Les cahiers de jadis N°53 2010-2011
Jean Claude Dumoulin
Ces 4 et 5 septembre 2010, le Rotary Club Amay – Villers-le-Temple organisait le Week-end à la ferme. Il avait choisi la très belle ferme du Halleux, située à Nandrin à la limite de Neupré (à proximité du parc à conteneurs).
Le Halleux est actuellement un petit hameau de Nandrin caractérisé par la ferme du même nom. Les Halleux dont on retrouve le patronyme dans d’autres endroits remarquables de la commune comme le château de la Petite Vaux y ont leur origine. On trouve mention de ce nom dès le XIIIème siècle.
Il serait bon de faire un effort d’imagination et se souvenir que notre région, il y a quelques siècles était boisée ; un petit tour dans la réserve naturelle du Rognac, que l’on maintient dans une évolution naturelle, permet de se rendre compte du paysage condrusien au début du deuxième millénaire de notre ère.
Au départ d’une petite ferme et par défrichements successifs, le domaine se façonne. On retrouve en 1270 un bien de 13 bonniers, soit 11ha 33 a, au Halleux, ban de Nandrin. La propriété reste dans la famille jusqu’en 1562. Les biens ayant été hypothéqués par Léonard de Halleux, ils passent alors dans les mains de Martin du Mont, un bourgeois de Liège.
En 1587, Gérard de Beaumont cède cette terre en héritage, elle passera successivement dans les mains du Capitaine Guillaume le Maire dit Cabosse (1594-1608), puis de Thomas Sacville comte Dorset du royaume d’Angleterre (1618).
En 1620, les Pères jésuites anglais deviennent propriétaires du bien et ce sont eux qui construiront la ferme actuelle; le pignon principal porte une pierre au monogramme de la Compagnie de Jésus I.H.S., mais il est vraisemblable que la construction se fit en plusieurs étapes, car la clef de voûte intérieure du porche porte la date de 1605.
Les jésuites empruntèrent, pour la construction d’un bâtiment à Liège, connu plus tard sous le nom d’hôpital des Anglais, à la veuve d’un marchand liégeois Pierre Gal ; on peut trouver là l’explication du transfert de propriété à Jacques Gal, son fils, en 1639.
De 1692 à 1753, Érard – Denis de Foullon, bourgmestre de Liège, en est propriétaire ; ensuite, de 1754 à 1771, l’abbaye du Val-Saint-Lambert et en 1772 le baron Woot de Tinlot réunit ce bien à celui de la Gotte.
Au XVIIIème siècle, le baron Woot de Tinlot était devenu propriétaire à la fois de la ferme du Halleux et du domaine de la Gotte. Ces biens resteront dans sa famille jusqu’au décès, le 23 mars 1851, de son épouse Clémence Woot de Tinlot. Par acte notarié daté du 12 janvier 1861 passé devant maître Laurent, ceux-ci furent attribués au baron Frédéric de Lamberts-Cortenbach, rentier et à son épouse Octavie Halleux.
Le baron décède le 11 septembre 1908 et ses deux enfants, Werner et Marie, recueillent la nue-propriété, tandis que la baronne en conservera l’usufruit jusqu’à sa mort, le 8 juillet 1913.
Jusqu’en 1945, les deux enfants resteront propriétaires indivis, la baronne Marie de Lamberts-Cortenbach recueillant la totalité de la succession suite au décès de son frère intestat le 25 mars 1945.
À son décès, survenu à Nandrin le 31 mars 1966, la baronne, n’ayant pas d’héritier légal, désignera l’ASBL « Évêché de Liège » comme légataire universel. Notons qu’une partie de ses biens seront dévolus à l’école Saint-Martin de Nandrin ce qui lui permit de financer l’extension de ses bâtiments, acte immortalisé par une plaque commémorative placée dans le couloir de l’établissement.
L’Evêché vendit le 23 janvier 1970, en l’étude de maître Georges Delmotte, la ferme du Halleux et ses dépendances à Monsieur Joseph Vaessen et à son épouse Marie Deville, qui l’exploiteront jusqu’en 1991, leur beau-fils Raphaël Van den Berg et leur fille Annie Vaessen en assumant depuis lors la pérennité et en 2002, la ferme de la Gotte à l’exploitant, Marcel Fisenne.
La ferme du Halleux, si imposante qu’elle soit, n’est pas isolée et, sur le site, nous pouvons découvrir, d’une part la Chapelle Notre-Dame-du-Rosaire, petit oratoire en brique avec soubassement en pierre, où l’on trouve différentes statues, une Vierge à l’enfant, sainte Thérèse, saint Antoine de Padoue et saint Roch, face à un très beau jeune tilleul ; d’autre part, rue des Peupliers, se trouve un site peu connu, l’observatoire de la Société astronomique de Liège.
La Commune de Flémalle n’ayant pas renouvelé son bail, la Société vint s’installer à Nandrin en 1983. Les travaux de reconstruction de Nandrin 2, observatoire Jules Jonlet, exécutés par quelques membres furent perturbés par un hiver rigoureux, et c’est dans le froid que le télescope fut installé en janvier 1985 (heureuse époque ou nous avions encore des hivers dignes de ce nom). L’association profita de l’occasion pour apporter certaines améliorations, notamment au niveau de son utilisation photographique. L’observatoire est doté d’une coupole avec toit amovible, et de deux télescopes de 25 et de 40 cm. La société organise régulièrement des nuits d’observation accessibles au public (ayant eu à plusieurs reprises l’occasion d’y participer, je vous les conseille). On peut apercevoir les bâtiments de l’observatoire en descendant du Sabot vers le Halleux sur la gauche des dépendances de la ferme, surtout en hiver.