0300. LE BOIS DE PLAINEVAUX

Monsieur Herrin de Seraing, nous a aimablement autorisé à publier dans notre périodique des extraits de son ouvrage sur la forêt locale. Ce premier article traite du bois de Plainevaux.

Sommaire géographique.

Les grands défrichements du Moyen-Age qui firent du plateau condruzien une région aux vastes horizons connue de chacun, marquèrent moins l’interfluve liégeois d’entre Meuse et Ourthe vu le caractère accidenté des lieux. Trois forêts (massifs du Sart-Tilman, du bois d’Esneux, le nôtre) y subsistèrent longtemps séparées par du bocage (parfois urbanisé).

Ce dernier est caractéristique dans la zone comprise actuellement entre le « Bois d’Esneux » et le massif qui nous occupe. Plana vallis et Estriveal

– Plainevaux et Strivay – naquirent dans cet intervalle encore verdoyant aujourd’hui malgré une urbanisation galopante.

Parmi champs, prairies, villages ou quartiers résidentiels, demeurent un peu partout bosquets, ravines, petits bois. Un des plus étendus (une cinquantaine d’Ha) est le bois de Plainevaux qui nous intéresse ici.

Il est situé au Nord-Est du Bocage, pris entre la Roche-aux-Faucons et l’autoroute du Condroz.

L’altitude va de 270 m. (Les Clawires) à 210 m. (chantoirs de Trawe Lawe – SS n3). La pente est orientée au Sud. C’est le seul secteur de la Forêt à se trouver, partiellement, sur sol calcareux (SS n3).

Deux ruisselets – Trawe Laiwe et de Beauregard – descendent à travers bois pour s’unir puis se perdre dans les chantoirs derrière la Roche-aux-Faucons.

Situation en 1777.

Le bois est un peu plus important que maintenant, car il y a moins de percées. De plus, la clairière agricole dans laquelle fut récemment installé un quartier résidentiel (rue de Beauregard) n’existe pas (SS n1-2-3).

Limité au Nord par le Bois de la Vecquée marqué de bornes, que le chemin de Plenevaux aux Clawires/Bonselles suit parallèlement; sa lisière Est représente la frontière de l’enclave du Duché de Limbourg (Seigneurie d’au delà les bois). Le Sud – par delà la Vieille Voie de Tongres – donne sur des campagnes s’étendant jusque Strivay. L’Ouest borde les « Grands Champs » comme actuellement.

La voie charretière Plenevaux/Beauregard existe déjà, ainsi que le hameau du même nom. La Vieille Voie de Tongres se glisse le long des bois de Plenevaux et du Curé (SS n2) entre la crête de la Roche-aux-Faucons et les chantoirs des Fosses et de Trawe Laiwe, en direction des censes de la Famelette et d’Avister.

Evolution après l’ancien régime.

La carte de 1863 révèle qu’un défrichement a eu lieu au centre du bois. Dans cette clairière sera installé, seconde moitié du 20ème s., le quartier résidentiel de Beauregard. A l’Est, un grand chemin remonte de la route de Beauregard vers les Clawires. A côté, l’ancienne frontière du Duché de Limbourg est maintenant limite de la Commune d’Esneux. Une croix se dresse à la sortie du bois, côté vieux hameau. Le calvaire a été récemment rénové.

Une autre voie quitte la nouvelle clairière vers la VV n8 Sg. L’ex-voie de Tongres marque toujours l’extrémité Sud du bois près des chantoirs. Et un carrefour en étoile -sur lequel veille la Croix Waldor- dirige ses chemins tous azimuths vers Beauregard – Nomont – La Rosière – Plainevaux. Cette situation reste pratiquement inchangée jusqu’à la fin du siècle.

Il ne faudra plus longtemps pour qu’apparaissent les rails des vicinaux Ougrée/Clavier. Issues de Boncelles, elles traversent l’Ouest du bois pour longer les Grands Champs en descendant vers l’Arbois. Après, cette percée sera chemin forestier.

Entretemps, l’emplacement de la Croix Waldor a été occupé par une fosse circulaire. Celle-ci amorce une carrière de sable. Elle sera toujours là en 1950 mais servira finalement de dépotoir. Il sera enfin recouvert de terre puis replanté par les Eaux & Forêts. A ce moment, le dépotoir aura émigré dans les chantoirs dits « Les Fosses », alors qu’apparaît dans la clairière le nouveau quartier cité plus haut. Ce dépotoir sera finalement rebouché et replanté. Cependant, les pollueurs persistent à dégrader l’endroit.

La seconde moitié de ce siècle, une ligne H.T. traverse « Grand Champs » et Ouest du bois A la même époque, l’autoroute du Condroz coiffe le chemin « Plenevaux/Clawires ». Or celui-ci servait entre autres, dans le passé, au débardage de la région supérieure du bois. Un nouveau chemin forestier lui sera donc substitué, allant des Clawires jusqu’au Nord des Grands Champs, parallèlement à l’autoroute.

Dans le Sud du SS n 1 sont épars plusieurs blocs de poudingue. Des rumeurs y voient des vestiges mégalithiques. Il est vrai que la « Fine Pierre » n’est pas loin.

Sommaire géologique.

Le Bois de Plainevaux se trouve à la limite de l’Ardenne condruzienne et du Condroz « caractéristique ».

Au Nord (SS n1), les roches schisteuses de l’Emsien moyen et supérieur sont partiellement recouvertes de dépôts subhorizontaux de sables tertiaires. Au Sud (SS n3) le soubassement se compose des roches schisteuses de l’étage du Couvinien et calcaires de l’étage du Givetien, marquées à l’extrême limite du secteur par le début d’une succession de chantoirs aboutissant finalement au vallon de Sécheval (Ferraris disait : Fond des Sept chevaux !), et décrite ainsi par Comhaire :

1918 « ... toute cette région… constitue l’extraordinaire zône des chantoirs… qui comprend le vallon dit de Sècheval, débouchant à l’Ourthe aux grottes du Monceau et de Sainte-Anne« .

Une lentille de sable tertiaire recouvrant des roches du Couvinien a jadis fait l’objet d’une exploitation (carrière de la Croix Waldor -SS n2). A proximité, la falaise de la Roche-aux-Faucons se compose des calcaires du Givetien.

Des limons nivéo-éoliens coiffent l’ensemble d’un manteau plus ou moins épais et érodé.