Par Joseph FILEE
Tant que nous sommes à parler sous et pour revenir aux années 1800 et quelques, j’ai noté que l’ouvrier maçon était payé à raison de 4 frs par jour tandis que l’institutrice percevait une somme de 1653 frs par an (voir Cahiers n°17). Si je fais un rapide calcul, le maçon devait percevoir …
4 frs x 6 (jours /semaine) x 52 (semaines/année) ce qui donne 1248 frs l’an. Autre point de comparaison (si je puis me le permettre) : une vache morte de parturition (maintenant on dit: accouchement) est payée 400 frs au fermier. Autre comparaison et ce sera la dernière: le salaire journalier de notre maçon se situait entre celui d’un cheval payé 5 frs et celui d’un boeuf payé, lui, 3 frs. Pas flatteur!.
A cette époque, l’instruction était payante pour les mieux nantis. C’est seulement en 1893 que la commune décide de « rendre l’instruction gratuite pour tous à savoir pour les enfants des deux sexes en âge d’école et habitant la commune » (C.C. du 18.10.93.).
Le fait de payer un minerval scolaire fut une cause de friction avec la commune d’Ehein qui n’organise pas d’école sur son territoire ( pas plus d’ailleurs qu’elle n’a ni église, ni cimetière, ni maison communale). En effet, elle ne paye que 150 frs sur les 204 qu’elle doit pour ses 5 élèves!!. A ce propos j’ai lu cette remarque du bourgmestre disant : » La commune d’Ehein se fait régulièrement tirer l’oreille pour payer sa quote-part dans l’instruction de ses élèves et il est absolument impossible de s’entendre avec cette commune« .
Dans le règlement général des écoles de 1858, une somme de 1,25 fr est perçue par mois pour chaque élève solvable et 1 fr par mois pour le chauffage pour les élèves aisés! (NDR: je n’ai pas trouvé la distinction faite entre solvable, aisé ou nanti).
Mais le métier d’instituteur d’avant 1900 n’était pas vraiment une sinécure (l’est-il devenu?). C’est ainsi que certaines classes comptaient jusqu’à 70 élèves et plus et si, pour l’employé qui se trouve face à son ordinateur, tant qu’il ne tape pas sur son clavier rien ne se passe sur son écran, en classe, il en va tout autrement: même si vous avez pu créer un climat studieux et discipliné avec vos 20 ou 30 moutards, il vaut toujours mieux avoir un oeil dessus. Aussi fallait-il parfois les mener à la baguette.
Toujours à propos de mon grand père, il faut que je vous fasse une confidence que m’a faite un vieil oncle qui avait été son élève. En face de l’école, il y avait une haie de noisetiers, celle-ci fournissait à l’instituteur les baguettes qu’il utilisait à l’occasion pour asseoir son autorité et, ce qui était plutôt machiavélique dans le procédé, c’est que les élèves étaient chargés d’aller eux-mêmes couper ces baguettes!. C’est pourquoi mon oncle aimait endosser un gros veston de velours qu’il relevait sur la tête quand la baguette surgissait de derrière le bureau.
L’autorité de ce grand père, que j’ai connu si tendre, ce cher « bon papa« , était telle qu’un jour, un élève s’étant permis d’aller marauder quelques pommes dans le verger voisin de l’école, fut poursuivi par le propriétaire. Le gamin qui devait obligatoirement repasser par la cour de l’école, préféra attendre la punition du voisin plutôt que celle de « Mossieu le maît’« .
D’autre part, mon cousin est rentré un jour chez lui en demandant à sa maman de lui faire couper les cheveux très, très court … pour que le maître ne puisse plus les lui tirer!.
J’ai écrit ci-dessus « 70 » élèves et vous me semblez avoir été quelque peu étonnés! Sachez que : le 10/08/1862, en « conformité avec l’art. 4 de l’arrêté royal du 26.05.1843 », le conseil fixe le nombre des enfants qui ont droit de recevoir l’instruction gratuite ainsi qu’il suit pour l’année scolaire 1862.1863.: Garçons: 45; Filles: 42; total: 87 élèves. La rétribution annuelle sera fixée par l’autorité supérieure. (Cfr plus haut : 1.25fr et 1.fr). Et tous ces élèves pour le seul Monsieur Regnier! Avouez qu’il l’a bien méritée sa décoration.
Ce n’est qu’en 1874 que le conseil communal décide de créer une école de filles et qu’en 1876 cette école est ouverte (2 ans de délai: c’est rapide!). La classe des filles fut confiée à Mademoiselle Delcommune d’Esneux choisie de préférence à Mesdemoiselles L’Empereur Emérence de Hotton, Colinge Henriette de Scry et Chapelle Rosine de Malonne « toutes quatre avec leur diplôme! ».
Mademoiselle CORNET
Quelques noms :
Alice Renard, Joséphine Fiacre, Edith Duchêne, Simone Chatelain, Georgette Raquet, Marie Pire, Eva Deville , Félicie Duval, Louisa Lambry, Rose Colla, Delphine Pire, Félicie Colla, – Jamart, Madeleine Fifet, Irma Doseray, Régine Tambour, Victoire Notquin, Irma Noiset