0842. La grotte de Rosière

Van Alken Daniel

La VENERIE côté est – Photo Van Alken

Peu de promeneurs et d’habitants connaissent cette grotte située sur le territoire de la commune de Plainevaux car sa découverte est relativement récente.
En effet, ce sont des membres du spéléo club « La chauve souris » qui, au mois de janvier 1965, après divers sondages et travaux de désobstruction, ont dégagé cette grotte sous l’égide de Jacques Dubois.

Le levé topographique a été réalisé par lui-même le 23 janvier 1965.

Pour ma part, je suis entré la première fois dans cette grotte à peu près à la même époque mais ne notant pas le détail de mes « pérégrinations », je ne peux en préciser la date.
Situation: A la Rosière près du manège de la Vénerie, rive gauche de l’Ourthe.
Coordonnées: Latitude : N.5° 32′ 55 » ; Longitude: E.50° 32’33 » ;
Altitude 100m.
Situation géologique : Calcaire givétien (gva), voisinage du calcaire (gva) avec des shistes et des grès du couvinien.

Entrée de la grotte – Photo Van Alken.

De la Vénerie, vers l’amont de l’Ourthe, longer le chemin en direction d’Esneux sur 200m, à la fin du nouveau bâtiment du cercle équestre, prendre à droite à travers le pré et continuer 100m en tournant le dos à la rivière.

On entre alors dans le site d’une ancienne carrière de pierres jadis exploitée sous le régime hollandais.
L’entrée de la grotte se trouve dans le fond de cette carrière presque à ras de terre.
L’observateur peut y distinguer deux trous sur le petit promontoire de calcaire argileux, le trou de droite étant l’accès.
L’entrée est suivie d’un boyau d’une dizaine de mètres de longueur, de 70cm à 1m de largeur où on progresse à genoux. Cette galerie d’entrée est en légère pente ascensionnelle.
A la fin de celle-ci, s’ouvre une petite salle ronde mais assez basse.
Une chatière permet d’accéder à une salle plus importante (longueur 15m; largeur 9m; hauteur 5m), présentant des concrétions calcaires de peu d’importance au plafond.
Au fond de cette salle, toujours dans l’axe, après avoir franchit une zone d’éboulis, il se présente encore un passage sous forme d’une cheminée s’élevant dans le roc avec une pente de 40%, longue d’une quinzaine de mètres. La progression est alors arrètée par un important bouchon d’argile et d’éboulis qui, vu sa situation, serait difficile et dangereux à percer. L’entreprise n’en vaut pas la chandelle car la distance entre ce bouchon et la surface du plateau est courte.
Le développement total connu est d’une longueur d’environ 60m avec une dénivellation de 15m.

Intérêt touristique

Le plafond de la grande salle –Photo Van Alken

Nul, sauf le site de l’entrée, se trouvant dans une ancienne carrière, permettant ainsi de se rendre compte des méthodes d’exploitation de l’époque, des bancs de calcaires verticaux, de la proximité de l’Ourthe facilitant ainsi le transport des pierres à l’aide de bateaux à fond plat, les « bêchettes ».

L’observateur peut encore retrouver au bord de l’eau des grosses pierres taillées et disposées afin de former un semblant de quai. Certaines portent des traces ou ont toujours des anneaux de métal pour l’amarrage !

Intérêt géologique :
Grotte encore vivante.
Le passage a été creusé par l’eau qui descendait d’un chantoir ou d’une doline situé sur le plateau calcaire entre Strivay et le val de Rosière.
L’eau est toujours présente dans la grotte sous forme de minces filets. En réalité cette grotte semble être au début de sa formation, les concrétions calcaires sont présentes un peu partout mais d’un petit développement.
L’eau ayant « foré » le rocher en oblique sur une quarantaine de mètres, il est aisé de se rendre compte des différentes couches géologiques du massif.
Dans la salle, le plafond est coupé dans sa longueur par un banc de dolomie (dolomie :
carbonate de calcium ; CaCo3 et de magnésium naturel ; MgCo3).


Intérêt historique
L’entrée de la grotte étant située à l’Est, à proximité de la rivière, il est tout à fait plausible de supposer qu’elle fut, à une époque lointaine un abri temporaire pour une famille préhistorique.
Le lieu devait, à certaines saisons, être particulièrement propice à la pêche.
La faible profondeur de l’eau et la présence un peu en amont d’une île (l’île Houbâye) devait être l’endroit rêvé pour attendre la remontée des saumons !
Hélas, l’exploitation de la carrière a mutilé d’une vingtaine de mètres la partie qui aurait pu se révéler historiquement intéressante.
La chance d’y découvrir des traces anciennes d’hommes ou d’animaux semble nulle d’autant plus que cette ancienne résurgence devait sporadiquement entraîner vers l’Ourthe des flots d’eau et de boue, lavant ainsi toute trace.

Intérêt zoologique
Lors de mes incursions solitaires et souvent brèves j’ai remarqué plusieurs représentants de notre faune cavernicole.
Le boyau d’entrée est une zone de reproduction pour la grosse araignée brune des cavernes, (META MENARDI), des moustiques (CULEX PIPIENS), des papillons parmi lesquels le papillon gris (TRIPHOSA DUBITATA). Un exemplaire du papillon à taches rouges (SCLIOPTERX LIBATRIX) a été aussi observé.
J’ai également noté, presque au fond de la grotte, plusieurs petites mouches noires pour lesquelles je ne peux pas faire une identification précise.
Considérant ces divers aspects, il serait peut être bon de mettre cet endroit sous surveillance scientifique car même en milieu souterrain, il y a des formes de vandalisme volontaire ou non.
Les insectes et les petits animaux si particuliers de ce biotope sont tellement sensibles que la moindre pollution, même de courte durée, est souvent fatale à l’espèce !