Neupré sous l’ancien régime

APERCU SUCCINCT DES INSTITUTIONS POLITIQUES, ADMINISTRATIVES, JUDICIAIRES ET SOCIALES DE NEUPRE SOUS L’ANCIEN REGIME.

2ème partie.

Sous l’Ancien Régime, le duché de Limbourg forme avec les pays d’Outremeuse une des XVII provinces dont la concentration s’est accomplie sous Charles-Quint en 1549.

Après la séparation des sept provinces protestantes du Nord en 1579, le duché de Limbourg et les pays d’Outremeuse continueront, bien qu’amoindries, à faire partie des dix provinces catholiques du Sud qui constituent les Pays-Bas espagnols d’abord, autrichiens ensuite (1714-1794).

Le duché de Limbourg comprend les villes et bourgs de Limbourg (la « capitale »), de Herve et d’Eupen, ainsi qu’un grand nombre de villages divisés en « bans »: Baelen (Limbourg, Baelen, Welkenraede, Henri-Chapelle, Eupen, …), Walhorn (Walhorn, Astenet, Eynatten, Kettenis, Raeren, …), Montzen (Montzen, Gemmenich, Kelmis/La Calamine, Moresnet, Teuven, …), Herve, qualifié de « quartier wallon » (Herve, Hodimont, Battice, Chaineux, Charneux, Clermont, Dison,…) et enfin les Neuf Seigneuries formant une enclave complètement séparée du restant du duché par les principautés de Liège et de Stavelot-Malmedy: les Deux Seigneuries d’en deça des bois (Lontzen et Wodémont) et les Sept Seigneuries d’au delà des bois (Baugnée, La Chapelle, Esneux, La Rimière, Sprimont, Tavier et Villers-aux-Tours).

Au cours des siècles, les institutions des Pays-Bas et du duché de Limbourg ont fait l’objet de différentes réformes dont les dernières en date, impulsées par l’empereur Joseph II, seront à l’origine de la Révolution brabançonne (1789-1790)



Ces institutions sont malgré tout marquées par une certaine permanence dont nous allons tâcher de tirer les traits essentiels. L’organisation politique et administrative des Pays-Bas repose sur le chef de l’Etat, le souverain des Pays-Bas qui est aussi, depuis Charles-Quint, empereur élu à la tête du Saint Empire romain germanique, roi d’Espagne, archiduc d’Autriche, …


XVIe siècle.


Armes de Guillaume d’Argenteau

Accaparé par de multiples tâches, l’empereur ne peut séjourner constamment chez nous: il délègue ses pouvoirs à un gouverneur général ou à une gouvernante qui sont eux-mêmes représentés dans chacune des provinces des Pays-Bas par un gouverneur provincial assisté par un Conseil provincial. A la différence des autres provinces, le duché de Limbourg et les pays d’Outremeuse ne disposent pas d’un Conseil provincial qui leur soit propre: depuis le XIIIe siècle et surtout depuis le « Joyeuse entrée de 13561, le Limbourg et les pays d’Outremeuse sont étroitement unis au destin du duché de Brabant et dépendent du Conseil provincial brabançon.

Au niveau local, des baillis nommés par les seigneurs locaux (nous y reviendrons) ou des directeurs élus par les manants d’une seigneurie, assistés par un Conseil de régence, représentent le prince, tant en administrant les biens, obligations et droits de la communauté des habitants d’une seigneurie.

C’est en 1695 qu’une ordonnance du roi Charles II d’Espagne autorisa la communauté d’Esneux à se choisir un directeur en lieu et place du bailli désigné par le comte d’Esneux, Guillaume-Ulrich d’Argenteau. Cette passation de pouvoir ne se fit pas sans heurts, puisque le premier directeur élu, le colonel de Marteau (+ 1701) soutint énergiquement les revendications et les récriminations adressées par les Esneutois à l’encontre de leur ancienne régence et des représentants du comte d’Esneux.

Marc LORNEAU.

La « Joyeuse entrée » est une charte de privilèges « constitutionnels » accordés aux habitants du Brabant et du Limbourg. Elle reconnaît l’indivisibilité du pays Brabant-Limbourg, l’obligation pour le prince de ne conclure d’alliance, de n’entreprendre de guerre,… qu’avec le consentement de ses sujets: cette charte correspond à la célèbre Paix de Fexhe de 1316 qui fait office de « constitution » de la Principauté de liège sous l’Ancien Régime.