Neuville-en-Condroz
19-05-1859 / Bruxelles 12-12-1924
Par Marie BIHET
Depuis le 16ème siècle les DEMBLON habitaient le pays de Gervagne (Ouffet/Tohogne) où coule le Néblon, dont l’appellation aurait donné naissance à ce nom patronymique1.
En 1851, Henri, le grand-père de Célestin, venant de Nandrin, s’installe, avec ses 10 enfants, à la ferme du Sart-le-Diable, aux confins de Neuville-en-Condroz.
En 1858 un des fils, Hubert, cultivateur, épouse à Neuville Clémentine Charlier et c’est à Neuville, dans l’ancien presbytère, que Célestin voit le jour le 19 mai 1859. Sa scolarité débute à l’école du village, mais se poursuit Aux Awirs (Chokier-1867) où il a suivi sa famille. Il est un excellent élève mais « impressionnable, et fier, tour à tour gai et mélancolique, rêveur et passionné, tendre et belliqueux, sincère, expansif et pourtant ami du mystère et de la solitude, écrit-il, j’aimais surtout mon indépendance, les prés, les champs, les eaux, les exercices physiques et les courses sur les rocheuses collines boisées entourant le château d’Aigremont »
Il affectionne le dessin et la lecture, en particulier les romans de Walter SCOTT. Il passera cependant toutes ses vacances à la ferme du Sart-le-Diable, chez ses grands-parents.
Des études brillantes et une passion pour la lecture le conduisent à l’école normale de Huy où, pendant quatre années il se sent « prisonnier », ce qui lui fait écrire :
« Dans ce cachot il faut que je meure
Quand tu voltiges en liberté !
Ah ! vole auprès de ceux que je pleure
Et qui pleurent ma captivité ! »
A 19 ans il quitte Huy avec un diplôme d’instituteur obtenu avec grande distinction et le maximum des points dans plusieurs branches, notamment en composition littéraire, du jamais vu dans une école normale belge.
En 1879 il rencontre à Chokier Valentine SURUS, – « la Lentinette » qu’il chante dans nombre de ses écrits – et l’épouse 8 ans plus tard.
C’est à Herstal, le 8-01-1879, que débute sa carrière d’enseignant, le voilà instituteur à 19 ans et demi ! (Il sera révoqué en 1883). En même temps il se lance dans la politique où son parcours sera plutôt mouvementé :
- Avec quelques amis il fonde, en 1879, le « Cercle intime » d’où sortira le Parti Ouvrier Belge.
- En 1882 il entre au Parti Libéral.
- Il en sort avec fracas et passe au P.S. dès sa fondation, en 1885, et, dès sa fondation également, collabore au journal « Le Peuple ».
- Il crée la maison du peuple à Liège, dite « La Populaire ».
- Il est de la grève générale de 1893, qui réclame le suffrage universel.
- En 1894, à 35 ans, il est élu premier député socialiste liègeois.
- De 1895 à 1911 il siège au Conseil Communal de Liège. Il va ensuite s’installer à Bruxelles.
- Le verbe facile, la voix forte, le ton vibrant et même agressif, il est de toutes les manifestation, de tous les cortèges, de toutes les campagnes électorales. Il apostrophe parlementaires, ministres, chefs de parti, parfois de façon très virulente (ce qui lui vaut une exclusion de la Chambre des députés et un procès en 1895).
- Anticapitaliste et anticlérical, il se heurte aux hommes politiques catholiques, libéraux et même socialistes lorsque ceux-ci acceptent de participer au pouvoir.
- Fin 1924, distancé de plus en plus et près d’être exclu de son parti, il est sur le point de passer au parti communiste.
- Sa mort évite la rupture. Il a droit à des funérailles solennelles, et c’est un vrai fleuve humain qui l’escorte jusqu’au cimetière de Robermont où repose également Frère-Orban, son vieil adversaire.
Il laisse un dernier message :
« Mon cercueil sera plein de soleil et d’aurore,
Ne pleurez pas : la haine est de l’amour encore,
Et mon cœur renaîtra dans l’éternel amour !
C’est un autre matin que la fin d’un beau jour. »
1 Demblon équivaut à d’Emblon. Emblon, ancien nom du Néblon, petit ruisseau affluent de l’Ourthe à Hamoir.