduisant à la passerelle qui enjambe le ruisseau de la Neuville, en contrebas de la propriété de monsieur Thys, l’œil attentif d’Edouard David repère deux grosses pierres couvertes de mousse.
Philippe Destinay et Jacques Defays en plein effort
Suspectant être à l’emplacement du « petit moulin » figurant sur la carte de Ferraris et sur les anciens plans cadastraux en aval du « grand moulin », avec l’accord du conservateur de la réserve, un trio d’archéologues amateurs (constitué de P. Destinay, E. David et J. Defays,) est retourné inspecter le site fin juillet.
Qu’avons-nous découvert ?
Les deux pierres une fois nettoyées montrent les stries caractéristiques des meules. Les faces sont toutes taillées, il ne s’agit donc pas d’une meule brisée. Les mesures relevées permettent de reconstituer le plan d’une meule dont les deux pièces retrouvées constituaient environ 2/3 du volume total. Les dimensions caractéristiques ont ainsi pu être estimées avec une bonne précision :
Diamètre extérieur : 152 cm
Diamètre intérieur : 32cm
Epaisseur : 28 cm
Volume : 500 dm³
Poids approximatif : 1250 kg
Les encoches centrales indiquent qu’il s’agit de la meule supérieure, les encoches recevant les fers permettant de suspendre la meule et de la faire tourner au dessus de la meule inférieure fixe.
Extrait du plan Popp vers 1830.
Que sont devenus les autres morceaux de cette meule et la meule inférieure ? Sans sondage ou fouille du sol, l’exploration des lieux ne nous a pas donné d’indice à ce sujet mais a confirmé que nous étions bien à l’emplacement présumé du petit moulin.
En effet, à une dizaine de mètres vers l’ouest à partir des morceaux de meule nous repérons le bief du moulin avec un brusque dénivelé d’une hauteur de 3 mètres à l’endroit où devait tourner la roue à aubes du moulin.
Vers l’amont, le bief rejoint le grand moulin dans la propriété de monsieur Thys, mais à ce niveau le bief est aujourd’hui comblé.
Vers l’aval, le bief court en s’élargissant à l’approche d’un petit barrage en pierres appareillées dont la surverse rejoint le lit principal du ruisseau de Neuville à une bonne centaine de mètres du petit moulin. Jeanine Piron et Georges Fraiture nous confirment qu’enfants, ils nageaient dans « la goffe », ce bassin de 80 cm de profondeur créé par ce barrage.
Eléments de la pierre de meule.pierre de meule.
Vu la situation très encaissée du vallon, en sous-bois très dense, l’onde était toujours très froide …brrr … mais c’était la seule piscine à une époque où on n’avait que sa petite culotte pour maillot !
Une trentaine de mètres en amont du moulin, un canal de dérivation permettait probablement de réguler le débit d’eau vers la roue. Il débouche dans un petit bassin de 35 m² situé près des morceaux de meule entre le moulin et le cours principal du ruisseau dont il n’est séparé que de 4 mètres.
Plan du site
Ce bassin bordé de pierres appareillées servait probablement de vivier. Il est aujourd’hui fortement envasé et nous envisageons de le curer avec l’espoir d’y découvrir d’autres vestiges, dont les parties manquantes de meule.
Les meules, leur fonctionnement et le réglage de la mouture. Dessin F. Chantry 1986
F Meule gisante.
E Meule courante.
En attendant, les deux parties de meule ont été nettoyées et relevées pour les mettre bien en évidence.
Petit moulin de Neuville. Détail de la meule courante et des encoches permettant l’entrainement de celle-ci.