0038. La fabrication des manches d’outils

2ème partie.

Dans le premier article consacré à la fabrication de manches d’outils, nous avons examiné comment on réalisait des manches en bois de quartier. Cette fois, c’est le façonnage « sur rondins » qui va être évoqué.

Ces types de manches étaient également appelés « sur rond de bois » ou « so rondin« . Ils étaient fabriqués en façonnant un rondin d’un diamètre légèrement supérieur à celui que doit avoir le manche. Cette technique était essentiellement employée pour les manches de pelles ou « escoupes », ceux des râteaux et parfois ceux des pioches. Dans le précédent article, nous avions vu que les bois de quartier, plus solides, étaient usités pour les seuls manches de pioches.


Les rondins sont sciés à la longueur souhaitée – Arch. Photo M.V.W. n50734b

Examinons la technique sur rondins. Après avoir scié les rondins à la longueur souhaitée, on les dégrossit sur un billot avec une hache légère maniée à l’aide d’une seule main (« hèpe al main« ). Puis, on taille le rondin sur un chevalet à l’aide d’une plane. On fait disparaître les traces de noeuds et les arètes et on « dresse« , c’est-à-dire que l’on cherche à rendre le manche le plus droit possible.

Celui-ci est alors raboté afin de l’arrondir de façon régulière. Après l’épreuve du rabot, il faut encore ronger (« rondjî« ) ou rogner, en l’occurrence biseauter le bout. Pour effectuer cette opération, il faut tenir dans la main gauche le manche posé verticalement sur le sol. Biseau et biseautage sont appelés « rondjèdje« .

Il ne reste plus qu’à passer le manche au papier verré, au « papî d’vêre » ou « papî sabré« . Pour cela, il est tenu dans la main plus ou moins horizontalement.

Dans le dernier article qui traitera de ce métier pratiqué jadis dans notre entité, nous étudierons à la fois la confection des bottes de manches et celle des manches à redresser et à courber. En effet, certains rondins devaient être « dressés » ou « redressés » au préalable en raison d’une courbure trop accentuée.

Alain-Gerard KRUPA.

On « dresse » le manche à l’aide de la plane. Arch. Photo M.V.W. n° 50736B

Remarque: pour plus de détails concernant la fabrication des manches d’outils, voir: La fabrication des manches d’outils. (Enquête à Rotheux-Rimière), in Enquêtes du musée de la Vie Wallonne, Tome V, (Liège) 1950, pp 297-308.