Naissance du scoutisme à Rotheux

Cela se passe en 1946. Mon Dieu que c’est loin…

Un groupe de jeunes garçons du village fréquentaient le patronage paroissial.Maintenant on dit « Le Patro ».

Il s’agissait essentiellement des membres de la Croisade Eucharistique (Les Croisés comme on les appelait) qui après leurs réunions à l’église se rendaient ensuite, accompagnés de Monsieur le Curé, l’Abbé LESENFANT, à l’école des garçons, rue Maflot où ils avaient leur local.

Si les plus jeunes trouvaient à s’occuper et à s’amuser à ces réunions, ce n’était pas toujours le cas pour les aînés; c’est pourquoi, craignant de les voir déserter, notre bon vieux Curé, malgré son grand âge, assis à son pupitre sur une estrade comme un maître d’école, surveillait avec bonhomie et beaucoup de gentillesse le bon déroulement des réunions.

Il essayait tout pour intéresser et garder ses garçons mais malgré sa bonne volonté, les activités étaient peu variées : balançoires, jeux d’intérieur, livres, revues « Petits Belges » par exemple qui était le journal de la Croisade Eucharistique et les mémorables échasses.

Chaque nouveauté avait son petit succès, mais hélas les plus grands auraient souhaité autre chose, ils auraient voulu sortir de la routine, avoir d’autres activités dans la nature, rencontrer d’autres jeunes. Ils pensaient que le scoutisme serait plus indiqué.

Voilà, le scoutisme… l’idée est lancée !!! BADEN POWELL, l’illustre fondateur, que nous appellerons comme tout le monde B.P. a découvert que les jeunes aiment la nature et a centré son système éducatif sur la vie en plein air.C’est pourquoi, sans doute, une petite bande décida un jour de tenter l’expérience, de partir en week-end, de vivre l’ambiance de la vie de patrouille, de dormir sous tente comme les scouts. Il s’agissaient de petites tentes kaki de l’armée américaine, loin d’être spacieuses. Ils s’en allèrent, plein d’enthousiasme, installer leur bivouac dans les bois du Château de Baugnée. Ce n’était pas trop loin, il fallait penser au matériel à transporter et ils n’étaient pas équipés pour ce genre de transport.

Tout se passa bien, dans une bonne ambiance malgré la nuit froide et la cuisine sauvage. Leur week-end fut très emballant tenant compte des moyens du bord et du manque d’expérience.Nos jeunes gens en revinrent heureux, enchantés et décidés à renouveler cette formidable aventure.

Ce ne sera toutefois pas le cas parce que cette sortie jugée « sauvage » leur valut un sermon de circonstance. En effet le dimanche suivant, du haut de la chaire de vérité, notre Curé ne rata pas l’occasion de parler de ses patronnés « rebelles »en faisant allusion à leur sortie et en recommandant aux parents d’être attentifs à ce genre d’activités.

Le scoutisme ne plaisait guère et Monsieur le Curé s’opposa ouvertement à sa pratique dans la paroisse. Il avait peut-être raison d’être méfiant, surtout qu’à cette époque le scoutisme rural, comme on l’appelait, par erreur d’ailleurs, était mal connu et pas tellement répandu. Il était surtout un mouvement de collèges et de paroisses en ville, on le trouvait dans les grands centres mais beaucoup moins dans les villages.

Le Patro, par contre, était et est toujours un mouvement très fréquenté par les jeunes, et lui est implanté avec succès en ville bien sûr mais également dans beaucoup de paroisses rurales.Il en existe d’ailleurs encore une dynamique actuellement à Rotheux.

Après de nombreuses réunions et entrevues avec le Clergé, un rapprochement des idées s’est dessiné pour finalement se concrétiser. Notre brave pasteur, à quelques semaines de sa retraite, préféra laisser prendre les décisions par son successeur, l’Abbé FOSSOUL. Ce dernier était plus disposé à aider les jeunes pour réaliser ce qu’ils attendaient depuis longtemps.

Mais voilà, faire du scoutisme, c’est bien; encore faut-il être initié à son fonctionnement, avoir un minimum de connaissances sur le mouvement qui est un mouvement très organisé. Il faut suivre les directives, ce n’est pas en potassant des bouquins et des revues que l’on peut diriger pareil mouvement de jeunes. Il faut un minimum de formation et être reconnu officiellement par la Fédération (la F.S.C.). Les garçons étaient là, mais fallait-il donc maintenant trouver un chef et un Aumônier. Le chef fut trouvé en la personne de Bertrand de SCHAETZEN qui après avoir été scout à la 20ème Liège, pris du service comme Assistant de Troupe au Collège St-Martin (la 31ème). L’Aumônier fut l’Abbé BERNARD, professeur au même Collège à Seraing et qui assumait les fonctions de vicaire dominical à la paroisse.

A eux deux, ils pouvaient envisager une troupe scoute à Rotheux. C’est en 1946, la semaine précédant la fête au village qu’un petit nombre de garçons furent désignés pour assister à la première réunion d’information et ensuite, devenir les premiers chefs de patrouille et seconds (C.P. et S.P.) de l’unité locale. La 10ème du district de Liège « Les Vaillants de St Lambert » est donc née en septembre 1946… Et voilà, c’est parti… Le local sera l’ancien local du patro à l’Ecole du Sacré-Coeur, rue Maflot.Les coins de patrouilles sont construits et sous l’impulsion vigoureuse et décidée du Chef et de l’Aumônier, le mouvement démarra et ne fera que progresser. Les scouts furent vite une quinzaine répartis en deux, voire trois patrouilles : les Castors, les Renards et ensuite, les Mouettes. Réunions de troupes et de patrouilles, passages des épreuves techniques, sorties, week-end et grands camps… fameux les camps… avec leurs inspections, feux de camps et jeux de nuit que certains ne sont pas prêts d’oublier… Montjardin, Walzin, Verdenne (où eurent lieu les premières promesses), Botassart, Cielle, Straimont, Francheville, l’Eiffel (Allemagne), Clervaux (Grand-Duché), Wanne, etc…

Chaque fois des camps installés dans les endroits de choix, des souvenirs inoubliables… Quel bon temps…

En 1949, l’Unité fait l’acquisition de trois tentes de patrouille. Trois belles tentes canadiennes à double-toit, spacieuses et confortables pouvant loger six à huit campeurs.

Elles seront dressées dans la cour du local où l’Abbé FOSSOUL, alors Aumônier d’Unité, les bénira à l’occasion de la procession, le 19 juin 1949.

En 1951, une meute fondée par Jacqueline de SCHAETZEN viendra agrandir l’Unité. La jungle, son histoire, ses grandes chasses, ses camps, tout une monde merveilleux qui séduira les garçons de sept à douze ans. Une équipe de Routiers la complétera, le clan offrira aux jeunes gens de plus de dix-sept ans des occasions de parachever leur formation scoute par des activités de service.


Promesse de Jean-Claude
1954.

Et voilà comment la simple suggestion d’un groupe de jeunes garçons du village donna l’idée de fonder une unité scoute à Rotheux…

La 10ème… qui est devenue au fil des années un mouvement de jeunesse estimé et apprécié de tous.

Désiré GILLET.