Les cahiers de jadis N°53 2010-2011
Guy Dumoulin
Nous avons retrouvé un « Bulletin Communal » daté de janvier 19911. On y aborde le sujet du Rognac : la réserve naturelle du Rognac et plus particulièrement le « Pont Madame ». Nous en extrayons quelques bribes d’Histoire non encore évoquées dans nos pages, et nous nous permettons d’en reproduire certains extraits.
D’autre part, dans une recherche effectuée dans les publications de Mémoire de Neupré, les « Cahiers de Jadis »2, si l’on y décrit la Réserve sous ses divers aspects de la faune et de la flore, peu de références à un retour dans le temps et aux origines de ce qui devait devenir au XXe siècle, la Réserve Naturelle et Ornithologique du Rognac. Ces quelques hectares de forêts furent l’objet d’une donation du Dr Tilman aux Réserves Naturelles et Ornithologiques de Belgique On n’a pas encore évoqué les problèmes techniques suscités par la création d’un chemin traversant ce domaine ainsi que celle d’une pièce d’eau – l’étang actuel – qui se trouve au fond du vallon sur le ruisseau de la Neuville. Le Bulletin Communal précité en refait l’historique. Je me suis permis d’en extraire certains éléments évocateurs des problèmes que posèrent certaines initiatives.
L’Histoire commence au XIXe siècle… Madamela Baronne, Amélie de Tornaco, épouse du dernier seigneur de Neuville, Adrien III de Lannoy3, et propriétaire de ces terres, décide d’ « organiser » l’environnement : plantation (certains chênes et hêtres que nous rencontrons dans la Réserve sont de cette époque) et création d’un chemin de sortie de ses terres, qui deviendra le « Chemin Madame ». Mais qui dit tracer chemin au travers de la forêt, dit aussi dans le site qui nous occupe, traverser le ruisseau et jeter ainsi un pont sur le ruisseau de Neuville, le « Pont Madame ».
« Le chemin ainsi créé…enjambe le ruisseau en s’appuyant sur la voûte en plein cintre d’un tunnel. Celui-ci, en pierres équarries, long de 22 mètres et haut de 3 mètres, est recouvert à son tour d’un important remblai de terre de sorte qu’il est désormais possible au charroi d’enjamber à « l’horizontale », ou presque, le vallon »4.
On peut comprendre qu’un tel ouvrage, ayant supporté les agressions de dame nature ait pris de l’âge et se soit détérioré au fil des ans. Mais dame nature n’est pas la seule responsable de l’évolution assez mouvementée du site au fil des ans…
Le domaine est l’objet au cours des années de différentes transmissions et changements de propriétaires lorsqu’en 1943, le domaine est vendu par le Baron de Tornaco à un marchand de meubles, M.Mickiels5. Si celui-ci « exploite » le château, il n’aura pas le loisir d’exploiter la forêt du Rognac ni d’en modifier le site.
En 1948, on crée un étang – ou pièce d’eau – de presque un demi-hectare en bétonnant le talus et en créant un déversoir bien utile en période de fortes crues.. Une vanne au fond du tunnel aurait permis d’autre part de réguler le débit. Ces dispositifs créent ainsi la « cascade » Celle-ci a d’ailleurs été le théâtre de « jeux interdits » pour les jeunes de la génération des années 60.
1978. Les Réserves Naturelles et Ornithologiques de Belgique deviennent propriétaires des lieux par donation du Dr Tilman, propriétaire depuis 19596.
D’autre part, à partir des années 60 des aménagements urbanistiques à proximité modifient en cas de fortes pluies l’écoulement des eaux vers le ruisseau de Neuville occasionnant des crues qui détériorent les structures bétonnées de l’étang au niveau du Pont Madame. Une partie du talus cède et les flots d’eau submergent les anciens ouvrages et détériorent le tunnel construit à l’origine en emportant des parties de l’ouvrage et de nombreux débris. Une passerelle est installée au dessus du Pont Madame. Les dégradations entrainent alors un certain danger pour l’aval en cas de crues.
Des décisions sont prises et pour différentes raisons le site sera remis en état afin de conserver le cadre préexistant : l’étang, la cascade, le tunnel du XIXe siècle… « La conception générale des travaux a pris en compte à la fois la réparation de la retenue d’eau, l’élimination des parties détruites de la voûte et la possibilité d’intervenir sur le réglage du niveau de l’étang en fonction des conditions climatiques » Dansunpremiertemps, « un dispositif a été mis en place en tête du pont, sur le principe du « moine ». Le moine est une construction parallélépipédique constituée d’un fond, de trois côtés fixes et d’un quatrième côté formé par une série de planches amovibles, coulissant dans deux rainures étanches. Ce dispositif se place à la sortie d’une masse d’eau de manière à régler, suivant le nombre de planches et le principe des vases communicant, le niveau d’eau. Toutefois, le système de planches, caractéristique à ce genre d’ouvrage, a été remplacé par une vanne manuelle immergée. En outre, le trop-plein de l’étang a été considérablement agrandi »7.
Par la force des choses et grâce à un louable souci de conservaion, la mémoire de « Madame » la Baronne Amélie de Tornaco est prête à traverser un nouveau siècle…et le pont qui est le sien…
« Le Pont Madame et donc un morceau de l’histoire de Neupré ainsi que la cascade sont préservés pour les générations à venir »…8
Le pont « Madame ». Photo Jacques Defays – 2010
- 1Bulletin Communal de Neupré – Janvier 1991 – (s) A.Couwenberg, M. Deflandre, J. Stein
- 2Les Cahiers de Jadis n° 1-10-22-27-50
- 3Histoire du château de Neuville-en-Condroz – A. Dumoulin 2002 – ASBL Mémoire de Neupré
- 4Bulletin Communal de Neupré – Janvier 1991 – (s) A.Couwenberg, M. Deflandre, J. Stein
- 5Histoire du château de Neuville-en-Condroz – A. Dumoulin 2002 – ASBL Mémoire de Neupré
- 6Bulletin communal de Neupré 1987
- 7Bulletin Communal de Neupré – Janvier 1991 – (s) A.Couwenberg, M. Deflandre, J. Stein
- 8Bulletin Communal de Neupré – Janvier 1991 – (s) A.Couwenberg, M. Deflandre, J. Stein