Né le 15août 1915, Albert Hansenne nous quittait le 12 janvier 2010.
Témoignage de Jean Pascal d’Inverno.
On ne peut accompagner Albert jusqu’à sa dernière demeure sans évoquer le citoyen Albert et l’homme public qu’il a été et sans évoquer le qualificatif qui est le sien : fidèle.
Fidèle à l’ensemble de ses engagements.
Fidélité d’époux, de père, fidèle jusqu’au bout à ses convictions philosophiques et politiques …convictions qu’il voulait au service de tous et des plus humbles, en particulier.
Fidèle à sa Commune, Rotheux, d’abord, dont il fut le dernier maïeur mais aussi l’employé responsable du ravitaillement durant l’occupation …
Fidèle à sa patrie et au Roi. D’abord, comme aspirant officier chez les carabiniers cyclistes, il fit, en 1940, toute la campagne des 18 jours n’arrêtant de combattre qu’à l’appel de Léopold III à un moment où chacun, dont lui, avait donné le meilleur de lui-même pour défendre le sol national, aujourd’hui fédéral, vaincu par une armée supérieure en nombre et en matériel.
Toute sa vie, ensuite, fidèle au combat pour le devoir de mémoire, ainsi malgré son grand âge il était encore avec nous le 11 novembre dernier, toujours le premier à remercier les jeunes et à s’émouvoir de leur présence. Toujours présent pour égrener, l’un après l’autre, année après année, les noms de ses frères d’armes ou de déportés mort pour la patrie.
Albert, pour cette fidélité, merci.
Témoignage de Michel Hansenne.
Oncle Albert.
Les qualités qui viennent d’être rappelées ne concernent pas que l’homme privé, on les retrouvait aussi chez l’homme public. Elles lui avaient valu de recevoir un appui chaleureux de ses concitoyens qui avait fait de lui le dernier bourgmestre de Rotheux.
Six ans plus tard, il aurait du être le premier bourgmestre de Neupré. Je me souviendrai toujours du lundi qui suivit les élections. Il vint me trouver et me dit :
« Je ne serai pas bourgmestre, cela créerait trop de tensions inutiles ». Au risque de décevoir certains, il s’est donc effacé pour que les premiers pas de la nouvelle commune s’effectuent dans la sérénité1.
Dans un de nos Cahiers de Jadis nous avions repris l’interview d’ Albert Hansenne sur la période tragique de la guerre 1940-45. Il nous avait fait le récit suivant :
« Je suis employé à l’Administration Communale de ROTHEUX-RIMIERE en décembre 1944 comme employé communal chargé du Service de Ravitaillement.
Pour les 950 habitants de la commune à l’époque, le document de base était la carte de ravitaillement dont un volet était constitué de 12 coupons que l’on détachait chaque mois pour obtenir les timbres de ravitaillement. Cette distribution se faisait à des jours et heures fixés à un membre de chaque ménage. Sur chaque feuille de timbres il y avait des numéros dont chacun correspondait à une denrée (le 1 pour le pain, le 2 pour le café, le 3 pour les matières grasses etc …)
Chaque mois était publié le TABLEAU DE RAVITAILLEMENT qui fixait la quantité attribuée à chaque timbre et que l’on attentait toujours fébrilement afin de voir si les rations n’étaient pas un peu améliorées.
Ces timbres étaient remis aux détaillants qui les rentraient au Service et c’est en fonction de ceux-ci que celui-ci établissait les commandes auprès des grossistes.
Une autre tâche du Service était de communiquer aux producteurs de céréales de même qu’aux éleveurs d’animaux (ils étaient une centaine à cette époque) la quantité de céréales, viande ou lait à fournir aux autorités. Je me souviens que le 6 juin 1944 qui était un mardi c’est en venant apporter leur quotité de beurre que beaucoup apprirent le débarquement de Normandie
Tous ces travaux (établissement des cartes de ravitaillement chaque année bons pour chaussures, pneus etc…) se faisaient à l’aide de porte plumes réservoirs car le bic n’existait pas à ce moment.
A la rentrée du gouvernement belge le ravitaillement fut maintenu jusqu’en 1948 au moins. Je travaillais sous les ordres de Mr. de Laminne, Bourgmestre, et de Mr. Oscar Lecrenier, Secrétaire communal. »
1 Précision de Marc Hansenne – Pour la première élection communale de la commune fusionnée, une liste « Neupré Uni » avait été constituée. Elle comptait dans ses rangs, les bourgmestres de Neuville, Plainevaux et Rotheux.
Il était convenu que si la liste était majoritaire, deviendrait bourgmestre, le bourgmestre des anciennes communes, ayant obtenu le plus de voix de préférence. Mon père l’emporta de près de 50 voix (si mes souvenirs sont bons), il devait donc devenir bourgmestre. Face à ce résultat des menaces de dissidences apparurent dans la majorité. C’est ainsi que mon père choisit de s’effacer.