1486. Les chemins du Moyen Age.

GUY DUMOULIN

Visite de l’exposition « Gratia Dei » le 5 mars 2005

L’église Saint-Antoine

Les recherches de la « Mémoire de Neupré » doivent aussi se pencher sur l’interrogation des grandes époques du passé afin de mieux comprendre comment nos ancêtres vivaient.  L’exposition « Gratia Dei » nous en a fourni une excellente occasion, en nous immergeant dans ce moyen âge où une grande part de nos comportements actuels trouvent leurs racines.

A l’heure où paraîtront ces lignes, l’exposition aura probablement quitté l’église Saint-Antoine pour d’autres cieux, mais de nombreux écrits, objets et comptes-rendus laisseront au fond ce ceux qui l’ont visitée, une impression profonde de retour aux sources quant à une manière de vivre, de travailler, de penser.

Nous avons retrouvé, en parcourant « les chemins du Moyen Âge » – ces mille ans d’histoire que l’on dit moyens mais pourtant déterminants – exposés en cinq grands thèmes, l’ancrage d’une bonne part de nos us et coutumes.

L’espace et le temps.

L’espace, le monde, au Moyen Âge sont régis par un théisme omniprésent. L’environnement est conçu en fonction de Dieu. La vie de l’homme est courte : 30 à 40 ans – L’homme est, de sa naissance à sa mort, conduit par Dieu qu’il magnifie (les cathédrales), qu’il redoute, qu’il implore aussi. Les chemins de la vie mènent inexorablement à Dieu, l’eau purifie, les cloches des chapelles, églises et monastères rythment le temps des jours, du travail, du repos. Le temps appartient surtout à Dieu. Certains lui consacrent au cours de générations successives, des vies entières de travail (les bâtisseurs), de prières (les religieux), d’approches religieuses (les pèlerinages). Réminiscences du passé : il n’y a pas si longtemps, l’angélus était encore la pause de midi lors du travail aux champs.

Au XIIe siècle, l’apparition de l’horloge mécanique changera l’ordre des choses et le rythme de vie.

Dieu architecte de l’Univers – 13ème siècle

La terre et les paysans

Ce temps, on le consacre essentiellement à la terre. Parfois, le paysan libre d’obligations envers le seigneur, possède la terre en propre: l’alleu, terme que l’on retrouve encore aujourd’hui dans la toponymie.

D’autre part, les serfs et les vilains cultivent les terres appartenant au seigneur, moyennant certaines redevances et obligations. Les serfs ne sont pas des esclaves mais simplement moins libres.

On pratique l’assolement triennal, la surface cultivable est ainsi divisée en trois parties dont l’une est laissée en jachère durant une année tandis que les autres parties font l’objet de culture en alternance (seigle, avoine, lentilles, choux, haricots…). Cette méthode permet de laisser reposer la terre et une économie de fumier, le gros bétail étant relativement peu répandu.

Allégorie des moissons Vers 1190

La ville et les marchands

Au Moyen Âge, les villes se développent à la faveur du regroupement aux abords d’abbayes, monastères, châteaux, lieux de dévotions particulières. Une petite partie de la population (vingt pour cent) vit en ville. Les artisans s’y regroupent en corporations ou métiers. Chaque corporation est protégée par son propre saint, a ses propres règles et usages. Dans les villes, les foires s’organisent et permettent des échanges de méthodes de travail, d’outillages, de savoir faire. Les marchands vont ainsi de ville en ville et de foire en foire favorisant le développement commercial.

A la fin du XIIe siècle le commerce s’est ainsi répandu sur l’ensemble du continent, conduisant à l’avènement de la Hanse Teutonique, regroupant des grands ports et cités commerciales, et favorisant les échanges des principales denrées et objets de vie quotidienne.

D’autre part, les paysans, autour des cités, ont la possibilité d’y trouver auprès des artisans et sur les marchés, outils et approvisionnement.

Les autorités

Au Moyen Âge , le pouvoir ne peut venir que de Dieu. L’autorité n’est légitime que reliée à la divinité.

Ce caractère divin se retrouvera dans toute la hiérarchie structurée sous l’autorité supérieure, le roi et ceux à qui il délègue son autorité.

Autre pôle de l’autorité : l’Eglise. Le pape et la hiérarchie religieuse : les évêques , les abbés, les prêtres. Quant aux moines, l’élite, ils sont les « spécialistes » de la prière.

Les paysans forment l’autre partie de la société moyenâgeuse.

Le monde du Moyen Âge est donc partagé entre les nobles, qui combattent, les religieux, qui prient, les paysans qui travaillent pour nourrir l’ensemble.

Au cours des siècles de Moyen Âge, le monde bouge de plus en plus : le développement des cités et des villes, les échanges commerciaux, les expéditions guerrières, les dernières croisades, sont autant d’éléments favorables aux communications et au développement du savoir.

Le savoir et les communications

Un moine enseigne la lecture – 15ème siècle.

Le Moyen Âge n’est pas, comme la rumeur le veut, un enchaînement de siècles aux mœurs barbares.

C’est une lente évolution d’une société qui se cherche. Elle a besoin de communication et de savoir. Elle est en marche vers son explosion intellectuelle. Si les écoles, vers l’an 1000, sont réservées au clergé et peu fréquentées par les laïcs, le besoin de savoir augmente.

Professeurs et élèves fondent ensemble des centres intellectuels : les premières universités . On y enseigne la théologie, le droit, la médecine. Les professeurs sont rémunérés par leurs élèves. S’ils sont pauvres, des collèges pourvoient à leur enseignement.

La communication jusque là limitée par l’usage du papyrus et du parchemin, peut se développer grâce à l’apparition du papier à la fin du XIVe siècle. Il est importé d’Asie lors d’expéditions commerciales ou militaires. L’écriture elle même va évoluer : de « caroline » sous Charlemagne, elle deviendra « gothique » au XIIe siècle, et enfin « cursive » par nécessité et simplification au profit des étudiants, des notaires, des marchands.

Notre « art de vivre » est certes issu de la plus haute antiquité : l’Egypte, la Grèce et Rome, mais il est aussi marqué par cette époque bien plus proche de nous, le Moyen Âge, dont on retrouve encore dans nos villages et nos hameaux des traces dans les noms de lieux, les outils paysans, les coutumes religieuses et l’ébauche d’une hiérarchie sociale.

Sources : Gratia Dei – Dossier pédagogique et brochure de l’exposition

Lecture : « Le printemps des cathédrales »- Jean Diwo – J’ai lu.