Un siècle d’histoire anecdotique de la Neuville-en-Condroz de 1840 à 1940.
Ca y est? Reposé? Alors en route vers le « Pont des Vaches ».
Nous laissons sur notre droite le bel « arvô, ouss’ qu’on s’mète à houte po lèyî passer l’plève » (ce fut en son temps une brasserie) et nous arrivons en face de l’école des filles, une école qui n’a pas été bâtie sur le plan classique du Ministère (36); elle sert actuellement de bibliothèque, de local de pensionnés, classe de coupe-couture, salle de réunions pour le comité de quartier, ….
A mon avis, c’est la récréation, j’entends des chants, écoutez: « Chantez en coeur, jeunes fillettes…… car c’est la fête de Rosette….la fille au bois……« . Approchons-nous. Dans un coin quelques filles « potent« ; c’est Justine qui compte: serait-ce « Cara,mutte,flute…« ? Non. Est-ce « Pim,pom,d’or à la violette, pim pom d’or, tirez-moi dehors..« ? Non, alors c’est peut-être » Frédérique, tic tic, dans sa p’tite boutique »……Il y a aussi: « Am stram gram « …..
En voilà qui jouent au mouchoir et d’autres là, à la posture, dans ce coin-ci, c’est à l’élastique et celles-là « au courir« , ou à la corde, au tas, à la chaîne (gare à celle qui est dernière).
Pour les tas (la marelle) il y en a de deux sortes soit 3 fois 2 carrés, soit 1,2,1,2,1 puis le paradis. Mais chaque saison a ses jeux et en été ce serait plutôt à la bague de la reine (Cachez bien ce que je vous donne….) ou aux métiers. Mais voilà Madame qui tire la chaîne de la cloche; laissons les enfants rentrer en classe et continuons.
Nous arrivons à la forge de chez Fernand le frère de Victor le meunier. Dans le trottoir on peut encore voir une partie du cercle de fer où le forgeron sertissait les roues de chars. C’est lui qui a réalisé la grille des fonts baptismaux de l’église.
Tout à côté, actuellement « Au péché mignon » (tout un programme) c’était une menuiserie dont la façade a été fortement modifiée après un incendie, l’avant dernier en date; les pompiers qui ne disposaient pas de bouches à incendie (les conduites d’eau ne datent que de 1955) sont allés puiser l’eau à l’étang de la Maison rouge.
Enfin après chez Ghyst dont la maison est joliment restaurée, nous avons le moulin Clermont au 71 daté de 1712 . Il possédait un moulin à gaz qui, en explosant, a lui aussi bouté le feu à la maison.
En face une très belle maison de 1771 appelée actuellement « Le Relais » (parce qu’elle héberge des enfants d’un milieu peu favorisé en attente de réinsertion) avec un bout de jardin et une gloriette.
Et nous revoici devant la maison communale.
Alors descendons vers le « Pont des Vaches« . Curieux cet endroit non pas par son nom qui s’explique par lui-même, mais par sa géographie politique: figurez-vous que dès que vous amorcez la descente, juste après le bloc des maisons sur la droite vous voyez une grosse borne à tête triangulaire marquée d’un côté par la lettre N (comme Neuville) et de l’autre, par la lettre E (comme Ehein); c’est à partir de là que toutes les maisons à droite de la chaussée de Marche sont situées sur Ehein et celles de gauche, sur la Neuville jusqu’à une grande bâtisse tout en haut de la côte et qui est coupée en deux à hauteur de la porte d’entrée par la limite des communes.(38)
Juste avant cette borne, un bloc de maisons situé donc sur Neuville : c’est là qu’habite Mademoiselle Lucie qui fait des tricots-machine sur mesure. Tout à côté, un agent de change, Marcel puis c’est chez Nicolas, le peintre en bâtiment qui a repeint l’église et à l’arrière habite le fossoyeur Ruelle.Joignant cette maison et le sentier qui rejoint le Bida en passant derrière la ferme, se trouve un abattoir de porcs, c’est chez Victor: il s’agit d’un petit appentis de tôles montées sur un soubassement de pierres.
Le sentier qui, après le Bida, rejoint le cimetière est emprunté surtout avant la Toussaint, par les dames du Pont des Vaches lorsqu’avec leurs seau et brosse, elles veulent aller nettoyer une tombe et qu’elles ne sont pas assez « bien mises » pour traverser la Pavée.
Deux cents mètres plus bas après la borne, donc sur Ehein, juste avant le pont à main droite, vous avez la petite épicerie de chez Chatelain: sur le trottoir, le dimanche, on joue aux quilles en plein air et … à l’occasion on y boit la goutte. C’est aussi le Café des Sports tenu par Félicie et sa fille Alice. N’est-ce pas cette même Alice qui vous vend sa délicieuse « pot-kèse« , une maquée de ferme qui a du goût? Tiens, ce nom « Les Sports »? Mais bien sûr, c’est derrière la maison que se trouve le terrain de football. C’est ici aussi que se croisent les marchands de bestiaux et de bois ainsi que les messagers.(39)