0871. LA CHAPELLE DE STRIVAY

Agnès DUMOULIN

Saint DONAT

Il nous paraissait intéressant, dans le cadre des différentes recherches que nous avons entreprises sur les différents monuments et lieux remarquables de l’entité de Neupré, de nous pencher sur l’histoire de la chapelle du hameau de Strivay. Cet article a été rédigé d’après les documents en référence en fin d’article.

Dédiée à St. Donat, elle est communément appelée “chapelle annexe”, et dépend, en effet, de l’église de Plainevaux.

En 1930, M. Delcommune écrivait1 :

A flanc de coteau, à presque mi-hauteur entre la commune de Plainevaux et celle d’Esneux, se trouve le joli hameau de Strivay. Son nom apparaît pour la première fois en 1192. A cette époque, les moines de Signy, dans les Ardennes françaises, reçurent parmi les territoires pour fonder une abbaye, le sart de Striveal. A cette époque, les habitants du hameau devaient se rendre à Esneux pour l’exercice du culte catholique. La construction de la chapelle, située près du château occupé par M. Braconnier, date de 1830.Bien avant cette époque, il existait une autre chapelle au lieu-dit “Grandzee” dans un bâtiment appelé “la bergerie”...”

Selon Renaud Strivay, la chapelle actuelle fut bâtie sur autorisation de Guillaume I, roi des Pays-Bas, accordée le 11 mars 18302.

Et M. Delcommune de poursuivre : “…en 1830, M. Libert, propriétaire du château, de concert avec les habitants de Strivay et de Grandzee, fit construire la chapelle. Certains d’entre-eux firent placer un banc à leurs frais et y firent graver leurs noms.

La chapelle – vue extérieure début du siècle

La chapelle vue extérieure photo R. Bertrand 1999

A cette époque, la messe était célébrée par un chanoine retraité qui habitait le domaine du Rond-Chêne.
En 1884, la chapelle étant devenue insuffisante par suite de l’augmentation de la population, les fidèles résolurent de l’agrandir et y contribuèrent.
C’est seulement en date du 1.10.1912, qu’elle fut reconnue comme édifice du culte en annexe de l’église de Plainevaux, par Arrêté Royal. L’année 1930 a été marquée par la célébration du centenaire de la construction de cette chapelle. A cette occasion, la chapelle fut restaurée grâce aux dons des paroissiens.”

La chapelle vue intérieure vers 1930

Le même auteur nous en donnait la description suivante : “ de construction simple, mais coquette, cette construction trône comme un aiglon dans le petit hameau de Strivay. Que d’étrangers se sont attardés à trouver bien dans leur simplicité : et le tabernacle et le banc de communion. Il est généralement admis que la pierre d’autel est celle qui se trouvait à Rosière dans la chapelle de M. Damry. La cloche, que l’on croit avoir été baptisée “Anna” eut pour parrain M. Edouard Debois et pour marraine Mme Sophie Foccroule-Dayeneux. Le tableau mural représentant une religieuse en prière, est un don de M. Debois et sa famille en 1867. M. Bellefroid fit don du Christ qui se trouve en haut de la nef, côté gauche.

En reconnaissance, pour protection spéciale, (le retour d’un fils après la guerre 14-18), la famille Crunenberg a fait don de la statue du Sacré-Coeur. M. Discry, lors d’un séjour dans le hameau légua la statue de St Donat. Les statues de St. Joseph (école de Del Cour) et de Ste Cécile terminaient la décoration.
La barrière métallique qui ferme l’entrée de la chapelle a été placée pour permettre aux fidèles de pratiquer leurs dévotions sans pénétrer dans celle-ci.”
Mais revenons à une époque plus contemporaine, et détaillons la construction3
l’édifice est construit en briques et calcaire avec soubassement calcaire, partiellement appareillé. Le clocheton est à quatre pans, le portail à pilastres est sommé d’un fronton semi-circulaire, les façades latérales sont neutres, le prolongement est plus récent”.
Nous pouvons affirmer que cet édifice religieux a été classé par parties, suivant l’Arrêté du 30 novembre 1989 par le Ministère de la Communauté Française.
Nous avons pu recueillir quelques témoignages qui nous donnent un aperçu de la vie des paroissiens de la chapelle. Tout au long de ce siècle, la chapelle fut desservie par le Curé de Plainevaux qui y célèbre la messe le Dimanche. Les baptêmes et enterrements n’y sont généralement pas célébrés, seuls quelques mariages eurent cette belle chapelle pour cadre.
Plusieurs curés de la paroisse ont animé cette chapelle : ce sont successivement les abbés Donnay, Conrad (1925), Chavée (1936), Lange (1945-1956), Lousberg, Werner, Bourdouxhe, Lekeu, Van Duffel (1980-1994) et Hanosset (depuis novembre 1994).
L’abbé Chavée a eu recours à l’aide de prêtres attitrés à cette chapelle : en 1937, le curé Braibant (de santé précaire) a habité une maison appartenant à la Fabrique d’Eglises jusqu’en 1940, et le Père Barras lui a succédé. Durant la mobilisation, les autorités militaires ont offert leurs services.
Pendant la guerre, l’édifice a naturellement souffert de divers assauts et notamment des “V1”, mais la chapelle abîmée, la famille Braconnier mit un local du château à disposition des paroissiens en attendant la réfection de leur chapelle
Au mois de mai, période mariale, les paroissiens se réunissaient pour réciter le chapelet. La fête de St. Donat, patron de la paroisse, se célébrait le troisième dimanche de juillet en même temps que la fête au village4. “Depuis la fondation de la chapelle, la tradition nous dit que la dévotion à St. Donat a toujours été en honneur à Strivay et qu’ aucun dégât grave de grêle ou de foudre n’était survenu dans le hameau. Suite à un orage terrible qui avait dévasté la contrée tout en épargnant Strivay, trois personnes pieuses résolurent de faire célébrer une messe de reconnaissance en l’honneur de St. Donat, protecteur des habitants et des champs. Telle est l’origine de cette fête.” Celle-ci était célébrée de manière spéciale : chaque famille apportait des fleurs et de la verdure pour orner la chapelle à cette occasion, de plus, les paroissiens se munissaient de nombreuses bougies. Après que celles-ci se soient quelque peu consumées, ils les ramenaient à domicile comme objet de protection.

Lors de cet office, l’assemblée chantait un Cantique dont voici un extrait :Maîtrisant les nuages
La foudre et les éclairs
Il chasse les orages
De nos champs, de nos terres…
Le temps a passé, la dévotion est toujours d’actualité mais combien simplifiée !
La procession de Plainevaux, à la fenaison, se rendait à la chapelle St. Donat.

Vue intérieure de la chapelle- photo R. Bertrand 1999

Pénétrons à l’intérieur de la chapelle. La barrière métallique qui fermait l’édifice n’existe plus, la porte d’entrée a été remplacée en 1998. La demi-lune qui surplombe l’entrée a perdu sa décoration peinte que l’on peut remarquer sur d’anciens documents. Le poêle de la photo de 1930 a fait place à un chauffage électrique et les bancs ont été remplacés par des chaises.. Le tabernacle, qui était primitivement en bois, est nouvellement fermé par une porte finement travaillée en cuivre.

Si nous reprenons la nomenclature des statues, objets religieux et précieux, on peut regretter une diminution du patrimoine justifiée par une dilapidation des objets religieux, la disparition d’ornements lors de l’incendie de l’église de Plainevaux le 5 mai 1969 (où ils étaient entreposés) et un vol très préjudiciable en juin 19985.

L’ancien chemin de croix volé

A cette date, des tableaux, les quatorze stations du chemin de croix, et 3 statues en plâtre polychrome de 1,50 m ont été dérobés, dont une vierge, en partie dorée à l’or fin. (Celle-ci était un don du Père Lekeu). D’autre part, nous avons pu admirer le très ancien Christ en bois, une belle icône,
les statues de la Vierge, St. Joseph, Ste Bernadette, le Petit Jésus de Prague et St. Donat.

Le nouveau chemin de croix
Le tabernacle

En 1952, le Curé Lange a mobilisé quelques paroissiens pour repeindre l’intérieur de la chapelle. Par la suite, divers travaux ont été effectués par une entreprise. Un dossier est actuellement constitué pour une rénovation bien nécessaire. On ne peut que souhaiter une vigilance toute particulière des responsables avant une dégradation plus accentuée encore, et bien dommageable pour ce sanctuaire bien situé, coquet, tellement attachant et qui nous parle encore de tout un passé…

Il a 170 ans…….

LE TABERNACLE

1 Essai historique sur la paroisse de Plainevaux. Modeste Delcommune-1930-pp. 93 à 101
2 Contribution à l’Histoire du Village de Plainevaux. Renaud Strivay-1939
3 Le patrimoine monumental de la Belgique – Wallonie – Vol.8-Province de Liège
4 Pour la tradition orale et les photos, nous remercions Mme Rolande et M. Renaud Bertrand, Mme Edith Walrand, Mme Nicole Rots-Crespin pour son article : “St. Donat, grâce à qui, un violent orage épargne Strivay”dans la “Petite Gazette” des “Annonces du Condroz”
5 Journal “Vers l’Avenir” – 02.06.98