1655. Plainevaux 1918 : l’art d’être résistant !

Daniel Van Alken

Au mois de mai 1918, l’occupant, ayant épuisé les essences nobles en est arrivé à récupérer des peupliers ! Dans la correspondance de ces années de guerre, il transpire un net sentiment de résistance passive !

En voici un exemple…

Suite à une demande de l’« Ortskommandantur » d’Esneux concernant le transport vers la gare des peupliers abattus dans la commune…

« …Comme je l’ai dit, samedi 29 juin dans vos bureaux, les propriétaires de chevaux de notre commune ne sont que de petits cultivateurs et charretiers ; nous n’avons donc pas d’hommes capables de faire le chargement et nous ne possèdons ni chariots, ni tricbal, ni cric, ni chaînes. Il nous est impossible de commencer le transport tant que nous n’avons pas les outils nécessaires ainsi que les hommes experts dans les chargements et déchargements des gros bois…

(et on pousse le bouchon encore plus loin !)

J’avais demandé à un entrepreneur étranger à la commune de se charger de ce travail, mais il n’est pas encore venu pour arrangement. S’il se présente, je lui demanderai son prix par mètre cube ou par arbre et je vous le communiquerai.
Veuillez agréer, Monsieur le Kreis-chef, nos salutations distinguées

Le bourgmestre
Gilon

En juillet, demande de 25 tonnes de charbon dit « gaillette » à la houillère du Gosson à Jemeppe pour le battage des récoltes (C’étaient des machines à vapeur louées aux établissements Raze à Esneux).

Le 10 juillet 1918 , il faut protéger les récoltes…

Le bourgmestre Gilon nomme deux nouveaux agents de police : M.M. Pirlot Henry domicilié à Esneux, chargé de la surveillance de la section de Rosière, spécialement la ferme de Pierre Louis, le deuxième agent sera Micha Florentin, domicilié à Boncelles, chargé de la section du château avec la ferme d’Octave Defechereux. Le salaire de ces deux nouveaux fonctionnaires sera intégralement payé par les fermiers !

Le 12 juillet 1918, dans la commune, il y a… trois vélos qui sont pourvus de pneus en caoutchouc.

  • Crépin René, rue Martin, 209
  • Crépin Léopold, rue Martin, 216
  • Hépers Armand, Heid, 237

Le 6 août 1918, les fameux peupliers ne sont pas encore transportés à la gare d’Esneux et le bourgmestre Gilon… continue à se moquer poliment du système !

Monsieur le Kreis-chef impérial de Liège,

J’ai l’honneur de porter à votre connaissance que M. Valniflamme ; délégué de M. Auerbach de Bruxelles, est venu de nouveau me dire de commencer le transport des bois blancs abattus dans notre commune.

Comme je vous l’ai écrit le 2 juillet dernier, nous n’avons ni tricbals, ni chaînes, ni aucun des outils nécessaires ; nous ne disposons que de quelques chariots de ferme qui ne sont pas même assez solides pour conduire ces bois.

De plus nous n’avons pas d’hommes capables de faire le chargement et attendu que ce travail est très dangereux, vous m’obligeriez beaucoup en me faisant savoir à qui incombera la responsabilité des accidents qui pourraient arriver en faisant ce transport.

Pour dégager notre responsabilité, aussi bien la vôtre que la mienne, ne serait-il pas préférable que M Valniflamme chargerait de ce travail M. Brisbois ( !! Bien évidemment, avec un nom pareil !! ) d’Esneux et M. Arthur Deville de Neuville E/C qui sont deux entrepreneurs de transport et qui possèdent tout le matériel nécessaire.

De plus, Monsieur Valniflamme m’a dit que le prix est fixé à 10 francs par arbre, je suppose qu’il a fait une erreur et que c’est 10 fr. par m³ car les bois à transporter sont à 7 et même à 8 Km de la gare d’Esneux et une partie d’entre eux se trouvent dans un fond d’où il sera très difficile de les en tirer, aussi le prix de 10 fr. par arbre serait tout à fait insuffisant.

J’espère, Monsieur le Kreis-chef, que vous voudrez bien examiner toutes ces considérations et je vous prie d’agréer mes salutations distinguées,

Le bourgmestre,
Gilon

En août, beaucoup de réfugiés Français de la région de Roubaix sont à Liège (ils quittent les zones de combats).

A Liège, épidémie de grippe espagnole, il y a une quarantaine de morts par jour, le service des sépultures est débordé.

Vers la fin du mois, elle disparaît comme elle est venue..

Les prix commencent à baisser…