Le testament d’un chanoine recteur de la chapelle Notre-Dame de La Neuville.
Ferdinand M DESSENTE
Voici le testament du Révérend Sieur Pierre Dossogne, chanoine de l’église collégiale de Sclayn, et recteur de la chapelle de La Neuville en Condroz (Doc. N° 82bis du cartulaire de la chapelle, le 2 et le 6 janvier 1766).
Nous avons gardé le français de l’époque.
Testament
Du
Rnd sieur Pierre Dossogne en son vivant chanoine de Sclÿn et recteur de la chapelle de La Neuville en Condroz, et plus bas etoit ecrit
« Le testament sera mit dans les archives de la chapelle de L Neufville. Le mambour d’icelle fera faire des copies authentiques pour tous les interessés. »
Etoit signe P : Dossogne
Nota bene : que ce testament s’est trouvé dans un papier cacheté du cachet du testateur sur lequ’el papier etoit ecrit le suivant :
« Sous cette enveloppe se trouve mon testament. Je veus qu’il soit ouvert lameme apres ma mort afin qu’on execute mes volontes pour l’enterrement de mon corps ». Ce etoit signe P : Dossogne
In nomine domini amen
Je Pierre Dossogne chanoine de l’église collegiale de Sclaÿin et recteur de la chapelle de La Neufville en Condroz, jouissant de la plénitude de mes sens, considerant neanmoins la fragilité de la vie humainne, la certitude de la mort et l’incertitude de l’heure dÿcelle et ne souhaitant d’en etre surpris sans avoir prealllablement disposé de ce que Sr m’a preté dans ce siècle mortel declare :
« Ensuitte de la permission de tester m’accordée par le reverendissime vicaire general de Liege en date du 2 avril 1762 d’avoir frais et ordonné mon testament ou act de volonté dernierre en la forme et maniere suivante, et cest apres avoir revoqué tous autres testamens que je pourrois fais anterieurement a celuici.
«Premierement je recommande mon ame a la sortie de mon corps a Dieu mon Createur, a la glorieusse Vierge Marie sa mere, a st Pierre mon bon patron, et a toutte la Cour Celeste, choisissant la sepulture de mon corps dans le cimitière de l’endroit ou je mourerais voulant, que mon heritier mobiliaire cÿ~apres nommé, fasse faire praesenti corpore mais sans etre exposé, mes obseques, en forme de simple anniversaire, sans invitations des prètres etrangers, et dans le gout qu’elles se font pour les moindres mannans dudit endroit, ou je renderais mon ame a mon Createur; savoir, quatre sierges a l’autel, et deux a l’entour de mon corps sans flambeau.
EXTRAIT
Je laisse cinq patars une fois a la fabrique de la cathedrale du diocese ou je vienderais a mourir, et un ecû aussi une fois a la chapelle de mon rectorat.
Je charge mondit heritier de faire celebrer incontinent apres ma mort pour le repos de mon ame trois cent messes, savoir cent par les R( evere )nds pp (= pères) Recolets de Liege, autant par ceux de Cineÿ, cinquante par les R( evere )nds pp Capucins de Liege, ou de Huÿ, vingt par le deserviteur de mon rectorat, les trente restantes par trois pretres, ou vicaires de la campagne.
J’encharge pareillement mondit heritier de distribuer, mes chemisses, bas, mouchoirs, et souliers aux pauvres de l’endroit ou je vienderais a mourir sans acceptation de personne.
Comme je suis presentement beaucoup en avance dans ma qualité de mambour, pour les reparations, ces embelissements que jai fais faire a la preditte chapelle: je declare, que si au tems de ma mort, elle me redoit plus de cent ecus, je laisse, et legate a la fabrique d’icelle quatre cent florins, que le mambour appliquera a trois pour cent en faveur de laditte chapelle, qui sera chargée de faire perpetuellement chanter mon anniversaire avec vigiles le lundi après la feste de st Pierre a huit heures precisses. Il sera annoncé le dimanche a la messe, et le soir par le son de la cloche, et pour lequ’el le recteur aura vingt cinq patars, le marguelier dix, et les deux serveurs de messe chaque dix liards, les pauvres de La Neufville qui assisteront a mon anniversaire depuis le commencement jusqu’a la fin auront trente patars, que le mambour leurs distribuera devant la chapelle; le residû restera au profit de laditte chapelle~ et l’excedant desdits cent ecus au profit de mondit heritier, qui ne poura se faire plaisir que dix ecûs par an jusqu’a entier fournissement de cet excedant. Et si au tems de ma ditte morte, mes pretentions ne montent pas a cent florins, j’en fais don a la chapelle, mais si elles les surpassent, la somme entierre devra etre appliquée comme dessus a charge de faire chanter par la preditte chapelle mondit anniversaire de la maniere, et avec la distribution prementionee; et dans ce dernier cas je suppose, que mes dittes pretentions ne se montent pas a quatre cent florins. S’ils se rencontrent des doutes touchant mon anniversaire, je supplie monsieur le Comte de Lannoy1 de les lever, en les reglant comme il jugera le mieux convenir. Je le supplie encore de faire annoter mes intentions dans les registres du rectorat et de la chapelle.
Je laisse, et legate a ma soeure Catherinne epouse de Jacque Naomé mon bien feodale de Barsenne chargé de deux florins a la taxe des nobles du paÿs de Liege; voir que si elle n’a point d’enfant, ce bien après sa mort retournera a mondit heritier mobiliaire.
Je laisse, et legate aux enfans de ma soeure Dieudonnée epouse de Nicolas Botton ma maison, jardin, prairies, terres, appandices, et appartenances de
EXTRAIT
Barsenal, a charge d’acquitter les rentes, qui les affectent, l’usufruit neanmoins sauve a pere, et mere.
Je laisse et legate aux enfans de ma soeure Margueritte epouse de Jean Francois Lamotte ma prairie, et houblonierre nommée Surfontainne libre de charge située dans la maÿrie de Cineÿ: l’usufruit sauve comme dessus.
Je laisse, et legate aux enfans de ma soeure Francoisse epouse de Pierre Antoinne Henin douze florins et dix sous de rente, que me doit, et paie Antoinne Damblon de Miecret, item trois florins, neuf sous, un liard, et un denier de rente que le susdit Damblon me doit et paÿe. Item huit florins aussi de rente me dûs par Pierre Doneux, et Francois Leonard de Jeneffe en Condros, l’usufruit toujour sauve a pere, et mere, comme est dit cÿ-devant. Ces rentes sont redimibles , si on les rembource, ou en parties, les deniers en provenants deveront etre rappliqués au profit desdits enfans.
Si a la suitte je fais des acquets, ou qu’il me vienne quelque chosse par succession, ou autrement mon frère le curé de Hody en aura l’usufruit, et le pouvoir d’en disposer en faveur d’un de mes neveux, ou d’une niece, qu’il jugera l’avoir mieux merité. Si je rembource les vingt florins de rente, que je dois a mr Gilet de Cineÿ, ce sera pour decharger le bien de Barsenal. Ainsi ils ne seront pas regardés comme un acquet.
Je fais mondit frere le curé de Hody mon heritier mobiliaire absolû, a charge de paier touttes dettes legitimement dües au tems de ma mort. Et si mon heredité mobiliaire ne suffit pas pour les paier, je le requiere de les acquitter, et pour se refournir, il levera les rentes, et les tresens des biens cÿ-dessus legatés a mes neveux, jusqu’a entierre satisfaction des ses avances.
J’entend, que cette presente disposition sorte a toujour ses pleins, et entiers effects, quant meme il y auroit quelques formalités de droit, ou de loÿ omisses, que je tiend ici pour inserées, retenant le pouvoir de la casser, changer, et moderer en tout, ou en partie. Et pour les premis faire reconnoitre, et realiser par tout ou besoin sera, je commes2, et constitue tous porteurs. J’ai signé la presente au château de la Neufville en Condroz le deux janvier 1766. »Etoit signe Pierre Dossogne et plus bas est ecrit le suivant : « Je declare que je veus etre porté en terre par quatre pauvres hommes. Mon heritier mobiliaire donnera, deux bonnes chemisses et une paire de mes souliers. Ceux-ci n’auront pas de parte dans la distribution de mes chemises.
Ce ainsi ordonné audit château le 6 janvier 1766. « Etoit signé Pierre Dossogne
Par copie conforme ce que j’atteste Jacq : Ant : Dawans notaire admis immatriculé de Liege in fid(em)
1 Adrien Jean Baptiste Comte de Lannoy (1729-1797), seigneur de la Neuville en Condroz
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