4ème partie.
La pose du tronc sur le hourd est une opération importante et délicate. Pour cela, on se sert généralement de deux gros bois nommés « chargeoirs » que l’on place sous le tronc afin de lui donner une inclinaison oblique. Les « chargeoirs » ont environ quatre mètres de longueur suivant la grosseur du bloc surtout la hauteur à atteindre et la pente du sol. On fait alors rouler le tronc sur d’autres bois disposés tels des rails à l’aide d’autres bois servant de leviers. Le tronc est ainsi déplacé jusqu’aux « chargeoirs ».
« On pousse alors le tronc à la main sur le plan incliné constitué par les « tchèrdjeûs » (chargeoirs). Cette opération, parfois pénible, est facilitée par l’existence de faces équarries, qui forment arrêt: « on s’pout r’haper » (on peut reprendre haleine). Il faut du reste agir sans brusquerie, pour ne pas faire tomber le tronc dans la fosse. Quand le bois est trop lourd, on pousse d’abord quelque peu un des bouts, on le cale, puis on pousse l’autre bout qu’on cale aussi, avant de se remettre à pousser le premier, et ainsi de suite »1.
Une fois le tronc posé sur le hourd, l’étape suivante consiste à régler et à caler ce même tronc. Pour cela, le bloc doit être mis d’aplomb.
Celui-ci est vérifié au fil à plomb en se servant de la ligne tracée sur la tranche de l’arbre se trouvant du côté de la traverse fixe. Le tronc est calé à l’aide de coins, puis il est attaché à la traverse fixe à l’aide de happes ou « agrapes » (agrafes). Elles sont au nombre de quatre, cinq ou six, selon la grosseur du tronc. Il s’agit de sortes de crochets ou de crampons doubles servant également à lier deux pièces de charpente2.
« Les agrapes (…) sont enfoncées derrière le tronc, de la base du bois (…) et dans le flanc de la traverse, ayant leurs pointes dans l’axe longitudinal du hourd, et placées entre les traits de façon à ne pas toucher la scie (…). »3
En fin, on place le reculoir, d’une part, sur l’extrémité de l’arbre à scier, et, d’autre part, sur un des barreaux de l’échelle fixe.
Le prochain article sera consacré aux outils du scieur de long en général, et à la scie de long en particulier.
Alain-Gérard KRUPA.
1 voir: LEGROS, Elisée, Le scieur de long en Ardenne liégeoise, in Bulletin des Enquêtes du Musée de la Vie Wallone, n43-44, tome IV, pp. 213-254.
2 Le terme de « happe » signifie aussi un demi-cercle de métal qui protège de l’usure chaque extrémité d’un essieu de charette.
3 LEGROS, Elisée, Op.cit.