Le chêne aux makrales

L’âge a creusé son tronc et dans son ombre antique
Qui frissonne, le soir, aux vents frais du plateau
On voit parfois flotter les franges du manteau
D’une affreuse sorcière aux yeux diaboliques.

Plus d’un, lorsque minuit sonne au loin fatidique.
Ne voudrait pas frôler le bout de ses rameaux
Car un souffle sortant d’on ne sait quel tombeau
Secoue alors le front du vieux chêne anémique.

Jadis quand le soleil dorait ses branches torses
Je m’appuyais heureux contre sa rude écorce;
Mais, vers le soir, sa voix me clouait au chemin.

Il me semblait alors récéler sous ses feuilles
Tous les esprits méchants dont la légende endeuille
Les récits des conteurs et l’âme des bambins

Renaud Stivay Aux tournants de la vie 1910