Il s’agit d’une partie d’une ancienne route empierrée du château de Neuville-en-Condroz. Celle-ci partait de l’entrée monumentale qui donnait accès au jardin d’agrément du château et montait, puis bifurquait à l’angle droit vers le haut de la route d’Esneux, près du lieu-dit des « 7 Fawes ». Cette route apparaît déjà sur la gravure, montrant le château au début du XVIIIe, faite par Remacle LELOUP (voir gravure page ).
Les tilleuls sont de l’espèce « Tilia cordata » (Tilleul à petites feuilles).
La partie de la drève conservée dans la propriété appartenant et gérée par l’Etat belge montre qu’il s’agissait à l’origine d’un double alignement en quinconce bordant de part et d’autre la route empierrée. Cette route était limitée par une bordure en moellons toujours visible dans la parcelle de l’Etat belge.
Pour la facilité de la compréhension, chaque alignement individuel est désigné par une lettre: A – B – C – D d’une part, et chaque arbre par un chiffre correspondant à sa position dans l’alignement à partir de l’entrée monumentale, d’autre part. Ainsi B-6, est le sixième arbre de l’alignement B.
L’alignement A devait compter 45 ou peut-être 47 individus
B 44 46
C 44 46
D 45 47
Soit au total: 178 ou 186 individus.
Ce dernier nombre ne peut-être dépassé car des chênes d’un certain âge sont situés sur le prolongement de l’alignement A.
Les Américains, en vue de l’aménagement du cimetière militaire actuel, supprimèrent en un premier temps les alignements B – C – D, situés sur leur site. Puis, dans un deuxième temps, replantèrent les alignements B et C avec des sujets jeunes de la même espèce.
Voici la liste des tilleuls anciens ayant disparu au cours du temps:
A-8: Par grand vent, déraciné en automne 1985. Une section du tronc montre 143 anneaux de croissance situant sa naissance vers l’an 1832. Il fut probablement planté avec ses congénères autour de l’an 1835.
A-9, A-11, B-8, C-8, D-8 : probablement supprimés par les Américains lors de l’aménagement du site du cimetière et jamais remplacés.
A-38, A-43, A-44, A-45: déracinés par une des tempêtes (la dernière) de l’hiver 1989-90 (voir paragraphe fin de note).
B-3, B-5, C-7, D-7: disparus(?).
B-4: toujours debout mais mort!
C-3: partie du tronc toujours debout; cassé lors d’une des tempêtes de l’hiver 1989-90.
C-6: nouvel arbre qui s’est développé à partir de la souche d’un arbre anciennement supprimé.
Au 23 janvier 1994, il restait donc encore 52 vieux tilleuls.
Tempêtes de l’hiver 1989-90.
Au cours de la première tempête (celle du 18 janvier 1990- pointes de vent situées entre 160 et 180 km/h), on enregistra au cimetière américain la perte de 27 arbres de toutes tailles et de toutes espèces, déracinés, cassés ou penchés. 150 arbres supplémentaires vinrent s’y ajouter, victimes des tempêtes qui se succédèrent du 25 janvier au 28 février 1990. Deux beaux sujets figuraient parmi les victimes: un épicéa (Picea abies), montrant 88 anneaux de croissance, fut déraciné, et un magnifique hêtre pourpre (Fagus silvatica auto purpurea) fut cassé. Il faisait partie des « 7 Fawes » plantés initialement à l’extrémité du sentier du même nom situé près du carrefour de la route du Condroz et de la route d’Esneux. Cet ensemble fut séparé du sentier par l’établissement de la drève des marronniers d’Inde (Aesculus hippocastanum) qui conduit vers le Mémorial du cimetière américain, une fois franchie l’entrée principale, 164 route du Condroz.
Ferdinand DESSENTE.
1 Voir article d’Alain-Gérard KRUPA paru dans les Cahiers de jadis, pages 131 et 132 – Mémoire de Neupré – périodique n4 – 1993.