AEL (Archives de l’Etat à Liège)
Abbaye du Val Saint-Lambert -La Rimière -Port. 193 –
Nous sommes en 1565, en plein procès entre l’Abbaye du Val Saint-Lambert et les Seigneurs d’Esneux1 concernant la seigneurie de La Rimière. Au cours de l’enquête, différents témoins évoquent le déboisement de La Rimière.
« Le bois dit Remyere a este assez grand bois et bien plante comme il peult encore apparoir pour le jourdhuy aux restocqz et troncz du bois y coppez et que audit bois les voisins et manans2 de La Chapelle et de Bauegney3 y souloient prendre leurs commoditez » (f°69vo).
« Le bois de Remyere estoit si grand et si bien plante de chesnes et de faulx4 que avec les glandes on pouvoye engresser… deux cens pourcheaux appartenans par et a moitie audit Sr Abbe et convent et les manans des bans ou de la haulteur de La Chapelle et autres les plus proches voisins et que maintenant il nÿ a aulcung bois dimportance ou de valeur comme aiant tout este couppe tant par le Sr Abbe que ceulx de Remyere et aultres voisins » (f°73).
« Que lon a aultre fois peu mettre engresser de quatre a cinqz cens pourceaulx…tant estoit grand ledit bois et si bien plante de belles chesnes ou maintenant lon ne scauroit engresser un seul pourceau ne nourrir… Ledit bois a estez aussy coppez vendu et spolie principallement par lesdits Srs Abbez et les manans audit Rymiere » (f° 82).
Le Bois des Moges n’est pas épargné non plus.
Un témoin « a souventefois veu abbattre et copper diverses chesnes et autres arbres et les emmener hors ledit bois de Monge » (f°109).
« (ils) avoient bien abattu sur ung an de quatre a cinq cens tant de chesnes que autres arbres audit bois de Monge » (f°111).
Disons clairement que les témoins ne pensent qu’à faire état des droits et usages de l’abbaye et des paroisses environnantes. Ils ne se soucient pas d’écologie. Ne prêtons pas d’avantage attention aux nombres. Ils dépendent de la subjectivité de chacun.
Quoi
qu’il en soit, une très grande quantité de chênes et de hêtres
ont été abattus en quelques années pour servir à la construction
ou comme bois de chauffage. Les anciens s’en souviennent; les animaux
ne trouvent plus leur nourriture.
L’écosystème déjà était bouleversé par l’intervention humaine.
Histoire d’hier, Histoire d’aujourd’hui, à 450 ans d’intervalle.
P. Dangoxhe – Novembre 2003
1 Cf « Les Cahiers de jadis » N°20 p.733
2 manants = habitants, sans sens péjoratif.
3 Baugnée
4 faulx = hêtres.