C’est au XVème siècle que l’on rencontre les plus anciennes formes connues du nom de Rotheux. En 1454, des archives liégeoises mentionnent: « touts les boys entierement que ont dit de Roteux » (tous les bois que l’on désigne de Rotheux). On note aussi les expressions « en roteur » (1477) ou « a Routeux » (1561).
D’un point de vue dialectologique, « rôteû« , forme wallonne de Rotheux, est à la limite de l’ « û » condrusien et de l’ « eû » liégeois. Selon Edgard RENARD1, de part et d’autre de la limite, on se blasonne. Ainsi, les autochtones diront toujours, comme à Plainevaux, « âs rôtûs » ou « li fièsse âs Rôtûs« . La forme populaire et authentique est bel et bien « lès rôtûs« .
Il nous reste cependant à expliquer l’étymologie de ce terme, sa signification première. Par la présence de l’article « âs », on peut en déduire que ce nom de lieu est d’origine relativement récente. Comme le pense l’auteur précité, il semble donc que cette circonstance, mêlée à des difficultés d’ordre phonétique, écarte l’interprétation parfois proposée issue de « rot » germanique, dérivant du haut-allemand « ruten » signifiant « essarter ».
Par conséquent, il semble plutôt que « rôteû » s’identifie avec le français « routoir« , c’est-à-dire étang, mare, ruisseau, où l’on met rouir le lin, le chanvre. De même, d’un point de vue phonétique, le passage de « rotorium » (routoir) au « rôteû » wallon ou « rôtû » condruzien soit régulier. Enfin, la configuration hydrographique du village peut confirmer cette assertion puisque de nombreux étangs, propices au rouissage, parsemaient le territoire de la commune.
Alain-Gerard KRUPA.
1 cfr. RENARD, (E.), Glanures toponymiques, in Bulletin de la Commission Royale de Toponymie et de Dialectologie, IX, 1935, pp. 187-189.