Au mois d’octobre Marc Lamboray est venu nous parler de la place considérable que le loup a jadis occupée dans notre folklore et de la façon ambiguë dont nous l’avons toujours considéré.
Après avoir débusqué l’animal dans notre tradition orale, contes, légendes et histoires de loups-garous, le conférencier nous a donné un surprenant aperçu des croyances et des superstitions autrefois véhiculées par le prédateur ainsi que des remèdes tirés de sa dépouille.
Ensuite, après un passage en revue des manifestations du loup dans les différentes branches de notre folklore (jeux, chansons populaires, croque-mitaines, etc), une très intéressante coutume a été plus spécialement développée. Il s’agit de la quête du loup, cette tournée que le chasseur, brandissant le cadavre de sa victime, accomplissait dans son village ou dans sa région afin que tous prennent conscience du service qu’il avait rendu à la communauté en la débarrassant d’une telle nuisance.
L’exposé s’est achevé par la mise en lumière de la survivance du fauve dans notre langage. En effet, même si sa silhouette efflanquée ne s’attache plus depuis longtemps aux pas du voyageur égaré, le canidé survit, et même très bien, dans les mots. Les proverbes, les expressions populaires ainsi que les patronymes, la toponymie et les blasons populaires, comptent sans doute plus de loups qu’il n’y en a jamais eu dans nos forêts.
Marc Lamboray était particulièrement qualifié pour nous parler de cet animal, qui nous fait tant rêver, car il est l’auteur d’un ouvrage Le Loup dans les traditions wallonnes, paru il y a peu de temps à La Libraire « La Dérive ».
Dans ce livre, résultat de longues recherches, il nous fait découvrir le prédateur, non celui des biologistes et des écologistes, mais celui de la mémoire collective des Wallons, celui qui fait tant fantasmer nos ancêtres, éternellement partagés entre répulsion et admiration.
Si le sujet vous intéresse et si vous voulez en savoir plus, nous vous recommandons vivement la lecture de cet ouvrage qui est, à ce jour, la seule synthèse parue sur le sujet et qui ne pourra que passionner tous ceux que nos traditions ne laissent pas indifférents.
FICHE TECHNIQUE
Le Loup dans les Traditions wallonnes – Marc Lamboray.
Edition « La Dérive », Verviers – 2000
229 pages – 990 BEF Tél : La Dérive 087/310360.
Le loup à Plainevaux
Daniel Van Alken dans sa « Toponymie de Plainevaux » a repéré quatre endroits où il est question de loup.
Voici ce qu’il en dit.
« li tchêne â leu »
Chêne au loup, terre et tige.
Le lieu est connu, il est près du château mais dans les documents les localisations sont contradictoires et j’hésite. Pour l’instant, je ne peux même pas préciser si l’endroit se trouve à gauche ou à droite de l’actuelle Grand-Route !
Le nom en lui-même n’est pas surprenant, le loup faisait partie des prédateurs naturels de la région. Est-ce le souvenir d’un endroit particulier où on suspendait la dépouille de l’animal afin de la montrer ou le souvenir d’une rencontre particulière avec ce carnivore de si mauvaise réputation ?
1532 « …maison, jardin seante a Chaisne a leux… »…..
1549 « ..une court maison jardin et assieze avec touttes ses appendices, aisemences et appartenances gissante en lieu condist a chaisne a loux joindant vers mousse a grand chemin de liège vers ardenne a une cheriavoye tendant de plenevauls a champs delle reche allant jusquez a langleit postea de la maison dudict collen a costé daval »….
1796 « La terre de Grand champ joindant vers meuse à la Vecquée et levant au bois de Plainevaux contenant avec celle de chêne-au-loup trente deux bonniers seize verges grandes et quatorzes petites »
La ruelle du (des) loup(s).
Elle faisait la liaison entre la ruelle Linette et le chemin du Sacrement et n’était pas loin du Chêne au loup.
« li tèrr dê leu »
La terre du loup.
Vers la Fine Pierre. Endroit situé le long du chemin du moulin. Je n’ai qu’une seule mention de ce lieu.
1796 « Au Tige du moulin la terre du loup de cinq verges grandes et de dix petites joindant de levant a p. Lahaut et couchant à H :M : Colson. »
Loverie
Il ne m’est pas possible de situer même approximativement ce lieu.
Loverie vient certainement de louveterie qui est l’art de la chasse au loup.
La Louveterie date de Charlemagne, a traversé plusieurs siècles pour devenir une charge honorifique. Cette charge sera rétablie dans son esprit d’origine sous Napoléon.
Le lieutenant de louveterie était un employé de l’Etat et il devait entretenir une meute afin de chasser les loups dans les propriétés de l’Etat. Il avait droit à quelques avantages tel celui de pouvoir faire deux fois au moins une battue aux sangliers.
1745 « item à la Loverie une terre contenant cinq verge grande et dix petites joindant vers ardenne à Nicolas N. et vers levant à Lambert Thomas. »