0033. BONSGNEE

Jadis, naguère et aujourd’hui.

Cette rubrique que nous souhaitons, bien modestement, développer vise le double but de :
– Mieux faire connaître notre commune « NEUPRE » aux neupréens.
– Susciter le dialogue entre habitants.
Au départ des quelques rares documents anciens que nous possédons et d’une valeur historique certaine à savoir:
1. Carte de FERRARIS (1771-1778)
2. L’atlas des communications vicinales (1847)
3. L’atlas cadastral parcellaires POPP (1847), nous avons relevé diverses observations.

Pour ce travail, peut-être trop ambitieux , j’ai choisi de vous présenter en priorité le hameau de « BONSGNEE » que je connais le mieux, pour y être né il y a 65 ans, et y avoir vécu mes 35 premières années.
Il faut considérer les quelques pages qui suivent comme une ébauche qu’ensemble nous pourrions améliorer, compléter. Aussi c’est avec plaisir et reconnaissance que « MEMOIRE DE NEUPRE » recevra vos anecdotes historiques, remarques et suggestions…
Dès à présent et pour un prochain numéro je mets en chantier, en collaboration avec quelques anciens de l’endroit, l’étude des hameaux de GRANDZEE et STRIVAY .

BONSGNEE… quelle est sa signification.. son origine..?

Cela relève de la Toponymie…nous avons amorcé des recherches à ce sujet.

BONSGNEE… de l’examen des documents (cartes et plans) je vous livre quelques constatations émaillées d’anecdotes.

Voirie et communications.

En examinant la carte de Ferraris (1775) (voir extrait « BONSGNEE » page 32, et couverture de nos cahiers) et en la comparant avec les autres, moins anciennes(1847), que nous possédons, on ne peut que s’émerveiller de la précision et des détails de celle-ci. Malgré une planimétrie quelque peu différente, cette carte est riche en renseignements.

De Bonsgnée à Esneux

Anciennement Rotheux dépendait d’Esneux ce qui obligeait les habitants de Bonsgnée à de fréquents déplacements « pédestres » vers Esneux, cela tant pour des besoins administratifs que commerciaux ou religieux.

li vôye des mwerts

Le tronçon de l’actuelle route Rotheux-Esneux, anciennement chemin n°6 de Rotheux à Strivay, depuis la sortie de Bonsgnée1 (ferme DONIS) jusqu’à la jonction avec la route de Plainevaux-Ouffet n’existait pas lors de l’établissement de l’Atlas des vicinalités de Rotheux en 1847 (voir plan page 36). Par contre, 10 années plus tard, elle est mentionnée sur le plan cadastral POPP .(voir plan page 22).

La liaison Rotheux-Esneux (avant 1850) suivait donc le chemin n6 jusque Bonsgnée, ensuite pour rejoindre Esneux deux chemins étaient possibles. Le premier itinéraire empruntait le chemin n6 encore existant, mais actuellement impraticable, vers Strivay et Esneux.Le second, le plus fréquemment utilisé, empruntait le chemin n11 (Berleur, La Salle, Bonsgnée, Esneux) aussi dénommé « Vôye des mwerts »2 par le fait qu’a cette époque(avant 1714)3, il n’existait ni Eglise ni Chapelle à Rotheux, peut-être même pas de cimetière (?).Dès lors, les convois funéraires empruntaient ce chemin, d’où l’appellation « Vôye des mwerts ».

Avec tout son art de conteur wallon, le regretté Fernand DONIS racontait volontiers l’anecdote suivante au sujet des « colèbeu »4. Elle me fut confirmée par feu René BILMAECKERS lui-même colombophile dès le début du siècle, époque héroïque pour ce hobby.

Fréquemment à cette époque, l’association ne possédait qu’une seule horloge de contrôle, parfois même une pour plusieurs sociétés colombophiles. Cela eut pour conséquence l’apparition de sportifs bien particuliers, les « coreûs âs colons »5.

Malgré la bonification, préalablement convenue en fonction du parcours, les colombophiles habitant Bonsgnée devaient faire de la course à pied pour se rendre le plus rapidement possible au contrôle d’Esneux. Ils n’avaient pas les moyens de se payer le luxe d’un cheval, qui aurait permis de gagner quelques précieuses secondes. Cependant, imaginatifs, les plus subtils de ces colombophiles organisèrent des courses par relais.

Que de situations épiques lors du transfert de l’objet du relais. Vous imaginez cette petite bague en caoutchouc, parfois perdue dans la précipitation, ou transmise par erreur comme relais d’une autre équipe. Il faut aussi savoir que là où était localisé le relais, en attendant les pigeons (du moins leur bague), c’était la fête et nos anciens savaient s’amuser autrement qu’avec des « Walkman ».

En guise de blague, ils allaient jusqu’à imaginer de faux relais, ils transmettaient la bague d’un ami de manière à faire partir le relais avant l’arrivée du vrai porteur. Imaginez la tête de ce dernier qui n’avait plus qu’une solution, continuer la course jusqu’au bout. Souvent aussi à force d’attendre et d’arroser au « p’tit blanc » le relayeur n’était plus en état d’accomplir sa course avec toute la performance escomptée.

De Bonsgnée à Plainevaux

La liaison Bonsgnée-Plainevaux avant 1855 se faisait par le chemin n8 (voir plan page 36) qui existe toujours mais est quasi impraticable.Ce chemin se trouve en amont de Bonsgnée à 150m à gauche avant les premières maisons.

Je me souviens aussi que le fermier Lambert GROSJEAN, habitant le moulin de Plainevaux (ferme et moulin actuellement à l’état de ruine), au printemps, lors de la fumure des prairies, montait du moulin vers Bonsgnée par la grand route, avec un chariot attelé de 2 chevaux. Il se rendait dans les prairies du Pierry et de St Martin et ensuite retournait à vide par le chemin n8, en empruntant la partie supérieure.

Auguste DROMELET

1     Au départ du carrefour du Bout de Rotheux, le tronçon vers Engis, c-à-d l’actuelle rue Sart Laurent n’existait pas non plus. La circulation entre le village et le Bout de Rotheux empruntait l’actuelle rue Duchêne dans son tracé ancien avant réalignement.

2     chemin des morts

3     voir « Les Cahiers de Jadis » n1,Rotheux Ancienne chapelle Saint-Firmin, p. 11.

4     amateur de pigeons – colombophile

5     coureur qui portait au contrôle, les pigeons mis à un concours et rentrés au pigeonnier (type disparu vers 1896-98 quand on usa d’un appareil automatique constatant la rentrée).