Anno 1736
« Le 3 février, il arriva que Jean delle Tour, manant de Limont, fit une gageure de boire une bouteille de brandevin à deux coups. L’ayant bu, il fut excité à vomir, mais ne l’ayant pu vomir avec tous les efforts qu’il put faire, tous les assistants se sauvèrent et le laissèrent seul quelques temps. Par compassion quelques-uns se hasardèrent de rentrer dans la maison on ils le trouvèrent tellement dépourvu de raison qu’ils prirent la résolution de le porter dans une étable de brebis où ils le couvrirent de draps couverts de fumier pour le réchauffer et puis on envoya Thiry Philippe Hubin pour me prier d’aller le voir mais ayant ouï son rapport, je ne jugeai pas à propos de m’y rendre, je lui dis pourtant d’appeler mon vicaire maître Pierre Nicon qui y demeura jusqu’à la nuit pour contenter les parents qui ne voyant aucun signe de vie, jugea avec les présents qu’il était mort, tellement que revenu, il me dit qu’il le croyait mort. Le lendemain matin, jour de dimanche, l’on me dit qu’il était mort et qu’on avait enlevé tous les meubles pendant la nuit pour les mener dans une autre seigneurie et que tôt le matin, on avait ordonné au capitaine du ban de la Chapelle, au nom du seigneur du lieu, d’y mettre une garde jusqu’à ce que ledit seigneur en eut ordonné. Le 4 dito, le maveur informer fit enlever le cadavre par le sergent, le 6 il fut visité par deux chirurgiens en présence de la justice qui déclarèrent de ne trouver aucune partie noble offensée et, la dessus, le mayeur fit retirer les gardes et, le lendemain, son beau-frère N Dodi (?) et sa belle-soeur, mariés à Pleneval vinrent me dire de vouloir l’enterrer. Ne les connaissant, je leur demandai l’attestation des chirurgiens qu’ils disent ne pouvoir chercher et que si je ne voulais pas l’enterrer ils le feraient transporter ailleurs. Sur les onze heures et demie, est venu Thiry Philippe Hubin, beau-frère dudit Jean del Tour qui m’a rapporté que sur la visite des chirurgiens l’officier avait ordonné aux gardes de se retirer et de mettre le cadavre dans un cercueil pour l’enterrer, ce qu’il m’a demandé et que je lui ai accordé puisqu’il devait être mort comme subitement et a été enterré dessous la fenêtre de la chapelle ce sept mars 1736 ». (février)
Seigneurie de la Chapelle Acte de décès de Jean delle Tour,
survenu le 3 février 1736 (Registre paraoissiaux Tavier, rég. 3, fo320)