1755. Extraits du « Registre du rectorat de la Chapelle de Neuville-en-Condroz commençant l’an 1765. »(1)

Historique.

Si la plupart des châteaux possèdent des oratoires, les seigneurs édifièrent aussi sur leurs terres des chapelles, dites chapelles castrales. Celles-ci n’étaient pas paroissiales. Ces bâtisses pouvaient être parfois assez importantes. Leur but était d’y inhumer les membres de leur famille et d’y célébrer des messes pour le repos de leurs âmes. A Neuville on peut y voir les dalles funéraires des familles de Warnant, Thiribu et de Lannoy (Cf. Les Cahiers de Jadis Nos 36 et 37). Un cimetière les entourait et servait aux inhumations du personnel à leur service. Quant aux manants du hameau ou du village, ils pouvaient éventuellement y être aussi enterrés sous certaines conditions (voir plus loin).

Les seigneurs de la Neuville avaient obtenu le droit de collation d’où leur nom de collateurs. Il leur permettait de conférer à une personne désignée par eux, le bénéfice tiré soit d’une institution, soit d’un bien ecclésiastique, ici en l’occurrence la chapelle. Ce bénéficiaire était appelé le recteur.

Qui dit célébrer des messes, dit curé. Ces messes ne sont pas uniquement celles des dimanches et jours de fêtes liturgiques mais également celles demandées pour le repos des âmes des parents, etc… Ces messes célébrées à l’occasion de l’anniversaire du décès étaient évidemment rémunérées. Des rentes étaient versées annuellement à cette fin. Des fondations furent mêmes créées…

Plusieurs clercs vont intervenir: tout d’abord le recteur, cité plus haut. C’est un ecclésiastique, souvent un membre de la famille du seigneur. Au fil du temps, étant donné le nombre de messes anniversaires à célébrer au cours de l’année, le seigneur désignait encore un desserviteur. C’est un prêtre qui s’acquittera du service de la chapelle. Pour gérer les diverses recettes recueillies du fait de ces messes et les dépenses engagées pour l’entretien de la chapelle, on désignait encore un marguiller. La tâche de ce dernier était de tenir le registre des comptes. Enfin, il y a le vicaire, prêtre délégué par le curé et prévôtde la paroisse. Les habitants de Neuville faisaient partie de la paroisse de Hermalle-sous-Huy, alors appelée Hermalle-devant-Flône. Ce vicaire venait célébrer les baptêmes et les obsèques des habitants de Neuville, y compris les membres de la famille du seigneur. En hiver, il viendra en plus enseigner les enfants dans la chapelle. Au cours des autres saisons les enfants des manants n’étaient pas libres car ils devaient seconder leurs parents dans leur labeur quotidien.

Avant la désignation en 1761 du recteur Pierre Dossogne par le comte Adrien Jean- Baptiste de Lannoy de Clervaux, seigneur de la Neuville, les intérêts des différents intervenants s’emmêlèrent. La première tâche de Pierre Dossogne sera d’immédiatement redéfinir les rôles d’un chacun et de mettre de l’ordre dans les comptes de la chapelle. A cette fin il finira par intenter pas moins de six procès qu’il gagnera. Pour étayer ses droits, il constituera le cartulaire de la chapelle de Neuville qui regroupe les actes attestant les titres et privilèges du rectorat.

Le document, dont nous allons vous présenter les extraits les plus marquants, en fait partie. Il porte le numéro 81 et est daté du 26 juillet 1765. Quant à l’acte portant le numéro 1, il remonte au 11 juillet 1445, soit quarante-sept ans avant la découverte des Amériques par Christophe Colomb!

Les revenus de la chapelle de Neuville-en-Condroz ne sont pas négligeables. En voici le décompte annuel du temps du Recteur Pierre Dossogne en 1765 :

Revenus du rectorat

On voit par ce qui suit:

-que le rectorat de la chapelle de Neuville-en-Condroz existe depuis plus de 600 ans.

-que les baptêmes et les obsèques peuvent être célébrés à partir de 1581 (les mariages étant réservés à l’église paroissiale de Neuville qui est celle de Hermalle-devant-Flône (aujourd’hui Hermalle-sous-Huy).

Le 19 mars 1585, Françoise Le Begon des Sept Fawes fonde un anniversaire et une messe septennale dans la chapelle.

En 1761, le Comte Adrien Jean-Baptiste de Lannoy de C1ervaux, seigneur de la Neuville, désigne Pierre Dossogne au rectorat de la chapelle de Neuville-en-Condroz.

Description des travaux entrepris à la chapelle.La création des deux petits autels latéraux (Notre-Dame de la Neuville à gauche ; St. Roch à droite).
Aménagement d’un logement dans la tour pour le desserviteur qui paiera un loyer !,

Contribution des manants aux réparations de la chapelle.

Les droits d’inhumation dans le cimetière de la chapelle.

Un « corps mort » a été enterré dans le cimetière de la chapelle sans demande d’autorisation au seigneur de la Neuville…

Le vicaire du curé de Hermalle quitte Neuville et est remplacé par le Révérend Sieur Collignon.

(voir ci-après)

Désignation par le Comte Adrien Jean-Baptiste de Lannoy de Clervaux, seigneur de la Neuville-en-Condroz du desserviteur de la chapelle, le Révérend Sieur François Léonard Collignon, le 28 mai 1765.

Convention signée et cachetée respectivement par le Révérend J. De Vaubresson, curé et prévôt de Hermalle, et par Pierre Dossogne, recteur de la chapelle de Neuville-en-Condroz, en date du 26 juillet 1765.

1 Nous ignorons ce qu’est devenu ce registre mais nous avons heureusement eu l’occasion jadis d’en faire une copie. L’original portait ce titre au le dos. C’était un registre « in longo » couvert de cuir jaune.

2 Ces 138 florins bb., 13 sous et 3 liards de rentes des messes du dimanche

et d’anniversaires de décès requièrent la célébration de 137 messes!