Ed. David
Sous l’occupation…
Nous sommes en 1940, le 25 octobre.
Le Collège des bourgmestre et échevins reçoit de la part du chef de détachement de l’armée allemande un ordre de réquisition du château, de ses dépendances et de la ferme.
A cette époque le château, appartenant au baron de TORNACO, est inhabité.
Les exigences de l’autorité allemande sont grandes. Ils demandent le raccordement au réseau électrique, l’électrification et l’occultation du château. Le collège est également mis en demeure de fournir les bois, matériaux et machines-outils nécessaires à la fabrication de lits, tables, bancs, râteliers, étagères, tréteaux… Bref, il s’agit de rendre le château habitable.
Au delà de ces exigences, l’autorité allemande locale, procède à la réquisition directe, toujours pour équiper le château, de foyers, poêles, coudes, tuyaux, papiers peints, papier d’occultation, …
Ces réquisitions font l’objet de factures pour un montant total de 8797,20 frs que l’autorité allemande a payé. En conséquence, elle demande le remboursement à la commune.
Monsieur Gony, bourgmestre, transmet ces factures au Ministère des Finances à Bruxelles.
Ont-elles été payées ?
Afin de se protéger, à la fin de l’occupation, d’un recours éventuel du propriétaire vers l’administration communale, celle-ci fera dresser un état des lieux du château. C’est Alfred AIMONT, architecte-géomètre expert qui réalisera ce travail, le 25 novembre 1940 pour le château et le 7 décembre 1940 pour la ferme.
Nous avons retrouvé ce document dans les archives communales. Monsieur Aimont fera une description très détaillée de chacune des pièces du château. Quatorze pages seront nécessaires pour la description des pièces du château et trois pour la ferme.
Ces descriptions étaient accompagnées de croquis représentant chacun des étages du château et de la ferme. Documents précieux, qui nous montrent l’importance de cette construction. On dénombre une centaine de pièces.
Malheureusement, à cette époque, il était déjà dans un état déplorable. La lecture de l’état des lieux nous permet également d’affirmer que le château n’est plus meublé.
D’emblée, dans son état des lieux du CHATEAU Monsieur Aimont, précise que « En général, le château est en état de vétusté très avancé. Les menuiseries extérieures sont forts abîmées par les intempéries, le bois est en beaucoup d’endroit décomposé et se désagrège complètement, c’est le cas pour la plupart des seuils et jets d’eau des fenêtres.
Toutes les quincailleries et serrureries sont attaquées par la rouille et ne fonctionnent plus normalement, toutes les clefs manquent. Les peintures et tapisseries murales sont enlevées, ce qui reste est complètement détruit de même que les décorations appliquées sur certains murs… Toiture en très mauvais état, les corniches sont affaissées, les tuyaux de descente cassés. A la façade postérieure les volets extérieurs sont en très mauvais état. Il manque 8 ouvrants et l’ouvrant dans ceux qui restent est complètement cassé.»
En ce qui concerne la FERME Monsieur AIMONT constate, « …que les menuiseries sont pour la plupart en mauvais état, notamment les seuils et jets d’eau des fenêtres. Toutes les quincailleries, crémones, serrures… sont atteintes par la rouille et d’un fonctionnement défectueux. Les clefs manquent… Toitures en très mauvais état ; les corniches, chenaux et tuyaux de descente sont cassés et en partie arrachés. »
Après l’occupation du château par l’armée allemande, un nouvel état des lieux sera établi, à la demande du baron de TORNACO, par l’architecte expert Marcel NULLENS. Ce dernier aura des échanges de courrier avec Monsieur AIMONT. Il y aura divergence de vue sur l’état initial du château. Cependant, dans un courrier du 25 février 1941, Monsieur NULLENS écrit ce qui suit : « …Si, parmi les dégâts récents, il en est qui peuvent dater d’avant le 10 mai 1940, il y en a une très grande partie aux portes, fenêtres, vitres, enduits, murs, …qui résultent indubitablement soit de forçages pour ouvrir, soit de manipulations, sans précautions, de meubles, camions, armements, parties mouvantes et autres… »
Monsieur Nullens accepte à la requête de Monsieur AIMONT datant du 29 février 1941 que l’administration qui a réquisitionné le château ne soit pas rendue responsable des dégats occasionnés par le mauvais entretien antérieur du château.