Généalogie –Terminologie des parentés .1069

P. Dangoxhe -Novembre 2001

Bien que la plupart des termes de parenté soient encore employés aujourd’hui, plus on remonte les siècles, plus l’établissement des filiations se heurte au manque de précision ou de fixité dans la terminologie.

A.E. Huy Orbituaire de la collégiale sainte Ode Rég. 5, f 6

Dans les actes anciens, certains mots diffèrent des mots actuels ou sont loin d’avoir un sens invariable.
Nous en proposons quelques-uns, destinés à ceux que tente la recherche généalogique.
ANTE: Ce mot qui signifie tante est employé parfois dans le sens de grand-mère.
« Damlle Agnes (de Hermalle) leur ante » (C.F. Hermalle-sous-Huy, Reg. 62, fo 47-1490).
AVUNCULUS: Synonyme d’oncle, désigne le frère du père ou de la mère.
« Dedimus Gerardi 14. annorum filio…Petri Gregoire et q(uondam) Margta Dangoxhe conjugum… Fran(cisc)um Dangoxhe avonculum… » (Liège -Mambournies, Reg. 120, fo 11, N° 30-1670).
BARON: Se dit parfois pour mari.
« La seur Wauty (Dangoisse) et son baron » (H.C. Limbourg, Reg. 30, fo 153- 1536).
COUSIN: 1. Désigne le cousin à différents degrés (ici: cousin germain).
« Thiry, Jean et Lauren…Helwy et Maroie leurs seures tous enffans a feu Toussaint Dangoxhe…Jean fil feu Moÿs de Roisier leur cousin » (C.J. Plainevaux, Reg. 7-1599)
2. Prend le sens de l’actuel neveu.
(Robert Dangoxhe) « au proffit de Art de Warnand mayeur del Neufvi-1575)
(Art de Warnant a épousé Marie Dangoxhe, nièce de Robert Dangoxhe)
GRANDE DAME: Grand-mère.
(Hubin de Saltoreau) « sa grand dame a este mourte est passez XXVII » (H.C. Limbourg, Reg. 30, fo 153 vo1536)
(…est morte il y a plus de 27 ans)
GRAND SIRE: Grand-père.
(Jean de Waillet) « Jean Surlet son grand sire » (C.F. Hermalle- sous-Huy, Reg. 62, fo 45-1490)
GRANDSOUR: Terme collectif signifiant le degré grand-paternel.
« Johan Dangoisse grant sor a Houbin (de Saultereaux) » (H. C. Limbourg, Reg. 30, fo 153vo1536)
MAMBOUR: N’est pas à proprement parler un terme de parenté. Il correspond à notre idée de tuteuroureprésentant. C’est la plupart du temps une tâche réservée à un membre de la famille.
« Maroie vefve de feu Thiry Dangoxhe ayante avec elle Toussaint son fil et mambour » (C.J. Plainevaux, Reg. 4, f° 110-1577)


A.E. Liège. – Cour féodale Esneux- Reg 57, fo 4vo et 5-03 sept 1477-mai 1479.

NEVEU:
1. Neveu.
« Guilh(eam)e de Chaisne son nepveux » (C.J. Sprimont, 216-1586)
(Guillaume de Chaisne a épousé Catherine Dangoxhe, nièce de Robert Dangoxhe)
2. Petit-fils.
« Tossaint Dangoxhe et Marie (de Sur le Thier) sa femme… Laurent leur fils…Tossaint fils dudit Laurent leur nepveu » (C.J. Plainevaux, Reg. 9, f° 17- 1668)
ONCLE: 1. Oncle.
« Renair de Sepfawe oncle audit Wathier (de Septfawe) » (VSL, Reg. 195, f° 110-1450)
2. Grand-père: (donc, grand-oncle = arrière-grand-père).
« Item pour les deux tiercepart des biens assenez a n(ôt)re maison par Wathy (de Septfawe) son grand-oncle » (VSL, Reg. 195, f° 113-1550)
(Wauthier de Septfawes est l’arrière-grand-père de Jean Dangoxhe)

A.E. Liège. – Cour féodale Esneux- Reg 57, fo 4vo et 5-03 sept 1477-mai 1479.

PARATRE: Second époux de la mère par rapport aux enfants nés d’un premier mariage.
« Ju li dis Anthone qui uze en cesti presens chas de scialz Lowi mon paraistre » (VSL, Chartes-1420)
(Moi, le dit Antoine, qui use en ce présent cas du sceau de Louis, mon parâtre)
(Antoine, fils de Henrotai delle Court et d’Agnès N.
Cette dernière épouse en secondes noces Louis de Septfawes)
SOROGE: Mari de la sœur (le wallon a conservé le mot « sorodje »).
”Jehan de Septfawe, Waulthier de Septfawe, manant (=demeurant) en Angosse (Angoxhe) frer(e)s et Waulthier delle Vaux de Nandren leur seroige” (VSL, Chartes-1452)
et BEAU-FRERE: Frère de l’épouse.
”Lambert Malcortoix…comme maris et mambour de damhlle Maroie fille legittime de feu Wath(ie)r de Septfawe…Johan Dangosse aussi filx de jadis Wault(ie)r…,son beau fr(er)e” (VSL, Reg. 196, f° 68-1480)
Les expressions peuvent également varier.
DECEDE: Se dit comme suit.
« Terre ki gist deleis le manoir Henry de Sechfau ki fut » (VSL. Chartes-1304)
(Terre qui gît près du manoir de Henri de Septfawes qui fut)
« Loys dit Lowette filz Henry jad(is) del Sechfawe » (VSL. Reg. 195, f° 20- 1322)
« Ysabea fille de feu Wathy Dangoxhe » (C.J. Sprimont, Reg. 7, f° 119vo1611)
ENFANT ILLEGITIME: Se présente sous différentes formes.
« Renart bastard Dangoxhe » (VSL. Reg. 441-1575)
« Renard fil naturel Johan Dangoexhe » (VSL, Reg. 442-1576)
« Feu Charle b Dangoxhe » (C.J. La Rimière, Reg. 1, f° 12-1593)
HERITIERS: Différentes formules existent.
« Les rep(rese)ntants Wathy d’Angoxhe » (VSL, Reg. 193, f° 346-1548)
« Hoirs et remanans Jean Surlet » (C.F. Hermalle-sous-Huy, Reg. 62, f° 39- 1415)
VEUVE: L’état de veuve s’exprime de plusieurs façons
« Marion des Septfawes jad(is) espouze audit feu Symon Dangosse » (VSL, Reg. 195, f° 179-1547)
« La relicte Wauthier Dangoisse » (VSL. Reg. 426-1551)
« La vefve Johan Dangoxhe » (C.J. Sprimont, Reg. 3bis. f° 115-1580
Une autre manière de préciser la filiation s’exprime parfois comme suit: « Catherine Orban fille de feu Marie Piette Dangoxhe »
Cette fois, la suite même de l’acte nous éclaire:
« …les biens Dangoxhe…luy procedant de par sa mere appelee Marie fille Piette Dangoxhe » (C.J. Sprimont, Reg.9, f° 120-1623)

Liens de parenté

La multiplicité des renseignements concernant une même personne, leur précision, l’examen attentif qu’on en fait, permettent seuls d’éviter toute confusion. En voici un exemple.
En consultant le « Mémoire de licence en histoire  » de Claire Moreau1 sur l’Obituaire de la Collégiale Sainte-Ode à Amay, nous trouvons Jean de Seffawes, chanoine, décédé en 1515. L’auteur se demande si ce personnage est le même que celui qui fut prêtre et curé d’Ampsin.
Cette lecture nous amène naturellement à l’examen de la pièce originale dans l’obituaire susdit.2
D’autre part, le « Recueil d’épitaphes par Henri van den Berch »3 nous décrit la pierre tombale à Amay de Johannes de Seffau, prêtre et chanoine de la Collégiale, décédé en 1515. Son blason y est gravé. La même question y est posée: Un Jean de Septfawe était curé d’Ampsin. S’agit-il du même personnage?4
Nous découvrons alors un document ignoré des chercheurs, qui confirme leur supposition:
« Jehan de Sept Fauwe pbre vesty Damchin et chanone Damay »5 (1493).
(Jean de Septfawes, prêtre, curé d’Ampsin et chanoine d’Amay)
Dans les archives de la Cour féodale d’Esneux6 qui concernent une partie de l’actuel Neupré, nous lisons:
« At releve mesir Johan de Septfawe vesty Danthine le Nouffpreit7 en fÿes (=fief)…et la mist ledis mesir Johan de Septfawe en home de luy ligneis home on appelle Johan Dangoche… » (1477).
Or, ce document nous est parvenu sous forme de copie de l’original. Nous savons cependant que Jean de Septfawes était déjà curé d’Ampsin en 14728. Le scribe a mal lu l’écriture ancienne et confondu Anthine (Anthisnes) et Amchin (Ampsin). Au folio suivant, à propos du même, il répare d’ailleurs son erreur et écrit correctement « vesty Damechin » (curé d’Ampsin).
D’autres archives viendront compléter ces différents éléments. Mais arrêtons-nous là. Quels sont les enseignements à en tirer?


° La mise en parallèle de documents épars dans le temps et dans l’espace est absolument nécessaire.
° La vérification des renseignements glanés est primordiale.
° Aucun lien de parenté n’est ici formellement exprimé mais nous apprenons que deux personnages sont de même lignage, autrement dit, ont un ancêtre commun.
° L’étude du blason, indice supplémentaire, permet d’orienter les recherches.

A.E. Huy Cour de justice Amay-Reg1 – fos 33 à 35 –déc 1493

1 MOREAU C. -Obituaire de la Collégiale Sainte-Ode d’Amay, Mémoire de licence en histoire, 1982-83- Faculté de Philosophie et Lettres – Université de Liège -N° 256.
2 AEH-Obituaire de la Collégiale Sainte-Ode -Amay -Reg. 5, f° 6v°.
3 VAN DEN BERCH H. -Recueil d’épitaphes -Edité et annoté par L. Naveau de Marteau et le chevalier A. Poullet, in Société des Bibliophiles liégeois -Tome II, 1928, p.185
4 Op. cit. -Notes 3 et 4 p. 185.
5 AEH -C.J. Amay -Reg. 1, f° 33- Décembre 1493.
6 AEL -Cour féod. Esneux -Reg 57, f° 4v° et 5-03 septembre 1477- mai 1479. -idem, Reg. 58.
7 Le fief de Neupré, resté lieu-dit à Rotheux dans la mémoire collective, a servi, dès la fusion des communes, à désigner la nouvelle entité: NEU(ville)P(lainevaux)R(otheux-Rimière)E(hein).
8 AEH -C.J. Amay -Chartes –”Johan de Seffawe psbre vesty Damchin”-26 janvier 1472